Le Pr Riad Mahyaoui, membre du Comité scientifique de la Covid, explique les raisons de la lenteur de la campagne de vaccination contre la Covid-19 en Algérie qui a été entamée samedi 30 janvier. Il rappelle les personnes prioritaires : les personnes vulnérables et le corps soignant.
Nous assistons depuis deux mois à une décrue des contaminations au Covid-19 en Algérie, avec une moyenne de 250 nouveaux cas par jour. Aujourd’hui, nous sommes sur un plateau. Quelle est votre lecture de la situation épidémiologique en Algérie ?
Effectivement, depuis plusieurs semaines la situation épidémiologique est très stable laissant du répit au secteur de la santé. Les hôpitaux sont en train de se vider (des malades Covid), les personnels de la santé sont en train de se reposer, et les stocks (médicaments et moyens de protection) sont en train d’être renouvelés.
C’est donc une réussite. Il ne faut pas avoir honte de le dire, la stratégie de riposte de l’Algérie contre la Covid-19 a été payante, on le voit. L’Algérie est citée parmi les pays qui ont obtenu de bons résultats en matière de lutte contre la pandémie. Les taux de contaminations et de décès, en baisse, sont un indicateur de la réussite de la stratégie algérienne.
L’Algérie a réceptionné vendredi 29 janvier les premières doses du vaccin russe Spoutnik V, et le 1er février les premières doses du vaccin d’AstraZeneca/Oxford. La campagne de vaccination a démarré le 30 janvier, mais le rythme est lent. Comment l’expliquez-vous ?
Tout d’abord, on se félicite d’avoir réussi notre pari de lancer la campagne de vaccination conformément aux recommandations du président de la République qui avait promis la vaccination pour le mois de janvier.
Tout le monde est satisfait, les scientifiques, les politiques et même les responsables à haut niveau. Néanmoins, à l’instar de tous les pays du monde, il n’y a pas eu d’engouement pour un démarrage en trombe des campagnes de vaccination, même dans les pays les plus développés du monde.
En Algérie, on fait pareil, on est en train de démarrer doucement, en sensibilisant et en essayant de distribuer les doses des vaccins qui arrivent progressivement et faire en sorte qu’elles arrivent dans toutes les wilayas du pays.
Commençons par vacciner les personnes vulnérables et du corps soignant, ce qui est en train de se faire. Personnellement, je vois tous les jours sur le terrain beaucoup de personnes qui viennent s’inscrire alors que durant les premiers jours il y avait une réticence.
Au fur et à mesure de l’avancement, les gens sont de plus en plus sensibilisés. L’arrivée progressive des vaccins Spoutnik V et d’AstraZeneca va permettre de vacciner de manière progressive toute la population.
| Lire aussi : Covid-19 : « La solution est de faire comme pour le vaccin antigrippal »
Outre le Spoutnik V et l’AstraZeneca/Oxford, y a-t-il des négociations en vue d’acquérir d’autres vaccins auprès d’autres labos et, pourquoi pas, aller vers une vaccination massive ?
Juste pour remettre les choses dans leur contexte, la vaccination massive n’est pas une stratégie en soi. La vaccination est progressive pour atteindre l’immunité collective de l’ensemble de la population.
Mais un seul labo ou un seul pays ne peut pas à lui seul fournir le nombre de vaccins suffisant pour atteindre cet objectif. Donc on a recours à plusieurs labos. Nous sommes en négociation avec d’autres labos pour pouvoir récupérer le maximum de vaccins, de quoi vacciner entre 60 et 70 % de la population.
C’est pour quand l’arrivée des prochaines doses des vaccins commandés ?
Écoutez, tout est en train de se profiler tout au long de ce premier trimestre 2021, et au-delà, et je pense que l’Algérie va recevoir ses doses de façon progressive durant ce premier trimestre, y compris les lots prévus dans le cadre du mécanisme Covax qu’on recevra au 1er trimestre.
La tension (sur les vaccins) à l’échelle mondiale est très importante et l’Algérie s’est organisée afin d’en réceptionner progressivement, au cours du 1er trimestre et peut-être sur toute l’année 2021.
Les vaccins disponibles sont-ils efficaces contre les nouveaux variants du Covid ?
L’apparition de ces variants est une inquiétude certes, mais on rassure que les vaccins sont efficaces face à ces variants, comme l’ont certifié les laboratoires de fabrication.
| Lire aussi : Covid-19 en Algérie : début de la vaccination des parlementaires
