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Dialogue : en attendant des concessions, les divergences restent fortes entre le pouvoir et l’opposition

Dialogue : en attendant des concessions, les divergences restent fortes entre le pouvoir et l’opposition

A priori, tout le monde est pour le dialogue, désigné unanimement comme la voie la plus courte et la moins coûteuse qui mènera le pays vers la sortie de crise et le changement rêvé par les millions d’Algériens qui manifestent depuis le 22 février.

Classe politique, société civile et pouvoir ne divergent pas, à des nuances sémantiques près, sur le fait que la situation du pays est d’une complexité telle qu’elle ne permet pas davantage de tergiversation et de perte de temps.

Cela fait même plusieurs semaines qu’on entend et lit la même conviction, les vendredis sur les pancartes des manifestants, les mardis de la bouche du chef d’état-major de l’armée et le reste de la semaine dans les communiqués et déclarations des chefs de partis et autres personnalités nationales. Mais aucun pas concret n’est effectué jusque-là et le pays, quatre mois après le début des manifestations populaires, n’a pas fini de tourner en rond.

Est-ce à dire qu’une partie manque de sincérité dans ses professions de foi, que la confiance fait défaut de part et d’autre ? Ou c’est seulement la complexité de la situation qui fait traîner les choses en longueur ? Il y a sans doute un peu de tout cela et il est évident que le règlement d’une crise en réalité aussi vieille que le système décrié nécessite au moins de la patience, sinon de la perspicacité et beaucoup de courage pour assumer les douloureux compromis nécessaires.

Depuis quelques jours, on assiste néanmoins à des conciliabules qui semblent sérieux entre partis et organisations de la société civile. Si cette dernière, composée pourtant d’un conglomérat hétéroclite de syndicats, d’associations et d’organisations professionnelles, a pu dégager une feuille de route consensuelle au bout de deux ou trois conclaves, la classe politique, elle, traîne encore le poids de ses clivages et tarde à parler d’une seule voix.

Une fissure idéologique nette, qui livrera ses motifs le moment opportun, est apparue dans le bloc de l’opposition au moment où celle-ci se cherchait un projet conjoncturel commun. Les partis des Forces du changement, regroupant des formations islamistes et des personnalités pour la plupart issues du système mais ayant gardé toute leur crédibilité, ont mieux avancé. Ils ont opté pour le dialogue comme démarche de principe, désigné un coordinateur et pris rendez-vous pour le 6 juillet afin d’arrêter les mécanismes des discussions qui seraient éventuellement engagées avec le pouvoir et d’arrêter une feuille de route définitive.

Ali Benflis a annoncé presque la disponibilité de ses pairs à consentir des concessions en plaidant pour « un grand compromis national », expliquant que pour le pays, « le temps est chichement compté ».

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Une forêt de préalables

L’autre camp, celui de l’Alternative démocratique constituée à la surprise générale à la mi-juin par sept partis, en était ce mercredi à sa deuxième rencontre, sanctionnée d’une déclaration sans concession envers le pouvoir, réitérant le principe d’une période de transition et énonçant des préalables sans lesquels aucune discussion, donc aucune sortie de crise, n’est possible.

Des exigences plus que légitimes et qui ne devraient pas constituer un écueil pour un rapprochement des vues avec l’autre bloc, dont le coordinateur, Abdelaziz Rahabi, a d’ailleurs assisté en invité à la réunion de ce 26 juin.

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C’est en revanche avec le pouvoir que toutes ces conditions risquent d’élargir le gap. D’autant que, même si leur objectif déclaré est d’arriver à un compromis, les Forces du changement y sont aussi allées de leur préalable qui n’a que très peu de chances d’être accepté en haut lieu, celui d’exclure des futures discussions les anciens soutiens de Bouteflika, qui servent ou qui tentent de servir de béquilles aux actuels tenants de la décision.

Enfin, ces derniers ont réitéré ce mercredi une vieille condition sine qua non qui n’est pas faite pour écourter le statu quo : l’élection présidentielle aura lieu dans les « délais constitutionnels » et sans période de transition. Il est vrai qu’aucun compromis, grand ou petit, ne naîtra dans cette forêt de préalables…

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