search-form-close
Bouhadja renonce à recevoir les médecins résidents, le conflit dans l’impasse

Bouhadja renonce à recevoir les médecins résidents, le conflit dans l’impasse

Said Bouhadja a refusé, ce jeudi 15 février, de recevoir les délégués nationaux du Collectif autonome des médecins résidents algériens. Pourtant, le président de l’APN du parlement avait promis de le faire lorsqu’il avait reçu leurs représentants lundi dernier, jour du grand rassemblement organisé par des grévistes à Alger.

Malgré le démenti que Bouhadja a apporté quant à sa proposition de médiation entre le Camra et le Premier ministre dès le lendemain du rassemblement historique des médecins résidents à Alger, les membres du bureau national du collectif se sont présentés ce jeudi, dans la matinée, au siège de l’APN « pour mettre M. Bouhadja face à ses responsabilités », explique le Dr Nehlil Boussaad, délégué national du Camra.

| LIRE AUSSI :  Dialogue avec les médecins résidents : Bouhadja fait machine arrière

La porte du bureau de Bouhadja est restée fermée devant les délégués des résidents à qui il a été demandé de « laisser une lettre », chose que les membres du Camra ont refusé.

Avec cette volte-face du président de l’APN, l’espoir d’une résolution du conflit opposant les résidents à leur tutelle s’éloigne encore plus.

Des négociations stériles

Alors qu’ils entament leur quatrième mois de grève, les médecins, pharmaciens et dentistes résidents n’ont toujours pas obtenu satisfaction sur leurs principales revendications, malgré plusieurs rounds de négociations avec le ministre de la Santé et la commission intersectorielle installée par celui-ci et chargée de discuter avec les représentants des résidents.

La grève entamée en novembre était cyclique à ses débuts, consistant en deux jours de grève par semaine, mais suite aux rencontres infructueuses des délégués nationaux des résidents avec le ministre de la Santé, le Camra, qui a vu le jour dès les premiers jours de grève, a appelé à un arrêt de travail illimité dès la fin décembre. Depuis, seul un service minimum est assuré par les médecins, pharmaciens et dentistes résidents.

Le mouvement s’est encore durci avec le boycott de tous les examens de DEMS sanctionnant la fin des études médicales spécialisées et avec l’organisation de plusieurs rassemblements nationaux et marches à Constantine, à Tizi-Ouzou, à Oran et à Alger.

Les délégués nationaux du Camra ont rencontré à plusieurs reprises la commission intersectorielle mais sans parvenir à de réelles avancées. Les propositions faites pas la commission n’ont pas convaincu les résidents qui considèrent que plusieurs d’entre elles, comme l’amélioration de la sécurité dans les hôpitaux ou la mise à disposition des spécialistes du service civil de logements, sont des acquis anciens, déjà garantis par la loi.

Les autres offres formulées par la commission, comme la mise en place du regroupement familial pour les couples de médecins ou celle, faite, plus récemment par le premier ministre Ouyahia, d’une prime d’installation de 20.000 dinars accordée aux médecins spécialistes affectés aux wilayas du grand Sud, sont toutes jugées insuffisantes par les médecins résidents.

Les principales revendications du Camra, portant sur l’abrogation du caractère obligatoire du service civil et sur le statut du résident, qui reste flou, n’ont connu aucune avancée.

Quant à la question de l’exemption du service national des résidents âgés de plus de 30 ans, comme c’est l’usage pour les autres citoyens, elle reste taboue. Le Camra a, à plusieurs reprises, dénoncé l’absence du ministère de la Défense de la commission intersectorielle qui est elle-même « dépourvue de toute prérogative et de tout pouvoir décisionnel », selon les membres du bureau national du Camra.

Le réflexe sécuritaire de l’État  

La rupture des négociations a eu lieu après la dernière rencontre des délégués nationaux du Camra avec la commission intersectorielle, le dimanche 4 février, pendant laquelle les résidents se sont vu proposer l’annulation du service civil pour 18 des 38 spécialités concernées. Une proposition que les résidents ont qualifiée de « manœuvre malsaine » dont le but serait de « diviser les rangs des résidents ».

Depuis, le conflit s’est enlisé et les négociations sont au point mort avec un ministre de la Santé absent qui ne s’exprime plus sur le conflit.

Les ponctions effectuées par plusieurs hôpitaux sur les salaires des résidents grévistes ont envenimé la situation. En réaction, les résidents ont menacé de suspendre le service minimum. Le mardi 13 février, des résidents du CHU Mustapha Pacha qui essayaient de rencontrer le Directeur général de leur établissement pour protester contre le gel de leurs salaires se sont retrouvés face à un grand nombre de policiers qui les ont violemment évacués du bâtiment administratif du CHU.

Dans la nuit de mardi à mercredi, plusieurs résidents ont été interpellés par la police à Alger et emmenés au commissariat de la Casbah où ils ont été retenus de minuit jusqu’à 8 heures du matin. « Le motif qu’ont avancé les policiers est que les résidents étaient à plusieurs dans une voiture », a affirmé le Dr Boutaleb, porte-parole du Camra.

Pendant toute la journée du mercredi 14 février, les jeunes médecins étaient contrôlés par les policiers postés en grand nombre autour du CHU Mustapha Pacha. Ces derniers procédaient à des contrôles d’identité presque systématiques et même à des fouilles.

Ces interpellations de résidents et ces contrôles d’identités effectués par la police autour des hôpitaux ont été dénoncés par le Camra comme étant « des manœuvres d’intimidation illégales et injustifiées ».

Le spectre de l’année blanche

Avec le conflit qui s’éternise et l’absence d’avancée dans les négociations, les résidents, qu’ils soient médecins, pharmaciens ou dentistes risquent l’année blanche.

Une perspective dangereuse pour le ministère de la Santé. Si une autre session du DEMS n’est pas organisée prochainement, le secteur de la santé ne recevra pas l’année prochaine de nouveaux spécialistes, ce qui accentuerait le manque de personnel qui touche actuellement les structures publiques de santé.

Une éventualité qui n’effraie toutefois pas les résidents. « Nous sommes prêts à aller à l’année blanche et nous n’écartons pas non plus l’éventualité d’appeler à une démission collective des 15.000 résidents si nos revendications ne sont pas prises en charge par les hautes autorités de l’État », a menacé le Dr Nehlil.

  • Les derniers articles

close