Le sénateur français d’origine algérienne Akli Mellouli a démonté tout l’argumentaire du courant anti-algérien qui nourrit la crise en cours entre les deux pays. Dans un passage dans le média indépendant “Le média 24-7”, le parlementaire a tiré la sonnette d’alarme sur l’algérophobie qui se développe actuellement en France et l’ “escalade inquiétante” entre les deux pays.
Akli Mellouli, dont la famille est originaire de Souk el-Tenine sur la côte est de Bejaia, revient à peine d’un voyage en Algérie où il a pris part avec d’autres députés et sénateurs français à la commémoration des massacres du 8 mai 1945. “Nous avons été en Algérie, pas pour faire de la polémique ou ajouter de la surenchère” mais “pour dire au peuple algérien, aux parlementaires algériens que c’est la voie du dialogue qu’il faut privilégier, quels que soient nos désaccords”, dit-il.
À propos des désaccords entre l’Algérie et la France, ils sont nombreux en ce moment, mais les arguments avancés par le courant anti-algérien ne tiennent pas, estime le sénateur écologiste, qui est aussi vice-président du groupe d’amitié Algérie-France au Sénat.
À commencer par le dossier du Sahara occidental. “Ce n’est pas qu’un désaccord avec l’Algérie, c’est un désaccord avec l’ONU”, dit-il.
OQTF : l’Algérie fait « parfois mieux que certains de ses voisins »
Sur l’exécution des OQTF, Mellouli souligne aussi que le problème ne se pose pas uniquement avec l’Algérie, indiquant que, “quand on regarde les chiffres, on voit que l’Algérie réalise parfois mieux que certains de ses voisins et que donc c’est un sujet qui est plus large que l’Algérie”.
Ce qui se dit sur l’affaire Boualem Sansal ne tient pas non plus la route, car “il y a des milliers de détenus français dans les geôles du monde entier”. “Si vous êtes dans la polémique et l’invective, vous ne libérez personne. J’ai l’impression que ceux qui sont à la manœuvre veulent que la personne qu’ils veulent défendre reste détenue”, accuse-il.
« Une Algérie fantasmée par ceux qui veulent refaire la guerre d’Algérie »
Pour Mellouli, l’Algérie est un État qui gère son droit national et il y a aussi des choses qui peuvent être reprochées à la France, comme le maintien en détention de Georges Ibrahim Abdallah, le plus vieux détenu de France qui est “lui aussi malade”, ou encore le traitement réservé aux militants qui soutiennent la cause palestinienne. “Il faut quand même balayer devant sa porte pour pouvoir donner des leçons”, rappelle le sénateur.
Akli Mellouli a aussi contesté l’accusation de chercher à humilier la France proférée contre l’Algérie. “Qu’est-ce que la France aurait dit si l’Algérie avait mis face contre terre deux gendarmes, les a menottés et embarqués quand le ministre des Affaires étrangères français est sur place”, s’interroge-t-il, en allusion à un incident qui a eu lieu en Israël. Ou encore “si c’est l’Algérie qui était derrière le système Pegasus qui est un système d’écoute, y compris du président de la République en France”.
« Deux poids, deux mesures »
Pour lui, il y a un “deux poids, deux mesures” et cela doit cesser. “Il y a aujourd’hui une escalade inquiétante. Ce qui est inquiétant, c’est le traitement qui est fait de l’Algérie, c’est l’algérophobie qui est en train de se développer”, s’alarme Mellouli, qui dénonce la libération de la parole raciste et le déferlement contre l’Algérie.
“Il y a une Algérie fantasmée, il y a tous ceux qui effectivement veulent refaire la guerre d’Algérie”, dit-il.
Or, la France a intérêt à suivre une autre voie avec l’Algérie. “L’axe Paris-Alger est un axe qui va développer la Méditerranée et, au-delà, l’Afrique”, assure-t-il. Quant aux membres de la diaspora qui sont suspectés et attaqués de toute part, ce ne sont pas “la cinquième colonne”, mais de “véritables passerelles”.