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Condamnation du journaliste El Kadi Ihsane : les réactions

Condamnation du journaliste El Kadi Ihsane : les réactions

Le journaliste El Kadi Ihsane est condamné à six mois de prison ferme sans dépôt par le tribunal de Sidi M’hamed pour un article publié en mars 2022 sur le site Radio M dont il est le fondateur et le directeur.

Le juge n’a pas suivi le réquisitoire du procureur qui a réclamé une peine de 3 ans de prison et 5 ans d’interdiction de l’exercice du métier, mais cette condamnation à 6 mois pour un article de presse demeure très lourde et, comme le soulignent de nombreuses voix qui ont réagi au verdict, en porte à faux avec la constitution qui interdit toute peine privative de liberté pour les journalistes en lien avec l’exercice de leur métier. Les réactions à cette condamnation, certes sans mandat de dépôt, n’ont pas tardé à fuser.

«  Condamné à 6 mois de prison ferme sans mandat de dépôt pour un article d’analyse sur plainte du ministre de la communication Amar Belhimer sur des chefs d’accusation pour lesquels il n’a pas qualité de plaignant. Sentiment de colère et de tristesse. Contraint d’aller en appel », a réagi à chaud le concerné sur Twitter.

Dans une vidéo diffusée par Radio M, El Kadi Ihsane a révélé qu’il avait décidé de ne pas faire appel en cas de condamnation à une peine avec sursis, car un autre procès du genre ne servira ni la presse ni l’Algérie.

Avec cette peine de prison ferme, « il y aura bien un second procès, annonce-t-il, car ce verdict me contraint à agir de toutes mes forces pour en montrer la véritable image, celle d’une décision imposée par le pouvoir exécutif au pouvoir judiciaire et au sein de l’exécutif, par la partie sécuritaire ».

« Cette condamnation bafoue le droit à la liberté d’expression et menace la liberté de la presse, garantie par la Constitution. Il est essentiel de protéger les journalistes et de leur permettre de faire leur travail sans entraves – au lieu de les sanctionner », a réagi la section algérienne d’Amnesty International.

Pour Khaled Drareni, journaliste ayant lui-même fait de la prison et aujourd’hui représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Afrique du Nord, « la condamnation d’Ihsane El-Kadi est tout aussi inattendue que choquante ». « On continue en Algérie de condamner des journalistes pour leur travail alors que la loi elle-même exclut la prison dans ce cas de figure », dénonce-t-il dans une déclaration au journal Le Monde.

« Un métier à risque »

« Le RCD condamne énergiquement la cabale judiciaire contre Ihsane El Kadi et l’assure de son soutien et de sa solidarité », a indiqué pour sa part le tout nouveau président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Atmane Mazouz.

« La politique de répression et d’instrumentalisation du pouvoir judiciaire mène à tout sauf à la justice et au dialogue sincère, conditions incontournables pour construire des institutions représentatives des aspirations du peuple algérien », estime Mazouz en allusion au dialogue et au rassemblement auxquels est conviée la classe politique.

Le jour même où a été rendu le verdict, mardi 7 juin, Louisa Hanoune était l’invitée d’une émission du média d’El Kadi Ihsane.

« Cette condamnation montre que nous sommes toujours dans le cadre de la criminalisation du travail journalistique, la criminalisation de la pensée politique, et même celle de la recherche. Cela prouve également que nous ne sommes pas encore sortis de la spirale de l’enfer », a déclaré la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT).

« Ces agissements, non seulement fragilisent ce qu’on appelle le front interne, mais exposent notre pays au chantage externe (…) Il est temps que cela cesse. Que ces agissements s’arrêtent, que la liberté de la presse soit respectée, la liberté d’opinion, la liberté de rassemblement, et d’organisation politique », a-t-elle plaidé.

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