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Discours de Gaïd Salah : ce qu’il faut retenir

Discours de Gaïd Salah : ce qu’il faut retenir

Le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major et vice-ministre de la Défense nationale, a prononcé ce lundi une allocution à Ouargla en marge de sa visite de travail en 4e région militaire. Il s’agit de sa première intervention publique depuis près de deux semaines. Voici ce qu’il faut en retenir.

Appel à « faire émerger de vrais représentants » du Hirak

« Il est préférable que les marches se caractérisent par un niveau raisonnable et suffisant d’organisation et d’encadrement efficace pour faire émerger de vrais représentants qui se distinguent par leur sincérité et intégrité pour transmettre les revendications légitimes de ces marches », a préconisé Ahmed Gaïd Salah.

Pour le général de corps d’armée, l’émergence de « vrais représentants » permettra au mouvement populaire d’éviter « toute forme d’anarchie et de tomber dans le piège de l’infiltration par des individus ayant des plans suspects qui utilisent ses manifestations comme un portail pour scander leurs slogans et brandir leurs bannières, et une passerelle pour transmettre certaines revendications irrationnelles ».

« Il devient impératif de revoir la manière d’organiser ces manifestations et la nécessité de les encadrer par des personnes ayant un esprit nationaliste responsable, qui craignent Allah quand il s’agit de leur peuple, leur patrie et les institutions de leur État, et œuvrent à transmettre les revendications populaires », a souligné le vice-ministre de la Défense.

« Départ du système » : Gaïd Salah dit non

Parmi les « revendications irrationnelles » évoquées, le chef d’état-major fait explicitement référence à « l’exigence du départ collectif de tous les cadres de l’État, sous prétexte qu’ils représentent les symboles du système ».

« Il s’agit d’une revendication non objective et irraisonnable, voire dangereuse et malveillante, qui vise à déposséder les institutions de l’État de ses cadres et les dénigrer », a estimé Gaïd Salah, ajoutant que « ces cadres ont eu le mérite de servir leur pays à tous les niveaux, avec intégrité et dévouement, et nul n’a le droit de se substituer à la justice en leur proférant des accusations et en réclamant leur départ ».

Rejet d’un dialogue direct avec l’armée

Ahmed Gaïd Salah a également rejeté l’appel lancé à l’ANP par Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyelles pour « nouer un dialogue franc et direct avec des figures représentatives du Hirak ».

Pour le chef d’état-major, les « vrais représentants du mouvement » auxquels il fait appel permettront d’organiser et d’encadrer les manifestations « dans le cadre d’un dialogue sérieux et constructif avec les institutions de l’État, prenant en considération les revendications réalisées jusqu’à présent, grâce à l’accompagnement permanent de l’Armée Nationale Populaire, qui s’est engagée à ne pas être partie prenante à ce dialogue escompté ».

En réaffirmant l’engagement de l’ANP « à ne pas être partie prenante », Gaïd Salah oppose ainsi une fin de non-recevoir à l’appel lancé par les trois personnalités.

Gaïd Salah insiste sur la tenue de la présidentielle

« Il y a lieu d’indiquer que la tenue des élections présidentielles mettra un terme à tous ceux qui tentent de faire perdurer cette crise », a estimé le chef d’état-major, soulignant que « la tenue des élections présidentielles permettra d’éviter de tomber dans le piège du vide constitutionnel et tout ce qui s’ensuivra comme dangers et dérapages aux conséquences désastreuses ». Gaid Salah n’a toutefois pas précisé de date pour la tenue de cette présidentielle.

Appel à créer une « instance indépendante pour l’organisation et la supervision des élections »

Dans le cadre de la tenue d’élections présidentielles, Ahmed Gaïd Salah a appelé à la création et à l’installation d’une « instance indépendante pour l’organisation et la supervision des élections ».

« Il est certain que l’étape principale serait d’accélérer la création et l’installation de l’instance indépendante pour l’organisation et la supervision des élections », a estimé le chef d’état-major, « Nous attendons, dans ce cadre, l’accélération de la prise des mesures adéquates pour la mise en œuvre de ce mécanisme constitutionnel, considéré comme l’outil juridique idoine pour préserver la voix de l’électeur et donner une crédibilité aux élections », a-t-il insisté.

Gaïd Salah critique l’absence des personnalités nationales

Le chef d’état-major s’est en outre interrogé sur « l’absence flagrante des personnalités nationales, des élites et des compétences nationales face aux évènements et évolutions accélérés que connait notre pays et qui requièrent des propositions constructives à même de rapprocher les points de vue divergents ».

« En somme, ceux qui veulent maintenir le pays dans l’impasse sont des individus et des entités qui tentent sciemment de nous mener vers le vide constitutionnel avec tous les risques et menaces qu’il peut comporter », a estimé Gaïd Salah.

Mise en garde contre le risque de « vide constitutionnel »

Pour le chef d’état-major de l’ANP, « l’impasse politique et le vide constitutionnel planifiés de manière délibérée par ces entités est un parcours aux conséquences désastreuses sur les plans économique et social du pays, notamment dans le domaine des investissements et la préservation des postes d’emploi et du pouvoir d’achat des citoyens, voire sur tous les autres plans ayant un lien avec le processus de développement de manière générale », a-t-il estimé.

« Il parait que certains sont dérangés de voir l’État préserver sa notoriété et que ses institutions continuent à s’acquitter normalement de leurs missions, en dépit de cette crise », a ajouté en outre Gaïd Salah.

Montée en puissance de la rhétorique

Le chef d’état-major a par ailleurs fait monter en puissance la rhétorique concernant ceux qui se mettraient « en travers de » l’ANP et son commandement.

Évoquant son appel du 26 mars à appliquer l’article 102 de la Constitution contre le désormais ex-président Bouteflika, Gaïd Salah affirme « cet article a suscité de nombreuses interprétations erronées et tendancieuses de la part des têtes de la bande qui ont créé autour dudit article une agitation afin d’avorter toute démarche présentée par le Commandement de l’Armée Nationale Populaire ».

Ceux-là même qui ont démontré par ces positions qu’ils sont les ennemis de toute démarche salutaire même si elle est en faveur du pays, […] et il semble que leur ressentiment envers l’Armée et son Commandement a atteint un tel degré qu’ils sont véritablement contrariés par toutes ces étapes de développement que notre Armée a franchies sur plus d’un plan », a affirmé Gaïd Salah.

« Ce dépit a atteint des limites dangereuses, dont l’objectif clair est d’affaiblir l’Armée et freiner cet effort de développement considérable, ignorant que quiconque se met en travers de l’Armée Nationale Populaire et son Commandement et œuvre à entraver ses efforts, se dresse nécessairement contre l’intérêt de l’Algérie », a fait savoir le chef d’Etat-major Ahmed Gaïd Salah.

De nouvelles inculpations à venir ?

Évoquant les récentes inculpations, le chef d’état-major a estimé « les têtes de la discorde, qui ont été démasqués, ainsi que leurs actes criminels et pernicieux néfastes pour l’Algérie, sont aujourd’hui en train de subir la sanction juste et équitable qu’elles méritent par la force de la loi », avant d’annoncer que « ce sera également le sort de tous ceux qui sont impliqués dans le complot contre l’Armée Nationale Populaire et l’Algérie, en commettant des actes criminels ».

« Ceux-là même que les enquêtes persévérantes et approfondies en cours, ne manqueront pas de dévoiler dans l’avenir et seront eux aussi sanctionnés de manière juste et équitable par la force de la loi », a mis en garde Gaïd Salah.

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