Diasporas

Crise France – Algérie : Paris prépare des mesures sur la diaspora algérienne

“Ça ne bouge pas, ça empire”. Tel est le constat que fait le gouvernement français de l’évolution de la crise avec l’Algérie qui dure depuis neuf mois et demi. Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement, a annoncé ce jeudi 15 mai en conférence de presse à Paris, d’autres dispositions “plus importantes” sur une partie de la diaspora algérienne.

La porte-parole s’exprimait à la sortie d’un conseil des ministres au lendemain d’une nouvelle mesure d’expulsion collective de fonctionnaires diplomatiques algériens décidée par Paris en réaction à une demande d’Alger de rapatrier des agents français affectés en Algérie dans des circonstances irrégulières.

Interrogée sur l’état de la relation bilatérale à la lumière de ces nouveaux développements, Primas a reconnu que les choses s’aggravent entre les deux capitales.

“Ça ne bouge pas et ça empire. Ça bouge en tout cas dans le mauvais sens, puisque nous n’avons pas de nouvelles de Boualem Sansal, puisqu’un certain nombre d’agents français ont été expulsés”, a-t-elle répondu.

“Les ripostes sont comme d’habitude identiques, c’est-à-dire que, de notre côté, nous avons pris des dispositions pour demander l’expulsion d’un certain nombre de personnes algériennes qui ont un passeport diplomatique, mais qui n’ont pas de visa, qui seront donc expulsées rapidement en Algérie, à qui on a demandé de quitter le territoire français”, a ajouté la porte-parole de Matignon.

Cette dernière mesure a été annoncée mercredi par le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur BFMTV. “Notre réponse est immédiate, ferme et proportionnée : le renvoi en Algérie de tous les agents titulaires de passeports diplomatiques qui n’auraient pas actuellement de visas », a déclaré le chef de la diplomatie française.

La France travaille sur “des dispositions plus importantes” concernant la diaspora algérienne

Lundi, Barrot avait indiqué à France Info et Le Monde qu’il ne s’interdisait pas de prendre de nouvelles mesures contre l’Algérie après celles concernant la circulation des porteurs de passeports diplomatiques, qui avaient été, selon lui, “vivement ressenties par les personnes concernées“.

La porte-parole du gouvernement a évoqué de son côté ce jeudi la possibilité de nouvelles mesures. Ses propos laissent entendre qu’elles seront “plus importantes” et toucheront la communauté algérienne établie en France. Mais elle n’a pas donné de détails sur la nature de ces mesures.

“Aujourd’hui le ministre des Affaires étrangères, le président de la République et le Premier ministre travaillent sur d’autres dispositions plus importantes, en particulier sur une partie de la diaspora algérienne, pour avancer sur d’autres sujets”, a-t-elle dit, sans plus de détails sur la nature des mesures envisagées.

Jusque-là, les officiels français qui se sont exprimés sur le sujet, comme le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, ont laissé entendre que la “prochaine étape” de la “riposte graduée” sera la remise en cause de l’accord bilatéral de 2013 portant exemption réciproque de visa pour les porteurs d’un passeport diplomatique.

C’est la première fois que des mesures touchant à la diaspora sont ainsi directement envisagées à un tel niveau de responsabilité.

Tout au long de la crise déclenchée en juillet 2024, des voix se sont élevées pour mettre en garde contre les conséquences de la situation sur l’importante communauté franco-algérienne, faite d’immigrés algériens, de franco-algériens et de français d’origine algérienne.

 “Je sens que ce n’est pas simplement la question des rapports entre la France et l’Algérie, mais à travers les rapports et les conflits où les tensions entre ces deux États, ce sont des millions de personnes qui sont touchés dans leur intérieur”, a déclaré l’archevêque d’Alger, le cardinal Jean-Paul Vesco qui est lui-même franco-algérien, dans un entretien diffusé mercredi par France 24.

Les plus lus