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Crise France – Algérie : deux verrous empêchent le dégel

La relation franco-algérienne est quasiment à l’arrêt. Deux éléments de blocage, de part et d’autre, empêchent les deux pays de renouer le dialogue.

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Crise France – Algérie : deux verrous empêchent le dégel
Il est difficilement envisageable que l'Algérie puisse accepter de traiter de nouveau avec le ministre français Bruno Retailleau / Par Leo Altman / Adobe Stock pour TSA
Makhlouf Mehenni
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L’Algérie et la France ont bouclé fin juillet dernier la première année d’une crise inédite dans l’histoire de leurs relations diplomatiques.

La relation avec l’Algérie ne faisant pas l’objet d’un consensus politique en France, la solution est tributaire d’abord d’une évolution favorable sur l’échiquier politique français. Ce qui, pour le moment, ne pointe pas à l’horizon.

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Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, qui a succédé à François Bayrou, n’a toujours pas composé un nouveau gouvernement, deux semaines après sa nomination.

Sous le prisme algérien, une seule interrogation intéresse les observateurs : le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sera-t-il maintenu ? Si la réponse est oui, la brouille entre Paris et Alger risque de s’éterniser.

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Bruno Retailleau au cœur de la crise franco-algérienne

Or, rien n’indique, dans ce qui s’est dit publiquement avant et après le vote de confiance qui a fait tomber le gouvernement de François Bayrou le 8 septembre, que le ministère de l’Intérieur changera de titulaire. Le patron des Républicains devrait poursuivre sa mission à la Place Beauvau.

L’Algérie a désigné dès le début Bruno Retailleau comme l’élément bloquant qui empêche toute possibilité de réchauffement.

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« Tout ce qui est Retailleau est douteux compte tenu de ses déclarations hostiles et incendiaires contre notre pays », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune en février dernier au journal français L’Opinion.

Et il n’y a pas que ses déclarations qui sont reprochées au président des Républicains. En avril, le ministère algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, l’a nommément désigné comme le responsable du brusque retour à la case départ après le dégel entamé à la faveur de la visite à Alger du chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot.

L’arrestation d’un agent consulaire algérien a été effectuée par les services de la sécurité intérieure, placés sous la tutelle du ministre de l’Intérieur. L’Algérie y a vu la main de Bruno Retailleau.

Le dialogue est-il encore possible ?

Après les péripéties de ces 14 mois de crise, il est difficilement envisageable que l’Algérie puisse accepter de traiter de nouveau avec celui qu’elle perçoit comme l’incarnation au sein du gouvernement français du courant anti-algérien.

Or, l’un des principaux nœuds gordiens de la crise, soit la question des OQTF, est du ressort du ministère français de l’Intérieur et ses démembrements, les préfectures et la police.

Les deux pays butent aussi sur l’affaire de l’agent consulaire algérien détenu en France et celle de Boualem Sansal, condamné par la justice algérienne à 5 ans de prison ferme.

Cette dernière affaire est saisie par l’extrême-droite pour maintenir la pression sur le président Emmanuel Macron, alors qu’Alger refuse de céder au chantage et au ton comminatoire de ce courant qui n’a pas encore digéré l’indépendance de l’Algérie.

D’un point de vue juridique, rien n’empêche la remise en liberté de l’écrivain franco-algérien qui peut survenir sur une grâce présidentielle. Il est en revanche évident que les autorités algériennes ne consentiraient pas un tel geste sur injonction de l’étranger, encore moins de Bruno Retailleau ou du courant anti-algérien en France.

Un éventuel maintien de Bruno Retailleau dans le futur gouvernement ne serait pas un bon signe pour l’avenir immédiat de la relation bilatérale. En même temps, il est difficile d’imaginer que Paris céderait sur cette question, tout comme Alger sur l’affaire Boualem Sansal.

Maintenir le statu quo serait la meilleure manière de tourner en rond en ce sens que la reprise du discours hostile et du ton comminatoire du ministre de l’Intérieur, sur l’affaire Sansal ou sur la question des réadmissions, annihilerait la possibilité de remise en liberté de l’écrivain et les chances d’une reprise du dialogue sur les OQTF.

Les deux sont capables de renouer les fils du dialogue, qui sont jusque-là débranchés, sur la base des intérêts réciproques, mais la crise peut durer jusqu’aux présidentielles de 2027, et même au-delà, en cas de l’arrivée de Bruno Retailleau ou de l’extrême droite à l’Élysée.

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