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Comment Ghardaïa est devenue un pôle laitier en Algérie

Comment Ghardaïa est devenue un pôle laitier en Algérie

En quelques années, la région de Ghardaïa est devenue un important pôle de production de lait en Algérie.

« Notre élevage date de 2009, au début, on manquait de fourrages. Mais maintenant on est arrivé à produire du maïs et de la luzerne » expliquait en 2020 Latrèche Nazim, jeune ingénieur agronome installé à Ghardaïa.

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« Les vaches ont une production journalière moyenne de 25 litres de lait même si en été c’est beaucoup moins ». À Ghardaïa, dans les laiteries locales, le lait frais a permis de réduire l’emploi de poudre de lait importée.

À ses côtés, un autre éleveur avec le même profil de formation témoigne. Tous deux sont montés à Alger, à l’appel de la Chambre nationale d’agriculture pour plancher sur l’avenir de la filière lait. C’est que l’expérience de Ghardaïa compte. En quelques années, cette région est devenue un pôle laitier en Algérie.

Du maïs produit sous pivot d’irrigation

Sa réussite, Ghardaïa la doit non plus à ses techniques ancestrales de captation de l’eau des oueds en crue, mais à d’imposants pivots d’irrigation alimentés par l’eau des nappes souterraines.

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Au début, les pouvoirs publics ont encouragé leur installation pour produire du blé. Mais les agriculteurs ont vite compris qu’ils avaient plus intérêt à produire de la luzerne pour leur bétail que du blé.

La luzerne pousse traditionnellement à l’ombre des palmiers. En plus du blé, les services agricoles ont voulu encourager la production de maïs grain. Les premiers essais remontent à 2011, avec une centaine d’hectares sous pivot. Objectif, alimenter les poulaillers industriels du nord du pays. Cependant, à la vue de l’impressionnante masse de tiges et de feuilles poussant dans cet environnement aride, les éleveurs ont vu tout l’intérêt qu’ils pourraient en tirer pour leurs troupeaux.

Ils se sont mis à récolter les tiges de maïs sans laisser le temps aux plantes de produire les précieux grains qu’attendait l’Office national des aliments du bétail.

Avec la chaleur, le blé arrive très tôt à maturité dans le sud algérien, aussi après sa récolte, il est possible d’installer du maïs à cycle court récolté au bout de 90 jours. Aujourd’hui, sous pivot, les agriculteurs de la région arrivent donc à deux récoltes par an.

La révolution de l’enrubannage

La révolution n’est pas venue du seul maïs, mais aussi de la technique de l’enrubannage. Si dans le cas de la luzerne, il est possible de récolter ce fourrage sous forme de foin, pour le maïs fourrage, il est vite apparu que cette forme ne convenait pas.

Un agriculteur algérien qui, en France, avait vu des balles rondes enrubannées dans des champs, a proposé de faire de même. Du matériel a été importé et les premiers essais se sont immédiatement révélés concluants.

L’information s’est répandue telle une traînée de poudre. Il devenait possible de cultiver des fourrages appréciés par les vaches laitières, mais surtout, de les conserver pendant plusieurs mois.

Grâce à l’importation d’Autriche de combinés presse-enrubanneuses, les exploitations produisent des centaines de balles rondes d’une tonne chacune comme c’est le cas de l’exploitation Hadjadj.

L’année passée Youcef Mosbah, le directeur des services agricoles de la wilaya d’El-Ménéa, confiait à l’APS que la production de maïs ensilage locale atteignait 150.000 tonnes.

Depuis 2011 les localités de Hassi-Ghanem, El-Ménéa, Hassi El-Gara et Hassi-Lefhal particulièrement bien pourvues en ressources hydriques se sont spécialisées dans cette production.

Des vaches Holstein acclimatées au désert en Algérie

Aujourd’hui à Ghardaïa et à El Ménéa, les vaches de race Holstein nourries à l’ensilage de maïs donnent plus de lait. Bien plus qu’avec les traditionnelles bottes de paille et aliments concentrés vendus à prix d’or par les fabricants d’aliment du bétail.

Pour la première fois en Algérie, des exploitations laitières parviennent à une autonomie fourragère. Dès 2015, co-auteur d’une étude sur l’élevage à Ghardaïa, Ghozlane Mohamed Khalil s’extasiait devant des « performances de production largement supérieures à celles obtenues pour le nord de l’Algérie ».

Une seule explication : « Le facteur alimentaire à l’origine de ce succès car l’affouragement en vert est assuré à longueur d’année ».

À Ghardaïa, comme partout dans le sud algérien, l’eau des forages est gratuite. Mieux, c’est l’État qui le plus souvent entreprend le forage des puits et propose à des investisseurs et à de jeunes chômeurs de les exploiter en leur attribuant également des concessions et en subventionnant une partie du matériel agricole.

La poudre de lait remplacée par le lait frais

Les laiteries locales qui, utilisaient auparavant de la poudre de lait, ont commencé à s’intéresser à ces nouveaux éleveurs. Subventions étatiques aidant, ces laiteries ont multiplié les offres de service afin de s’assurer de la fidélité des d’éleveurs.

Comme dans le nord de l’Algérie, certaines laiteries n’hésitent pas à proposer des crédits et les services gratuits de vétérinaires. Dirigeant d’une laiterie, Ibrahim Alouani confiait en juin dernier à Echourouk TV qu’il avait commencé avec 6 éleveurs en 2003 pour arriver dix années plus tard à 99.

Aujourd’hui, dans la région de Ghardaïa, on compte jusqu’à neuf laiteries qui se sont regroupées au sein d’une association professionnelle.

Abreuvoirs automatiques et ventilateurs

Dans le sud algérien, fini l’élevage traditionnel tel qu’on le rencontre au nord du pays. Ici, le plus souvent, les vaches sont installées dans de spacieux bâtiments avec abreuvoirs automatiques et fourrages verts à volonté.

À la fin du printemps, lorsque les températures commencent à dépasser les 30 °C, des ventilateurs brassent l’air et d’énormes brosses circulaires tournent en permanence, permettant aux vaches de se faire cajoler à tour de rôle.

Aujourd’hui une partie des 3 600 vaches de la région sont même équipées de puces électroniques qui permettent de gérer leur alimentation.

Pour Badreddine Houichid, directeur des services agricoles de Ghardaïa, le succès vient du travail des éleveurs : « Nous avons offert un local à l’Office national interprofessionnel du lait ce qui a permis l’implantation d’une antenne et d’ingénieurs qui ont apporté une aide technique ».

Chaque mois, ces élevages permettent aux laiteries locales de mettre sur le marché 1,2 million de litres de lait. Les pivots d’irrigation permettent même d’exporter les excédents de balles enrubannées vers le Nord. Tant qu’il y aura de l’eau dans le sous-sol de Ghardaïa …

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