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Bouteflika n’a jamais voulu du 5e mandat…

Bouteflika n’a jamais voulu du 5e mandat…

Dans la torpeur de l’été, avant même l’affaire de cocaïne qui a servi de prétexte à faire le ménage dans le commandement de l’armée, Bouteflika avait confié à ses proches son souhait de ne pas briguer un 5e mandat.

Le message était sibyllin parce que le chef de l’État possède cette manie de sonder ses interlocuteurs qui pour les plus avertis préfèrent louvoyer au lieu de livrer le fond de leur pensée. Ce qui les expose à des représailles.

Ne pas briguer un cinquième mandat est une chose. Renoncer au pouvoir en est une autre. Il a fallu donc un moment pour que l’intention du chef de l’État soit entendue dans sa pleine signification. Garder le palais sans repasser par l’épreuve des urnes, fut-elle simple formalité dans son cas. Qui aurait imaginé Bouteflika s’engager dans une compétition électorale, sans la certitude le gagner ?

Même si c’est une élection sans risque, elle impliquait aux yeux du locataire de Zeralda des épreuves pénibles, que sa santé toujours déclinante ne lui permet pas d’affronter. Celle du dépôt de candidature devant le Conseil Constitutionnel. Puis la cérémonie d’investiture publique devant un millier d’invités. Une cérémonie notamment marquée par la prestation de serment.

Dès lors, le scénario du report a été envisagé et il restait au frère Saïd de trouver les instruments politiques de sa mise en œuvre. Même le FLN n’était pas dans la confidence. Et c’est là que se trouve le secret de l’éviction surprise de l’inégalable larbin Djamal Ould Abbas. En annonçant, que Bouteflika était le candidat du parti pour un 5e mandat, il a brouillé le plan de communication que la présidence préparait pour la défense du projet de report.

Abderezak Mokri, associé à ce projet de report avec Amara Benyounes, en donnera les détails que tout le monde sait depuis. Entre l’été et l’hiver, il y a eu une longue période de flottement où les partis de l’Alliance ont semblé égarés, attendant de nouvelles instructions.

Finalement, la présidence dans un souci de formalisme et de respect apparent de la Constitution, sur fond de divergence, a choisi d’aller au 5e mandat, moyennant un arrangement des formes. Mais elle n’a pas pris en compte la santé du président qui s’est détériorée. Au point où il a été impossible au candidat de déposer lui-même son dossier. Le débat technique sur le sujet n’avait pas lieu d’être puisqu’une exégèse du Conseil constitutionnel précisait bien que le candidat devait se présenter dans ses locaux.

Ensuite, on a commencé à préparer l’opinion publique à un éventuel aménagement de la cérémonie d’investiture. Trop pour la population qui se sent chaque jour plus humiliée, d’autant que la santé du chef de l’État est manifestement précaire. Le maintenir c’est permettre l’exercice du pouvoir par des forces occultes.

Les rues des villes et villages d’Algérie ont commencé a vibré des cris de rejet du cinquième mandat. Message entendu. Bouteflika, en proposant un faux départ, obtient le report mais dans des conditions moins favorables. Il ne voulait pas de cette élection. Il restera au pourvoir. Combien de temps encore ? C’est tout l’enjeu de la « transition » qui s’ouvre.

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