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Covid-19 : « Nous sommes dans une guerre vaccinale sans munitions »

Covid-19 : « Nous sommes dans une guerre vaccinale sans munitions »

Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil de l’ordre des médecins

Les contaminations au covid-19 en Algérie connaissent une hausse avec plus de 300 cas recensés quotidiennement. Le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil de l’ordre des médecins, exhorte la population algérienne à revenir aux fondamentaux des gestes barrières.

Il explique les raisons de cette hausse, critique le non-respect des mesures barrières durant la campagne électorale, et anticipe une reprise de l’épidémie.

Les contaminations au Covid-19 connaissent à nouveau une hausse en Algérie. Quelle en est votre explication ?

Cela fait des semaines que les experts, les médecins de terrains et les hospitaliers, des épidémiologistes et certains membres du Conseil scientifique qui ont une certaine liberté de ton, tirent la sonnette d’alarme en voyant l’abandon des gestes barrières de la part de la population surtout au sortir du mois de Ramadan.

Les Algériens veulent vivre normalement comme aller au restaurant sans masque, etc., une manière de rattraper une vie d’avant. C’est tout à fait compréhensible psychologiquement, mais seulement l’Algérie n’est pas encore sortie de l’épidémie.

Contraindre toute une population, ça reste limité dans le temps. Les gens ont besoin d’un peu d’espoir. Or, nous n’avons pas su redonner cet espoir par la vaccination.

Justement, la vaccination parlons-en…

C’est la dernière roue de la brouette. Le problème est que nous sommes dans une guerre vaccinale sans munitions. On a certes réquisitionné des centres de vaccination, mobilisé les personnels, tout ça c’est bien, le problème est que nous n’avons pas assez de matériaux pour pouvoir organiser une véritable campagne vaccinale.

Dans certains pays qui commencent à recouvrer une vie normale, ça s’est fait au prix de campagnes non-stop, y compris les week-ends, etc. Chez nous, la campagne est tout à fait légère dans la mesure où de toute façon nous n’avons pas les moyens qu’il faut.

Que faut-il faire ?

À mon avis, il y a lieu de revenir aux fondamentaux. Comme le dit l’adage : ne jetons pas les jerricans, l’eau n’est pas encore venue. C’est-à-dire que nous sommes dans une période de haute contamination, la preuve en est que le nombre de cas positifs au covid joue au yo-yo mais toujours dans une tendance haussière.

Autrement dit, sur le plan épidémiologique la situation ne s’arrange pas. Les lits dans les hôpitaux commencent à être réoccupés quoique, en réanimation, il semblerait qu’il n’y ait pas foule.

Seulement, j’ai eu à le dire et je le redis, il y a une chose qu’il y a lieu d’assimiler : les autorités sanitaires devraient parler à la population, d’abord de la prévention. Ensuite, elles devraient faire preuve de transparence.

Alors sur le plan de la vaccination il n’y a pas beaucoup à dire. Déjà qu’on a laissé s’engouffrer la rumeur que l’AstraZeneca n’était pas un bon vaccin. À ce sujet, on n’a pas assez d’informations et on n’a pas fait preuve de persuasion. Les Algériens ont besoin de comprendre.

Du coup ils sont lassés et ont jeté les bavettes et se comportent normalement…Ils ne voient pas le bout du tunnel. Les autorités devraient reprendre les initiatives. Notamment pour faire respecter le protocole sanitaire durant les meetings électoraux (campagne pour les législatives du 12 juin) où les consignes sanitaires sont allègrement piétinées. Et là, attendons-nous à une reprise de l’épidémie.

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