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Comment la Banque mondiale surveille l’économie algérienne

Comment la Banque mondiale surveille l’économie algérienne

Nouveau satisfecit d’une institution internationale sur la gestion et les performances économiques de l’Algérie en ce moment. La Banque mondiale (BM) emboîte le pas au Fonds Monétaire International (FMI) et fait à la fois un constat positif et des prévisions optimistes pour l’économie algérienne.

Dans son dernier rapport publié mercredi 22 mai, la Banque mondiale a confirmé que « la croissance économique de l’Algérie est restée dynamique en 2023 », avec une hausse du PIB de 4,1 %, atteignant 239,9 milliards de dollars. Le PIB par habitant est de 5.260 dollars.

L’évolution du PIB de l’Algérie selon la Banque mondiale

Le PIB de l’Algérie devrait augmenter à 256,7 milliards de dollars en 2024, puis à 265,8 milliards en 2025 pour atteindre 275,4 milliards de dollars en 2026, soit une forte hausse de plus de 100 milliards de dollars par rapport à 2020 (PIB de 164,9 milliards de dollars). Selon le président Abdelmadjid Tebboune, le PIB de l’Algérie atteindra 400 milliards de dollars en 2027, année qu’il a qualifié de « décisive » pour l’économie algérienne.

Ce chiffre a été réalisé grâce aux « solides performances » des secteurs des hydrocarbures et hors hydrocarbures, en plus d’une consommation privée « dynamique » et d’une « forte croissance » de l’investissement, selon la Banque mondiale.

Balance des paiements : le tour des déficits

Les performances de l’économie algérienne sont d’autant plus méritoires qu’elles surviennent dans une période marquée par la baisse des prix mondiaux des hydrocarbures et l’augmentation des importations.

Malgré ces deux facteurs qui ont entraîné une contraction de la balance commerciale, l’Algérie voit ses réserves de change augmenter de 7 milliards de dollars à 68,9 milliards, un niveau qui garantit 16,1 mois d’importations, selon le rapport.

Toutefois, selon la Banque mondiale, la balance des paiements de l’Algérie devrait évoluer en terrain négatif les trois prochaines années, avec des déficits de 1,5 milliard de dollars, 3,8 milliards et 5,3 milliards de dollars respectivement en 2024, 2025 et 2026.

Le déficit commercial de l’Algérie devrait suivre la même courbe avec des déficits de –0,7 milliard en 2024, –3 milliards de dollars en 2025 et –4,5 milliards de dollars en 2026.

Ce retour des déficits survient après deux années successives de résultats positifs. Pour la balance des paiements, l’Algérie a enregistré des excédents de 8,6 milliards de dollars en 2022 et 2,3 milliards en 2023.

Pour la balance commerciale, elle est repassée dans le vert en 2022 avec un excédent de 9,9 milliards de dollars, puis de 3 milliards de dollars en 2023.

Toutefois, les chiffres de la Banque mondiale sur l’évolution du PIB et la croissance sont à prendre avec précaution en raison de quelques anomalies.

Par exemple, l’institution financière indique des exportations de 30,6 milliards de dollars en 2022 et de 24,5 milliards en 2023, alors que selon les chiffres officiels algériens, elles étaient de plus de 60 milliards de dollars en 2022 et plus de 50 milliards de dollars en 2023.

L’autre bonne nouvelle pour l’économie algérienne, c’est le recul de l’inflation qui constituait l’un des points noirs des rapports précédents. Après avoir atteint 9,3% en 2023, l’inflation n’était plus qu’à 5% au premier trimestre de 2024. Cela, explique la Banque mondiale, a pu être atteint « grâce à un dinar fort et à une baisse des prix des produits agricoles et des importations ».

Au chapitre des prévisions, la Banque mondiale s’attend à un ralentissement de la croissance de l’économie algérienne en 2024 (2,6%), puis à une croissance de nouveau « robuste » en 2025 (3,7%) et 2026 (3,2%).

Le rapport met toutefois en garde contre « une pression croissante sur les équilibres budgétaires et commerciaux » qui pourrait être exercée par un certain nombre de facteurs, comme des dépenses publiques élevées, la croissance des importations et une modération des exportations de gaz et de pétrole.

Le satisfecit de la Banque mondiale sur l’économie algérienne

Les préconisations de la Banque mondiale portent cette fois sur les données, soulignant l’importance d’ « améliorer la disponibilité, la granularité et la publication en temps opportun des données économiques officielles ».

Les données « non conventionnelles » permettent aussi d’ « éclairer les politiques publiques » et de suivre « en temps réel » l’évolution de l’économie.

« Les nouveaux développements de la recherche sur les mégadonnées permettent un suivi immédiat de l’évolution économique à des niveaux géographiques désagrégés. Les données satellitaires sont disponibles avec un court décalage (moins d’un mois) et sont très désagrégées dans le temps et dans l’espace. En estimant la relation entre ces données alternatives et les comptes nationaux au cours des dernières années, ils peuvent aider à produire des estimations de production géographiquement désagrégées jusqu’au T1-2024 », explique la Banque mondiale, en indiquant que les données d’éclairage nocturne permettent d’estimer de « manière fiable » le PIB des secteurs des hydrocarbures et hors hydrocarbures de l’Algérie.

Parmi les sources utilisées par la Banque mondiale pour suivre l’évolution de l’économie figurent les images satellitaires de l’éclairage nocturne et des surfaces cultivées ainsi que les données des mouvements des navires de et vers les ports algériens.

Ces données satellitaires ont permis de constater que l’activité économique restait dynamique début 2024. À titre d’exemple, les images ont montré le développement des cultures à l’est du pays grâce à une reprise des précipitations.

« En 2023, les mesures de la pluviométrie et de la croissance des cultures ont été inférieures à la moyenne dans les plus grandes régions productrices de cultures, en particulier les hauts plateaux de l’ouest et de l’est, ce qui suit la décélération de la croissance de la production agricole suggérée par les comptes nationaux », écrit la Banque mondiale dans son rapport, alors que l’Algérie s’attend à une récolte de 3 millions de tonnes blé pour la compagne céréalière 2023-2024 contre 2,6 millions de tonnes durant la campagne précédente 2022-2023, selon le Département d’État américain de l’agriculture.

La Banque mondiale nous apprend que « l’ouest semi-aride représente 47% de la production agricole, notamment dans les wilayas de Tiaret et de Sidi-Bel-Abbès » et que « l’est semi-aride représente 15,2% de la production agricole nationale, en particulier les wilayas d’Oum El Bouaghi et de Batna. » Pourtant, ajoute l’institution financière, ces régions reçoivent « moins de précipitations que la région côtière humide et semi-humide, d’Alger à la frontière tunisienne, qui représente 34,8% de la production agricole. »

Ce que préconise la Banque mondiale

Outre la disponibilité des sources, la Banque mondiale recommande à l’Algérie d’encourager l’investissement privé.

L’importance des réformes engagées par les autorités est soulignée, comme la loi sur l’investissement de 2022, la loi monétaire et bancaire de 2023, la loi sur le foncier économique de la même année ou encore l’adhésion formelle à l’accord de libre-échange africain.

Néanmoins, les experts de la Banque mondiale estiment nécessaire l’accélération de « la diversification » notamment par un soutien aux investissements privés. Cet effort est « crucial » car, expliquent-ils, « l’investissement public, autrefois moteur de la croissance de l’Algérie, est contraint par la croissance des dépenses courantes ».

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