L’Algérie a beaucoup d’ambitions, notamment économiques, pour l’année 2023, la quatrième et avant-dernière du mandat du président Abdelmadjid Tebboune. Les objectifs annoncés se rencontrent sur un point : ils sont tous tributaires d’une véritable relance de l’investissement.
Il avait été annoncé que l’année qui s’achève allait être celle de l’économie par excellence. Elle l’a été, mais seulement dans le sens où des mesures supplémentaires ont été prises pour améliorer le climat des affaires et créer une atmosphère favorable à l’investissement productif.
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L’année 2022 a vu la promulgation de la loi sur l’investissement avec la publication des textes d’application et une détermination à lutter contre les entraves bureaucratiques qui se dressaient devant des milliers de projets.
Il n’y a pas encore d’estimation chiffrée de l’incidence des nouvelles mesures sur le taux de croissance, mais on sait que pour 2023, l’Algérie nourrit de grandes ambitions.
« La véritable croissance, c’est celle qui nous permettra de rejoindre les BRICS », avait déclaré le président de la République en septembre dernier, lors d’une rencontre avec les walis.
L’adhésion de l’Algérie au groupe qui compte la Chine, la Russie, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud a été évoquée presque tout au long de l’année 2022. Se concrétisera-t-elle pendant l’année 2023 ?
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Le chef de l’État en a encore parlé lors de son entrevue avec la presse nationale, le week-end dernier. Abdelmadjid Tebboune a indiqué que la Russie et la Chine sont favorables à l’adhésion de l’Algérie et espéré que le Brésil adoptera la même position après le changement politique survenu dans ce pays.
Au-delà des considérations politiques et géostratégiques, l’adhésion aux BRICS est conditionnée par une performance économique déterminée dans les statuts du groupe : avoir une croissance du PIB d’au moins 5 % par an. Selon M. Tebboune, l’adhésion de l’Algérie aux Brics « suppose un PIB supérieur à 200 milliards de dollars ».
En 2021, l’Algérie a réalisé un PIB de 165 milliards de dollars. En 2022, le PIB de l’Algérie devrait dépasser légèrement 190 milliards de dollars, tiré vers le haut par la hausse exceptionnelle des recettes pétrolières du pays.
Pour l’année en cours, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de 2,9 % pour l’économie algérienne, avant d’accélérer en 2023.
L’Algérie veut doubler ses exportations de gaz
L’Algérie peut dépasser 5 % de croissance et 200 milliards de dollars de PIB si les autres objectifs fixés par les autorités sont atteints. Le pays table sur 7 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures dès 2022, et sur 10 milliards en 2023.
Mais l’objectif le plus ambitieux concerne les hydrocarbures et il a été annoncé tout récemment par le président de la République : doubler les exportations algériennes de gaz. L’Algérie produit actuellement environ 102 milliards de mètres cubes de gaz, dont la moitié est destinée à l’exportation.
Le 13 décembre, à l’inauguration de la Foire de la production nationale, Abdelmadjid Tebboune a émis le souhait de doubler dès 2023 les volumes de gaz destinés à l’exportation. Il s’agit donc de produire au moins 50 milliards de mètres cubes supplémentaires, si la consommation domestique est maintenue à son niveau actuel. En l’état actuel des découvertes annoncées par Sonatrach et des réserves de gaz conventionnel de l’Algérie, cet objectif ne sera pas facile à éteindre.
Le challenge nécessite d’énormes investissements, mais si l’Algérie le réussit, et sachant la forte demande de l’Europe et la flambée actuelle des prix, elle aura boosté fortement son PIB tout en trouvant les ressources pour financer le reste des objectifs et des actions programmées.
La manne pourrait être plus conséquente si l’idée avancée tout récemment par le chef de l’État est mise à exécution, à savoir l’exportation de l’excédent d’électricité vers l’Europe via un câble sous-marin.
Parmi les autres objectifs annoncés et qui nécessitent de forts investissements, celui de porter la production de céréales à 9 millions de tonnes par an. Atteindre un rendement moyen de 30 quintaux/ha sur trois millions d’hectares emblavés est un objectif réalisable à court terme au vu des potentialités du pays, selon M. Tebboune.
L’année 2023 devrait être aussi celle de la mise en place d’une industrie véritable, à commencer par l’automobile, dont une première grande usine devrait être ouverte par le groupe Stellantis au courant de cet exercice.
Toutes ces actions, si elles sont réalisées même en partie, permettront de contribuer à la concrétisation de l’autre objectif qui revient régulièrement dans les interventions présidentielles : l’appréciation de la valeur de la monnaie nationale.
Un dinar plus fort permettra un réel soutien au pouvoir d’achat des citoyens, l’autre promesse phare des autorités, et fera en sorte que les augmentations de salaires, qui se poursuivront en 2023, ne soient pas un coup d’épée dans l’eau en donnant lieu à une forte inflation.
Toutefois, les ambitions économiques qui peuvent paraître démesurées affichées par le président Tebboune sont conditionnées par la relance de l’économie nationale et la lutte contre l’informel.
Cette relance suppose des mesures fortes pour lutter contre la bureaucratie et rétablir la confiance des investisseurs nationaux et étrangers, qui a été sérieusement altérée ces dernières années, par les enquêtes sur la grande corruption ainsi que les changements fréquents de lois et de réglementations régissant l’activité économique en général.