search-form-close
Covid-19 en Algérie : « Arrêtons avec les messages triomphants »

Covid-19 en Algérie : « Arrêtons avec les messages triomphants »

Face à la progression inquiétante des variants du Covid-19, le Pr Noureddine Zidouni, membre du comité scientifique et pneumologue au CHU de Beni Messous (Alger), réclame des mesures urgentes. Tout en appelant à accentuer la vigilance et à une riposte à la mesure de la menace, le pneumologue prévient de traiter cette question avec légèreté.

Vingt-huit nouveaux cas du variant dit nigérian du Covid-19 et neuf autres du variant dit britannique. Les nouveaux variants se propagent vite, c’est le cas de le dire ?

Ça se propage vite et à la vitesse à laquelle nous nous attendions. C’est pourquoi nous n’avons pas cessé de répéter l’importance de maintenir la vigilance au maximum, de respecter les mesures barrières et surtout de lancer des enquêtes épidémiologiques autour de chaque cas, suivies d’actions réelles.

C’est-à-dire : le dépistage, le traçage, l’isolement et le traitement. Il faut tracer, isoler et traiter tous les cas qui sont découverts et très rapidement.

A un niveau le plus régional ou local possible pour la simple raison qu’il faut identifier tous les cas qui ont été en contact avec le cas découvert. Et donc la vigilance doit être accentuée et la riposte doit être à la mesure de ce qui commence à se propager. Et en finir avec ces messages triomphants. Nous ne sommes pas encore sortis de l’épidémie.

| Lire aussi : Vaccination Covid-19 : le Dr Merabet lance un appel aux hautes autorités

Ces variants sont connus par leur très forte propagation. Les chiffres communiqués par l’Institut Pasteur d’Algérie reflètent-ils la réalité de leur propagation dans notre pays ?

On ne peut pas le savoir, tout dépend de la vitesse de propagation et du moment auquel le diagnostic a été fait, et aussi du nombre de sujets contacts, etc.

Si cette question se pose, est-ce que c’est à cause de la faiblesse des capacités de séquençage en Algérie ?

Tout à fait. Ces capacités sont limitées et donc il y a certainement une sous-déclaration, une sous-estimation des cas. C’est pourquoi je réitère mon appel à la vigilance et à des enquêtes épidémiologiques rapides et à la prise de mesures conséquentes et adéquates.

Les spécialistes sont catégoriques quant au fait que les gestes barrières et la vaccination sont les seuls à pouvoir nous sortir de l’épidémie. Quel est votre constat notamment en matière de vaccination ?

Elle ne démarre pas comme nous le souhaitons, mais il est vrai qu’il y a de gros problèmes en matière d’offre (en vaccins) beaucoup plus inférieure à la demande. C’est difficile actuellement et je comprends que les autorités disent qu’il est difficile de s’en procurer. Mais il faut limiter la propagation du virus avec les moyens que nous avons connus avant la vaccination. Et ne surtout pas traiter à la légère, ne pas penser que nous sommes sortis de l’épidémie et ne pas dire que nous avons atteint l’immunité collective, chose qui n’a pas été démontrée.

Ce n’est qu’un constat qui est établi à partir d’un postulat qui ne peut pas le permettre. Nous n’avons pas la preuve d’une séroprévalence élevée dans notre pays, nous ne pouvons donc rien affirmer.

Tenant compte de la situation stable sur le front épidémique, les pouvoirs publics ont étendu l’allègement des mesures sanitaires. Quel est votre commentaire ?

C’est une décision politique. J’aurais aimé que cet allègement ne soit pas mis en œuvre actuellement. Partout dans le monde et au nord de la Méditerranée, dans les continents américains, des mesures de plus en plus drastiques sont imposées. Des pays européens sont revenus au confinement strict. Cela doit nous servir de leçon : ne pas baisser la garde !

| Lire aussi : Covid-19, variants, 3e vague, vaccination : entretien avec le Pr Belhocine

  • Les derniers articles

close