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Des touristes étrangers racontent leurs voyages en Algérie

Des touristes étrangers racontent leurs voyages en Algérie

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L’Algérie, qui a été classée dans le top 10 des meilleures destinations touristiques en 2018 par un voyagiste français, suscite désormais l’intérêt croissant des touristes étrangers. « Depuis quinze ans déjà, nous voulions ajouter à notre catalogue l’Algérie comme destination. Mais la situation nous en empêchait, souffle Anne Dumesnil, directrice des régions Afrique du Nord et Proche-Orient au sein de l’agence Voyageurs du monde, qui a classé Alger dans son top 10 des destinations à faire pour 2018. Aujourd’hui, la demande est en hausse. Il y a une vraie curiosité autour de l’Algérie. Pas mal de nos clients ont un lien avec ce pays », poursuit-elle.

Bernard Guerin fait partie de ces personnes ayant un passé avec l’Algérie. Il a vécu une partie de sa jeunesse à Biskra. Ce père de famille, qui aujourd’hui vit dans l’Isère, n’y avait jamais remis les pieds avant 2014, où il entreprit, en compagnie de sa femme, de retourner sur les traces de son enfance. « Cela m’a donné l’occasion de me rendre compte que l’on pouvait à nouveau voyager facilement dans le pays », dit-il. Il y est alors retourné avec sa famille en novembre dernier, voyageant d’Oran jusqu’à Béni Abbes en passant par Béchar.

De ce dernier séjour, il affirme avoir remarqué « que l’on a plus de facilités pour échanger par Internet avec des Algériens responsables d’activités touristiques » et senti un peuple « extrêmement accueillant », notamment à l’égard des Français, « même si l’histoire a pu être compliquée par le passé entre les deux nations. »

Surtout du tourisme culturel

« Le peuple algérien a besoin de cette fenêtre ouverte sur le monde. Il lui tient à cœur de donner une image positive du pays », note Amine Lagoune, directeur de l’agence Algérie Tours, près de Marseille, qui précise : « Auparavant, c’était essentiellement des pieds noirs, des rapatriés ou des anciens combattants qui souhaitaient s’y rendre, mais depuis deux ans, on s’aperçoit qu’il y a aussi de plus en plus de personnes qui n’ont aucune attache avec le pays. »

Même son de cloche du côté d’Andrew Farrand, photographe américain installé en Algérie depuis 2013. « Les Algériens sont vraiment flattés quand un étranger s’intéresse à leur pays. C’est quelque chose qui semble les surprendre. En fait, l’Algérie a autant de choses à offrir que ses pays voisins, même si c’est encore pour le moment moins exploité en ce qui concerne la promotion touristique. »

À la différence du Maroc ou de la Tunisie, l’Algérie fait en effet office de néophyte en matière de destination touristique. Selon le commercial marseillais, le pays n’est pas prêt à verser dans le tourisme de masse. « Pour l’heure, l’Algérie pratique surtout le tourisme culturel. C’est une destination qui regorge de richesses, notamment archéologiques. Et il y a énormément de demandes. Parce qu’il y a très peu de destinations du monde arabe qui sont accessibles, sécurisées et peu connues du public. »

Prestations hôtelières et démarches administratives, points principaux à améliorer

En termes d’infrastructures, les maisons d’hôtes se développent avant tout dans le Sud du pays, tandis que le Nord se pare d’hôtels. Dans les grandes villes (Alger, Annaba, Oran, Constantine), la possibilité de loger chez l’habitant existe également. « Certains clients me font part de quelques remarques concernant la qualité ou le service dans les hôtels, mais je pense qu’il faut laisser un peu de temps aux Algériens pour se familiariser avec ce nouvel univers », finit par commenter le gérant du tour-opérateur.

« À l’heure actuelle, les conditions d’hygiène des hôtels ne sont pas du niveau des pays occidentaux », tranche Sonia Chaoui, qui revient d’un séjour à Alger. Aussi, les sacs plastiques jonchant des trottoirs ou des champs témoignent sans doute d’un travail à mener en matière de sensibilisation et de respect à l’environnement.

Bernard, lui, n’a pas eu à se plaindre de ses nuitées dans les structures hôtelières. En revanche, le véritable bémol reste à son sens l’administration. « Les délais d’obtention du visa sont longs et, en tant qu’étranger, j’ai dû me soumettre à de nombreux contrôles de gendarmerie », indique-t-il. Il préfère néanmoins retenir les découvertes et les jolies rencontres qu’il a pu nouer au cours de son voyage, comme celle avec cet imam de quartier, à Oran. « J’ai été agréablement surpris de voir qu’il acceptait de nous recevoir et de nous faire visiter la mosquée, car il m’a semblé que parfois, à quelques endroits où l’ouverture d’esprit peut être plus difficile, certains religieux n’apprécient pas que des non-musulmans visitent les mosquées. »

Une femme seule en Algérie

Sonia avait soif de découvrir l’Algérie, le pays dont sont originaires ses parents. « Ma connaissance de l’Algérie se limitait aux champs du village de mon père, brûlés par le soleil », confie-t-elle, évoquant les souvenirs de ses vacances estivales qu’elle passait, adolescente, confinée dans la maison paternelle, près de Ras El Oued. Ce n’est que plus âgée, alors émancipée de l’autorité familiale, qu’elle part en compagnie de ses jeunes frère et sœur à la découverte d’un pays dont son père louait la beauté. Sa première destination a été Constantine. C’était en 2006.

« J’avais ce désir de découverte, mais aussi de montrer à mon frère et ma sœur que l’Algérie est un beau pays. Après Constantine, nous avons fait un autre voyage, où nous avons visité le M’zab. Une fois arrivés à Ghardaïa, la surprise était aussi surprenante que plaisante ! Ce n’est tellement pas l’Algérie que l’on connaît ! »

À la question « peut-on voyager seule en Algérie lorsque l’on est une femme ? », Sonia se veut rassurante. Elle n’occulte pas cependant une réalité à considérer. « Je fais en sorte de ne pas attirer le regard ou de m’éviter d’éventuels problèmes. J’adopte pour ça un comportement courtois et des tenues vestimentaires sobres. Mais malgré tout, certains hommes peuvent avoir des manières pénibles », explique-t-elle.

Des écueils que la très grande majorité des touristes dépassent, surplombés par un désir insatiable de poser un regard sur ce que l’Algérie a de merveilleux et d’authentique à offrir. « Il n’y a qu’à regarder le documentaire de Yann Arthus-Bertrand (L’Algérie vue du ciel, 2015) pour avoir envie de visiter le pays », finit par commenter Sonia. Comme si elle mettait l’accent sur l’essentiel : découvrir la part insoupçonnée d’un pays qui n’hésite pas à révéler ses secrets à ceux qui savent voir et écouter.

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