search-form-close
Comment la rue va-t-elle réagir aux nouvelles propositions de Bouteflika ?

Comment la rue va-t-elle réagir aux nouvelles propositions de Bouteflika ?

Quatrième mandat prolongé au lieu du 5e mandat. La durée de la prolongation n’est pas connue, mais une élection présidentielle sera organisée, même si aucune date n’est avancée. « Le gouvernement de compétences nationale » préparera la Conférence d’entente nationale et l’élection présidentielle. Là aussi, pas de calendrier précis.

C’est en gros ce que propose Bouteflika pour « compenser » l’abandon du projet du 5e mandat et faire « oublier » à la rue la demande de « changer le système ». Bouteflika veut ouvrir « un chantier hautement politique » de réformes politiques, économiques, institutionnelles et sociales. Sa manière à lui de « changer » le système tout en le représentant.

Pour ce faire, il cherche « la participation la plus large possible » avec une priorité donnée aux femmes et aux jeunes. Le principal défi pour ce projet est de le faire accepter par les Algériens et par l’opposition. Les manifestations du 22 février, du 1 et du 8 mars 2019 ont porté des slogans appelant au changement du système, pas uniquement l’annulation du 5e mandat.

Comment la rue va réagir à ces propositions ? Va-t-elle les accepter avec l’idée que Bouteflika partira bientôt ? Ou au contraire, la contestation reprendra de plus belle avec une dose plus forte de colère ?

Quel projet alternatif pour l’opposition ?

Dans les rues d’Alger, des centaines de jeunes sont sortis, ce lundi 11 mars au soir, manifester ce qui peut ressembler à de la joie. Pour eux, le 5e mandat n’aura pas lieu. Une réaction à chaud après les annonces du président. Mais sur les réseaux sociaux, les avis étaient plutôt partagés.

Certains pensent que Bouteflika ne quitte pas le pouvoir et veut gérer, comme il l’entend, la transition avec ses idées, ses codes et ses instruments. D’autres estiment que l’abandon du 5e mandat est déjà un acquis et que le président qui prolonge son mandat n’agira plus de la même manière parce qu’il est mis sous contrôle direct de la population. Et d’autres encore appellent à poursuivre la contestation sous le slogan « partez tous ».

La balle, dans pareilles situations, est dans le camp de l’opposition. Emportée par la vitesse du mouvement populaire contre le 5e mandat, l’opposition se trouve dans l’obligation de proposer un projet alternatif à même de bousculer le plan de secours mis en application par le pouvoir. Son projet doit obtenir l’adhésion populaire et convaincre ceux qui croient que les jeux sont déjà faits et que « l’élan national » contre le pouvoir de Bouteflika va prendre du plomb dans les ailes.

Préparer des candidats crédibles

L’opposition n’a pas d’autres choix que de changer son discours et son mode de fonctionnement pour se mettre à jour et s’adapter à la nouvelle phase historique. Bouteflika a repris les principales idées des partis et des personnalités de l’opposition (conférence d’entente, révision de la Constitution, instance indépendance de contrôle des élections, etc). Mais il veut garder le contrôle sur leur mise en place éventuelle.

L’opposition doit proposer d’autres idées et d’autres initiatives pour se mettre à la hauteur des exigences populaires relatives aux changements politiques dans le pays. Il s’agit également de préparer les candidats crédibles pour la prochaine présidentielle. L’opposition doit maintenir la pression pour amener le pouvoir à faire de vraies concessions.

En face, pour tenter de convaincre, Bouteflika pourrait être amené à prendre des mesures inédites, à sacrifier en cours de route certains appuis, devenus encombrants, comme le FLN, le RND ou l’UGTA, et à dissoudre des assemblées et des institutions.

  • Les derniers articles

close