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Eau douce : l’Algérie parmi les pays les plus pauvres

Eau douce : l’Algérie parmi les pays les plus pauvres

La pluie qui tombe en Algérie ces dernières semaines rappelle les difficultés que rencontre le pays dans la fourniture en eau, ressource peu abondante mais pourtant vitale et cruciale.

L’Algérie est classée parmi les pays les plus pauvres en eau douce par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le pays ne dispose que de 11,5 milliards de mètres cubes d’eau renouvelable par an, donnant une moyenne annuelle située entre 290 et 292 mètres cubes par personne alors que la moyenne mondiale est de 6.000 m3. L’Algérien ne dispose donc que de 3,5% de la moyenne mondiale.

La planète Terre, dont 97% de l’eau est salée, est traversée par un flux d’eau douce renouvelable de 42.810 milliards de mètres cubes par an, soit 16.216 litres par jour et par terrien, toujours selon les données de la FAO. Cette quantité représente près de quatre fois la consommation des habitants des États-Unis). En prélevant près de 4.000 milliards de mètres cubes d’eau douce en 2014, l’être humain consommait donc moins d’un dixième des ressources renouvelables à sa disposition.

Le problème se situe en fait dans la répartition géographique des ressources hydriques. En effet, plus d’un quart des ressources renouvelables (n’incluant pas les glaces de l’Antarctique, représentant environ 60% des réserves de la planète) se trouvent en Amérique latine.

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, régions aux ressources par habitant critiques, disposent de soixante fois moins d’eau que l’Amérique latine. Selon la FAO, 45 pays comme l’Afrique du Sud, Chypre ou le Maroc sont en situation de pénurie (définie par les Nations unies lorsque les ressources sont inférieures à 1.000 mètres cubes par habitant par an), dont 29 comme Israël ou le Qatar en situation de pénurie extrême (moins de 500 mètres cubes). Avec ses 290 mètres cubes par an et habitant, l’Algérie est présente dans la catégorie des pays en situation de pénurie extrême.

Les réserves souterraines, dont dépend un tiers des habitants de la planète, sont menacées d’épuisement, s’alarme en outre l’ONU. 20% d’entre elles sont surexploitées. Des experts s’inquiètent d’une possible disparition, d’ici quelques dizaines d’années, des réserves aquifères dans une partie du bassin du Gange en Inde, dans le sud de l’Espagne et de l’Italie, ou encore dans la vallée centrale de la Californie.

Alors que les retraits annuels d’eau douce ont déjà plus que doublé dans le monde entre 1964 et 2014 (dû à la croissance de la population, l’urbanisation et l’industrialisation), la demande dans les villes va encore augmenter de 50% d’ici 2030 selon l’ONU. La pollution, le changement climatique et une mauvaise gestion des ressources sont autant d’autres facteurs pesant sur la distribution en eau, note pour sa part la Banque mondiale.

Rôle du réchauffement climatique

« Notre problème de manque d’eau [en Algérie] n’a pas commencé avec les changements climatiques. Il a toujours existé et il existera toujours », déclarait en octobre dernier le Professeur Mouhouche, de l’École supérieure d’agronomie d’Alger, aux ondes de la radio nationale. Le rôle du réchauffement climatique ne doit toutefois pas être négligé.

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Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) soulignait en effet en 2014 que pour chaque degré Celsius de réchauffement climatique, environ 7% de la population mondiale perdrait au moins 20% de ses ressources en eau renouvelable.

Selon les scientifiques, la planète a déjà gagné 1°C depuis l’ère préindustrielle, tandis que l’accord de Paris vise à contenir la hausse des températures sous 2°C, voire 1.5°C. Le Giec prévoit ainsi des sécheresses plus importantes et plus fréquentes dans les zones déjà arides, réduisant les ressources en eau.

Les ressources hydriques demeurent vitales pour l’essor de l’agriculture, qui consomme le plus d’eau dans le monde, avec 70% de l’eau prélevée, en majeure partie par l’irrigation. L’agriculture se place loin devant l’industrie (19%) et l’usage domestique (11%), selon des données de la FAO.

De fortes disparités existent entre les régions. Dans la région Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, l’agriculture consomme 85% de l’eau prélevée, tandis que l’usage domestique et l’industrie représentent 10% et 5% respectivement. En Asie du Sud, l’eau consommée par l’agriculture représente 91% des ressources prélevées, contre 7% pour l’usage domestique et 2% pour l’industrie.

À l’opposée, dans l’Union européenne et en Amérique du Nord c’est l’industrie qui consomme le plus d’eau, avec plus de la moitié de l’eau prélevée (51% en UE et 53% en Amérique du Nord). L’agriculture vient en deuxième position, avec le tiers des ressources hydriques prélevées (30% en UE, 34% en Amérique du Nord). L’usage domestique est loin derrière, représentant 18% en UE et 13% en Amérique du Nord de l’eau douce prélevée.

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