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Élections législatives : les premiers enseignements

Élections législatives : les premiers enseignements

Sidali Djarboub / NEWPRESS)
Noureddine Bedoui, ministre de l'Intérieur & des Collectivités locales, annonçant les résultats des élections législatives du 4 mail

ANALYSE. Sans surprise, les deux partis du pouvoir préservent leur hégémonie sur la scène politique à la faveur des législatives du 4 mai. Le FLN et le RND se partagent plus de 50% des sièges à l’APN, ce qui leur permet de continuer de gouverner sans avoir à nouer de nouvelles alliances.

 

Sans surprise également, l’opposition se retrouve reléguée au second rang. Les islamistes, malgré les alliances mises en place pour peser, n’ont pu obtenir que 67 sièges. Le PT reçoit un coup dur avec seulement 10 sièges. Le FFS et le RCD ont échoué, y compris dans leur propre fief, en Kabylie.

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Taux d’abstention record

Le premier chiffre, le plus important, à retenir de ces élections est le fort taux d’abstention. Plus de 60% des électeurs ont boudé les urnes. Un geste politique lourd de sens. La cinquantaine de partis engagés sur le terrain, de toutes tendances, n’ont pu mobiliser les Algériens.

Un véritable échec surtout pour le pouvoir qui avait beaucoup misé sur cette élection, la première après la révision constitutionnelle de 2016, pour donner du crédit à son action. À ce taux, il faudra ajouter les bulletins blancs, dont le nombre n’a encore pas été fourni.

La crédibilité de ce Parlement est sérieusement entachée. Elle le restera sans doute pendant les cinq prochaines années. Idem pour les projets qui seront voté par les députés.

Pourtant, le pouvoir a resserré l’étau autour des boycotteurs, avant et durant la campagne électorale. Leurs activités n’ont pas été autorisées. Il a également tenté de discréditer les partisans du boycott à travers des messages parfois anxiogènes sur la sécurité et la stabilité. Mais cette stratégie n’a pas porté. Les Algériens ne sont pas montrés sensibles à ce discours.

Le FLN affaibli par les dissensions

Djamel Ould Abbas avait promis de rafler la majorité et de faire mieux qu’en 2012. À l’arrivée, le FLN perd 25% de ses sièges au Parlement. Au regard du taux de participation faible par rapport à 2012, il a également sans doute perdu beaucoup de voix.

À peine les résultats connus, les premières critique se font entendre au sein du parti. Un cadre FLN nous confie son désarroi : « À Alger, nous avons obtenu 10 sièges seulement et pourtant, le parti a consacré un grand budget pour la campagne électorale ».

Le FLN n’a pas engagé que des budgets importants. Le parti a mobilisé une partie du gouvernement et le premier ministre Abdelmalek Sellal dans la campagne électorale. Ould Abbes a également joué la carte Bouteflika, président du parti. Mais cela n’a pas suffi à l’ex-parti-unique.

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Certes le FLN reste la première force politique au pays, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, mais ce recul aura certainement des répliques fortes sur le parti dans les prochains jours. Des secousses qui risquent d’atteindre la direction du parti. Ould Abbes a engagé sa responsabilité avant la campagne en se déclarant « responsable de l’échec comme de la réussite du parti ».  

Le petit pas du RND

Le RND fait mieux que le FLN. Il gagne 29 sièges supplémentaires, réalisant une avancée symbolique par rapport à 2012. Mais le parti reste loin, très loin du FLN et surtout il ne profite pas de la faiblesse de son allié au sein du pouvoir.

Pourtant, son chef Ahmed Ouyahia s’était engagé personnellement dans la bataille des législatives en sillonnant le pays et se démarquant fortement du gouvernement et du FLN.

Le remaniement peut attendre

La victoire du FLN – RND va permettre à Bouteflika de continuer à fonctionner avec l’actuel gouvernement et son premier ministre Abdelamelk  Sellal, ce dernier étant issu du FLN. Le remaniement pourra donc attendre. Sauf si Bouteflika en décide autrement.  La décision sera connue dans les prochains jours.

Une chose est sûre : Bouteflika devra remplacer ou réintégrer les ministres en congé très rapidement. « Il y a des secteurs sensible qu’on ne peut pas gérer par intérim pour une longue durée », explique une source au  gouvernement.

L’opposition piégée

Avant même l’annonce des résultats, l’opposition a dénoncé des fraudes. Mais l’opposition est bien tombée dans un véritable piège. En prenant part au scrutin, ces partis ont, en effet, légitimé le processus électoral et le discours du pouvoir qui vantait la crédibilité des élections.

Aujourd’hui, leurs accusations de fraude risquent de passer rapidement aux oubliettes. À moins qu’ils décident de renoncer à siéger à l’APN. Ce qui est très peu probable.

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