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Céramique : pourquoi les Espagnols hésitent à produire en Algérie

Céramique : pourquoi les Espagnols hésitent à produire en Algérie

Certes, les relations entre les industriels espagnols et algériens de la céramique se sont réchauffées depuis que l’Algérie a délivré en décembre dernier des licences d’importation qui vont permettre à une centaine de distributeurs algériens d’importer de la céramique espagnole jusqu’au 30 mai.

Mais les Algériens voient à long terme. Ils souhaitent nouer des partenariats et attirer des investisseurs de Castellón, région espagnole qui concentre plus de 90% de la production céramique du pays, a relaté samedi 24 février le journal espagnol El Mundo.

À travers ce rapprochement commercial, l’objectif est limpide. Les distributeurs algériens envisagent de produire de la céramique de marque et de qualité espagnole directement en Algérie, car selon le quotidien ibérique, le blocus imposé par l’Algérie empêche de satisfaire entièrement la demande nationale.

« L’Algérie a une production de céramique, mais elle ne suffit pas à couvrir toute la demande existante. Elle ne couvre pas non plus tous les segments du marché, car certains sont plus importants que d’autres et recherchent des produits espagnols », indiquent des sources commerciales, citées par le journal.

Cevisama, la foire internationale de la céramique qui s’est récemment tenue à Valence, a été l’occasion pour les opérateurs algériens d’entamer des discussions avec d’éventuels investisseurs espagnols, mais il semblerait que personne n’était prêt à faire un pas vers l’autre, écrit le journal.

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La législation algérienne, principal frein pour les investisseurs espagnols 

Pourquoi ce statu quo ? Selon El Mundo, les industriels espagnols seraient refroidis par la législation algérienne, la règle 49/51, qui dispose que « 51% du capital d’une entreprise en Algérie doivent être détenus par des entrepreneurs algériens. »

« Cela représente évidemment un frein majeur, car qui va investir plusieurs milliers d’euros si après il n’a pas de garantie de contrôle ni de décision sur son investissement », s’interrogent des industriels.

Pourtant, les céramistes espagnols semblent ne pas fermer complètement la porte à leurs homologues algériens. Car les Espagnols trouveraient également leur intérêt à délocaliser en Algérie, au regard des obligations environnementales auxquelles les contraint l’Union européenne (UE).

En effet, Bruxelles exige une réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 40 % d’ici 2030. Un objectif impossible à atteindre même en usant des techniques de production les plus efficaces, explique le quotidien.

La solution serait alors pour les Espagnols d’acheter les droits d’émissions de gaz, mais une telle décision « provoquera des coûts affolants qui obligera la céramique européenne à s’implanter hors d’Europe pour rester compétitif », assure Luis Hernández, le directeur général de Grespania, une importante entreprise de céramique.

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Délocaliser ne doit pas être perçu comme une menace

L’Espagne, comme l’Italie – l’un des concurrents du pays ibérique dans la production de céramique – possèdent déjà des centres de production un peu partout dans le monde, rappelle El Mundo.

Pour Vicente Nomdedeu, le président de l’association des producteurs espagnols de céramique (Ascer),  « la délocalisation ne doit pas être traduite comme une menace, mais comme une opportunité », cite le quotidien.

Concernant les zones géographiques où le secteur de la céramique espagnol pourrait opérer une délocalisation, le directeur général de Grespania a quant à lui souligné que ces zones doivent être « des importateurs nets de céramiques possédant une grande consommation intérieure ».

Toujours repris par El Mundo, l’industriel a expliqué que la multi localisation ne doit pas servir pour produire à l’étranger et exporter ensuite les produits vers l’Espagne, mais qu’elle est justifiée « pour gagner en compétitivité et au vu des mesures gouvernementales particulièrement strictes en matière d’écologie. »

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