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Bekkat Berkani appelle à un retour à la vie normale mais reste prudent concernant les frontières

Bekkat Berkani appelle à un retour à la vie normale mais reste prudent concernant les frontières

Mohamed Bekkat Berkani est membre du comité scientifique en charge de la lutte contre la propagation du Covid-19 en Algérie. Dans cet entretien, il relève qu’on est arrivé à une situation stable et confirme que le retour à une vie normale est à l’ordre du jour.

Il préconise néanmoins de procéder par étapes et de ne pas baisser la garde. Le port du masque, le lavage régulier des mains, la distanciation physique doivent faire partie de notre culture désormais, estime-t-il.

Depuis plusieurs jours, on assiste à une baisse du nombre de cas de contaminations au Covid-19 en Algérie. Peut-on revenir à une vie normale ?

Subnormale. C’est-à-dire un déconfinement progressif. Il est temps de revenir à une activité socio-économique, culturelle, sportive… Mais toujours dans le respect des gestes barrières qui sont d’ailleurs connus de tous. Vous avez, dans chaque secteur d’activité, ce qu’on appelle des protocoles sanitaires qui ont été validés par le Comité scientifique. C’est le cas, par exemple, concernant le retour à la vie scolaire.

Il faut reprendre toutes les activités, y compris bien entendu dans le secteur économique. Sauf celles où il y a un veto pour des raisons impérieuses de risque comme par exemple le transport aérien et maritime de voyageurs, l’ouverture des frontières… Ces sujets dépendant du président de la République et du gouvernement parce qu’il y a un risque patent qui doit être évalué par les autorités politiques.

Quel est le point de vue du Comité scientifique concernant la réouverture des frontières et la reprise du trafic aérien ?

Le Comité scientifique n’a pas été saisi de cette question. Il s’agit d’une décision régalienne par rapport à un environnement mondial. La question sera de savoir quelle est la situation épidémiologique des pays avec lesquels nous estimons avoir des échanges importants, notamment en termes de circulation des personnes.

Aujourd’hui, vous avez la France métropolitaine qui connait une recrudescence du nombre de cas. Les autres pays européens, notamment l’Espagne et l’Italie, sont dans la même situation.

Au Maghreb, la Tunisie, avec laquelle nous partageons une frontière terrestre, connait une situation qui n’est pas très contrôlable. Ne parlons pas du Maroc qui est dans une situation très difficile. D’autres pays avec lesquels nous avons des échanges aériens importants, comme la Turquie, sont dans des situations difficiles aussi.

Le risque est d’avoir des voyageurs qui transportent le virus. On ne doit pas oublier que, chez nous, les premières contaminations ont été des « cas importés ». Par conséquent, je pense qu’il est préférable d’observer encore plus. Je crois que le gouvernement observe la situation pour pouvoir éventuellement prendre la décision d’ouvrir les frontières, avec probablement des préalables sanitaires.

Après la récente baisse du nombre de cas, peut-on parler d’une stabilisation de l’épidémie en Algérie ?

Nous enregistrons, avec beaucoup d’optimisme, une tendance à la baisse du nombre de cas. Elle se confirme parce qu’elle s’inscrit dans la durée. Nous sommes arrivés pratiquement à une situation stable.

Cette stabilisation s’explique, d’abord, par les efforts concernant la gestion de l’épidémie dans notre pays et en particulier la transmission du pouvoir de décision aux autorités locales pour qu’elles décident à leur niveau d’isoler, d’identifier les clusters, de prendre des décisions par rapport aux cas déclarés.

Vous avez aussi le fait que notre système de santé est devenu plus adaptable et plus actif. Dans les hôpitaux, les médecins se sont adaptés à la situation, font des diagnostics rapidement.

Le Comité scientifique a émis des conduites à tenir qui sont en rapport avec l’évolution de la situation. Les personnes positives sont hospitalisées. Celles sur lesquelles il y a des doutes sont confinées chez elles, toujours avec des traitements bien sûr. Ce qui fait que la pression est moindre sur les hôpitaux. Les services de réanimation ne sont absolument pas débordés, avec 30 à 40 hospitalisations à l’échelle nationale.

Vous avez également des décisions prises par le président de la République et le gouvernement, concernant le déconfinement progressif, qui nous ont évité de nous retrouver dans des situations comparables à celles de plusieurs pays européens par exemple. Ce déconfinement par étapes a permis de casser la circulation du virus.

Un autre élément important : le comportement de la population qui a changé, avec une réelle prise de conscience concernant les dangers de l’épidémie. Au début, certains ne croyaient pas du tout à l’existence du virus. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Dans les grandes villes, de plus en plus de personnes portent le masque, sans contrainte. Toutes ces décisions et ces comportements ont contribué à ralentir la circulation du virus en Algérie.

Peut-on conclure que les choses s’améliorent et qu’il est temps de reprendre une vie presque normale en Algérie, en rouvrant les écoles, les universités, les entreprises ?

Tout à fait. La reprise économique et sociale est à l’ordre du jour. Bien entendu, le Comité scientifique a validé les différents protocoles sanitaires : pour l’école, pour les examens, les activités sportives, culturelles, etc. Le gouvernement a tracé un véritable programme de reprise des activités.

On doit reprendre mais on doit respecter les gestes barrières, parce que la problématique de cette épidémie ce sont les regroupements de population. Les Algériens doivent s’habituer à vivre avec le virus qui est encore parmi nous. Le port du masque, le lavage régulier des mains, la distanciation physique doivent faire partie de notre culture désormais.

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