Les résultats des élections régionales et municipales tenus en Espagne ce dimanche 28 mai ont été sans appel : le parti socialiste du chef du gouvernement Pedro Sánchez a essuyé une défaite cinglante face à la droite représentée par le Parti populaire dirigée par Alberto Nuñez Feijóo.
Les résultats des élections régionales et municipales ont une portée nationale que semble bien saisir Pedro Sánchez. « Le sens du vote transmet un message qui va au-delà », reconnaît-il dans une intervention télévisée diffusée lundi matin.
En réaction à la défaite, le chef du gouvernement espagnol a annoncé avoir tenu une réunion avec le Roi Felipe VI pour lui annoncer la dissolution de las Cortes Generales, le parlement espagnol, ainsi que l’organisation des élections générales pour le 23 juillet « selon les délais prévus dans la constitution ». Les élections générales devaient se tenir initialement vers la fin de l’année 2023.
La décision sera publiée mardi matin au journal officiel du Royaume d’Espagne, a annoncé Pedro Sánchez. « En tant que président du gouvernement et secrétaire général du PSOE, j’assume personnellement les résultats et je crois nécessaire de donner une réponse et de soumettre notre mandat démocratique à la volonté populaire », a-t-il ajouté.
Une défaite prévisible pour Pedro Sánchez
Le chef du gouvernement espagnol s’est beaucoup investi dans la campagne électorale en tant que secrétaire général du Parti socialiste pour apporter son soutien aux candidats de sa formation politique. La défaite lors des élections régionales est un message clair de la part des électeurs espagnols qui ont désavoué la politique menée par les socialistes dans les différentes communautés autonomes espagnoles, mais aussi dans les municipalités.
En chiffres, le Parti socialiste a recueilli un peu plus de 6,2 millions de voix alors que le parti populaire en a été crédité de plus de 7 millions de voix, selon les chiffres du site la Nueva España.
Grand vainqueur après le scrutin de dimanche, qui a connu une participation de l’ordre de 68%, le chef de file du parti populaire Alberto Nuñez Feijóo a estimé, en réaction aux résultats des élections régionales et municipales, que l’Espagne a entamé un « nouveau cycle politique ».
Gracias, muchas gracias a los 7 millones de personas que nos han dado su confianza.
Hemos dado #ElPrimerPaso para abrir un nuevo ciclo político en España. pic.twitter.com/3PgbBL9ITq
— Alberto Núñez Feijóo (@NunezFeijoo) May 28, 2023
Désavoué sur le plan régional, Pedro Sánchez pourrait bien connaître le même scénario le 23 juillet prochain à l’occasion des élections générales.
Le chef du gouvernement espagnol a été beaucoup décrié ces derniers mois par ses opposants de droite, mais aussi par ses alliés de gauche avec lesquels il forme la coalition gouvernementale.
Pari risqué pour Pedro Sánchez
Un des sujets sur lequel Sánchez a essuyé le plus de critiques est sa gestion du dossier du Sahara occidental. Le revirement qu’il a opéré en mars 2022 a eu des conséquences graves sur les relations entre l’Espagne et l’Algérie.
En effet, Yolanda Díaz, vice-présidente du gouvernement espagnol, n’a pas hésité à exprimer publiquement son désaveu de la politique extérieure menée par son allié Pedro Sánchez.
Affirmant considérer le Maroc comme « une dictature », celle qui est également ministre du Travail et de l’Économie sociale a promis, en avril dernier, de revenir à la position initiale de l’Espagne sur le Sahara occidental, celle de la neutralité, contrairement à l’alignement décidé par Sánchez sur la proposition marocaine d’autonomie.
Les divisions avec des formations politiques de gauche et les résultats de dimanche mettent Pedro Sánchez encore plus sous pression en vue du vote de juillet.
En décidant de remettre en jeu son mandat électoral avant l’heure, Pedro Sánchez espère pouvoir convaincre ses alliés de gauche de poursuivre l’alliance politique pour faire face à la droite et à l’extrême droite représentées par le Parti populaire et Vox.
Pedro Sánchez doit composer avec les partis de gauche qui sont en désaccord avec lui sur sa gestion de l’équilibre des relations avec le Maroc et l’Algérie, mais aussi sur la gestion de la question du Sahara occidental qui compte beaucoup de soutiens historiques au sein de la gauche espagnole.
Le chef du gouvernement espagnol devra jouer à l’équilibriste pour tenter d’éviter une défaite face à la droite revigorée par sa victoire aux élections régionales et qui entend bien continuer sur sa lancée en enchaînant un autre succès lors des élections générales de juillet prochain.