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Des mesures qui pourraient calmer la rue

Des mesures qui pourraient calmer la rue

Le pouvoir est plus que jamais acculé. Pour le quatrième vendredi de suite, les citoyens sont sortis par millions demander son départ.

Premier signe qui ne doit pas échapper à ses stratèges, la contestation ne faiblit pas. Au contraire, chaque marche fait presque oublier celle qui la précède, par le nombre toujours plus impressionnant des manifestants, par l’organisation impeccable, le calme et le pacifisme des jeunes, l’ingéniosité dans la confection des slogans.

Des cas encore isolés certes, mais on a vu des policiers rejoindre les manifestants. Dans la semaine, ce sont les juges qui ont collectivement fait dissidence. Leur mouvement devrait se confirmer et se renforcer la semaine prochaine. Les journalistes de la presse publique avaient dès le début de la contestation fait savoir que rien ne sera plus comme avant.

Le pouvoir perd ses appuis un à un et ce ne sont pas les partis de l’Alliance présidentielle ou les organisations que l’on croyait de masse qui lui seront de quelque secours. Jamais sans doute les décideurs algériens n’ont simulé pareille situation.

Tel un corps non vacciné, ils n’ont pas l’habitude d’avoir affaire à la rue, du moins dans cette proportion, encore moins à lui faire des concessions. C’est ce qui explique dans une large mesure les tergiversations et les fausses solutions adoptées jusque-là. Le parfait exemple c’est le rappel de deux diplomates à l’aura internationale certaine pour calmer le front interne. Dans l’inconscient des dirigeants algérien, la rue à beau bouillonner, seul compte ce que pourraient penser les grandes puissances.

Pourtant, cette fuite en avant ne peut pas durer indéfiniment. Les Algériens sortent par millions dans la rue et semblent déterminés à continuer à le faire jusqu’à ce qu’ils obtiennent quelque chose. Car jusque-là, le pouvoir n’a pas fait la moindre concession. De semaine en semaine, il rend son langage plus mielleux, sans plus. Mais sur le fond, il n’a rien cédé.

L’annonce de Bouteflika de ne pas briguer un cinquième mandat ne peut être prise pour une concession, puisque aucune échéance n’est fixée pour la finalisation des travaux de la conférence nationale annoncée et encore mois pour le départ du président. A partir du 28 avril, il sera encore président des Algériens sans aucun mandat populaire. C’est-à-dire un président illégitime.

La première chose peut-être au lendemain de cette énième journée de mobilisation, c’est de céder sur ce point précis du maintien de Bouteflika. L’annonce du départ de ce dernier au terme de son mandat actuel pourrait contribuer grandement à calmer la rue. Ne l’oublions pas, même si les manifestants ont revu à la hausse leurs revendications en incluant le démantèlement du système, c’est l’annonce de la candidature de Bouteflika qui a mis le feu aux poudre.

C’est le premier pas à faire sur le chemin du règlement de la crise, si le pouvoir consent enfin à s’y engager. La période de transition pourra alors commencer et l’organisation de la conférence nationale aura un sens.

Le deuxième pas consistera en la mise en place d’un gouvernement de transition dirigé par une personnalité nationale au passé irréprochable et sans accointance partisane, avec des ministres technocrates ou issus de toutes les formations politiques.

Enfin, il s’agira de tracer un échéancier clair pour toutes les étapes à venir, éventuellement pour une révision de la loi électorale et de la constitution, avec un calendrier électoral pour le renouvellement de toutes les assemblées et l’élection d’un nouveau président.

La crise actuelle est loin d’être un écheveau inextricable et seul l’entêtement du pouvoir à s’accrocher la fait durer. On n’est pas devant des factions aux positions inconciliables. Le peuple est uni autour d’un même d’ordre, un même objectif et le pacifisme des manifestants devrait être un élément facilitateur pour une sortie de crise sans dégâts.

Espérons qu’au soir de ce quatrième vendredi, le pouvoir a déjà compris que les manœuvres ne font que l’enfoncer et qu’il est temps de voir la réalité en face.

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