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Des cas de fièvre aphteuse détectés en Algérie

Des cas de fièvre aphteuse détectés en Algérie

Des cas de fièvre aphteuse ont été détectés ces derniers jours en Algérie sur des ovins et bovins. C’est notamment le cas à M’sila. Cette maladie non transmissible à l’homme a fait immédiatement l’objet de mesures spécifiques de la part des services vétérinaires.

Dans la wilaya de M’sila, le quotidien El Watan rapporte que les autorités locales ont décidé « la fermeture provisoire des marchés à bestiaux quotidiens et hebdomadaires avec l’interdiction de regroupement des animaux à travers le territoire de la wilaya ».

Le transport de vaches, moutons et chèvres a été interdit sauf présentation d’un certificat sanitaire attestant que les animaux ne sont pas atteints de la fièvre aphteuse.

Pour les services agricoles de M’slia, ces décisions interviennent «  à titre préventif et de précaution, pour éviter la propagation de l’épidémie dans d’autres points de la wilaya ». Selon la même source, il s’agit de « sensibiliser les éleveurs sur l’importance de déclarer les cas suspects. »

Jeudi, le ministère de l’Agriculture et du développement rural a annoncé le lancement d’une campagne nationale de vaccination contre la fièvre aphteuse, à « titre préventif », suite à la confirmation de cas de cette maladie animale dans certaines wilayas du pays.

La maladie est liée à un virus et concerne les vaches, chèvres et moutons. Elle se caractérise par des plaies buccales et au niveau des pieds. Chez les vaches laitières atteintes de fièvre aphteuse, la production de lait chute et des troubles de la reproduction peuvent également être observés.

La fièvre aphteuse apparaît par foyers qui peuvent s’éteindre en cas de non propagation de la maladie à d’autres animaux. Selon Camille Craplet et Michel Thibier spécialistes en élevage des animaux de ferme, les causes d’apparition et d’extension de cette maladie « sont la sécheresse avec lésions buccales par consommation de fourrages dur et piquant et lésions podales par déplacement sur des sols caillouteux secs ».

La contamination se faisant par des « déplacements réguliers sur des parcours de plus en plus infectés et des séjours sur des fumiers contaminés »  par des particules virales présentes dans les sécrétions et excrétions des animaux atteints.

Une maladie présente en Algérie

La présence de la fièvre aphteuse est récurrente en Algérie. En 2018, ce sont 42 foyers qui avaient été signalés par les services vétérinaires à l’Organisation mondiale de la santé animale.

L’année précédente, des cas avaient été signalés à Tindouf dans l’extrême sud-ouest de l’Algérie. Une campagne de dépistage diligentée par les services vétérinaires avait alors permis de réaliser 120 prélèvements au niveau des foyers suspectés. Seuls deux cas s’étaient révélés positifs et les animaux avaient été abattus.

En 2022, ce sont trois foyers de fièvre aphteuse qui ont été signalés en Algérie et ce trois mois après la détection de six foyers en Tunisie. Selon la Plateforme française d’Épidémio-surveillance en Santé Animale, l’origine est probablement à relier à des cas en Afrique subsaharienne. Cette « ré-introduction de la fièvre aphteuse au Maghreb » avait mis en alerte les services vétérinaires européens.

S’il était précisé que le virus de la fièvre aphteuse est présent dans plusieurs pays d’Afrique, il était demandé à chacun « une vigilance accrue est demandée aux personnes arrivant ou se rendant en Algérie. »

Aussi était-il recommandé de ne pas ramener dans ses bagages de produits animaux et de « nettoyer vos vêtements et à désinfecter vos chaussures avec une solution désinfectante » pour ceux qui avaient eu l’occasion de visiter des élevages. Si la fièvre aphteuse est « sans danger pour l’homme », il est utile de rappeler qu’elle est cependant extrêmement contagieuse.

C’est ce type de consignes qui a abouti en septembre 2022 à l’abattage, après leur renvoi en France, de 780 taurillons arrivés au port d’Alger. Motif, une suspicion de rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR). A leur arrivé en France, les animaux avaient été en effet euthanasiés.

La partie française avait alors expliqué qu’au niveau du port d’Alger, les animaux avaient été « affouragés avec du foin algérien ». Un fourrage suspecté d’être contaminé par des germes de la fièvre aphteuse. Le risque d’une contamination est « extrêmement minime, mais on ne peut l’écarter » avaient déclaré les autorités sanitaires françaises.

Des campagnes de vaccination

Conscients du caractère contagieux de l’épizootie, les services vétérinaires algériens restent vigilants. Déjà en mai dernier, une campagne de vaccination contre la fièvre aphteuse a été lancée dans des wilayas frontalières de l’Est du pays du fait de cas signalés en Libye.

L’idée étant d’installer une barrière sanitaire. A Guelma, des opérations de vaccination ont été lancées dès 2022 et 55.000 doses de vaccins avaient été mises à la disposition des vétérinaires. Une opération de vaccination devant mobiliser jusqu’à une cinquantaine de ces vétérinaires.

Outre la fièvre aphteuse, des cas de tuberculose bovine sont parfois détectés en Algérie. Il s’agit d’une maladie transmissible à l’homme qui oblige à des mesures radicales : abattage des animaux atteints et interdiction de consommation de la viande incriminée.

Que ce soit les bovins, ovins ou volailles, les épizooties sont nombreuses et les services vétérinaires ne peuvent y venir à bout sans le concours actif des éleveurs.

Aussi, en France dès 1950, pour lutter contre la fièvre aphteuse, la brucellose ou la tuberculose, les services vétérinaires français ont entrepris d’associer les éleveurs sous la forme de Groupements de Défense sanitaire (GDS).

Ces associations d’agriculteurs permettent de fluidifier les relations entre le triptyque constitué par les éleveurs, vétérinaires et administration. Chaque adhérent cotise selon son nombre de têtes.

Par ailleurs, ces associations départementales reçoivent des subventions publiques leur permettant de recruter leurs propres techniciens et de développer ainsi des actions de lutte contre les maladies contagieuses.

Progressivement, les prérogatives des GDS se sont élargies et ils assurent aujourd’hui des missions déléguées de service public telle la gestion des prophylaxies et la formation.

Jusqu’à présent, que ce soit en élevage bovin, ovin ou avicole cette formation des éleveurs est quasi inexistante en Algérie. La lutte contre la fièvre aphteuse pourrait être l’occasion d’envisager une stratégie à même d’éradiquer ces fléaux qui menacent l’élevage.

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