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Elle a atteint 180 DA le kilo : pourquoi la pomme de terre flambe

Elle a atteint 180 DA le kilo : pourquoi la pomme de terre flambe

Ce n’est pas inhabituel que pendant le Ramadan, les prix des produits alimentaires comme la pomme de terre flambent en Algérie. Et le Ramadan de cette année n’a pas dérogé à cette règle. Bien au contraire. L’envolée des prix de certains produits de grande consommation a atteint des sommets jusque-là jamais égalés.

Incontournable pour le consommateur algérien, la pomme de terre a vu son prix passé en quelques mois de 60 DA à 180 DA le kilogramme, dans certaines régions du pays.

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Pour Hazab Benchohra, secrétaire général de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), bien qu’elle soit « inacceptable« , cette augmentation « était prévisible« .

« Ce n’est pas étonnant. Nous avions annoncé que le prix de la pomme de terre allait dépasser les 150 DA. Tous les paramètres indiquaient que nous allions en arriver là« , a-t-il déclaré à TSA ce lundi.

« Une arme à double tranchant »

M. Benchohra avance trois arguments pour expliquer la nouvelle flambée du prix de la pomme de terre : la nouvelle loi relative à la lutte contre la spéculation, qui prévoit, entre autres, des peines pouvant aller jusqu’à trente ans de prison à l’encontre des spéculateurs, les conditions climatiques et la saisie de quantités de semences de pommes de terre.

« La nouvelle loi interdit le stockage de la pomme de terre. Cela a poussé, d’une part, l’agriculteur à ne pas produire en grande quantité par peur qu’il soit bloqué avec sa production, et qu’il ne sache pas où la stocker. Le commerçant, de son côté, n’achète plus en grande quantité. Maintenant, il achète uniquement au jour le jour et en fonction de ce qu’il peut vendre dans la journée« , a-t-il détaillé.

« Cette nouvelle loi est une arme à double tranchant. Certes, elle permet d’effrayer les spéculateurs. Mais elle a provoqué, aussi, une certaine peur chez les vrais agriculteurs et les vrais commerçants. Cela a créé quelques problèmes« , a ajouté M. Benchohra.

« À cela s’ajoutent les conditions climatiques. Cette année, il n’y a pas eu beaucoup de pluie, cela explique que la production soit faible. Et sans oublier que lorsqu’il y a eu des saisies de pommes de terre, des quantités de semences ont été saisies« , a-t-il dit.

Selon le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et artisans algériens, ces trois paramètres « ont incontestablement  provoqué la flambée  du prix de la pomme de terre« .

Un appel au boycott « partiel« 

Pour la première fois, l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce) a lancé, sur son compte Facebook, une campagne de boycott pour faire baisser le prix de ce tubercule.

C’est un appel au boycott « partiel » et « temporaire« , a souligné à TSA Mustapha Zebdi, président de l’Apoce.

« Le prix de la pomme de terre est excessif. 180 DA dans certaines régions. Nous sommes dans l’obligation d’agir. Ce sont des prix jamais atteints. Notre association ne peut pas rester inactive. Nous devons transmettre les doléances des consommateurs« , a-t-il dit.

« C’est la première fois que nous  faisons cela. Nous avons lancé auparavant des appels au boycott, mais il  s’agissait de produits secondaires, avec possibilité de trouver des alternatives. Là, pour la première fois, l’appel au boycott touche un produit essentiel« , a-t-il affirmé.

Il souligne qu’ « il s’agit  d’un appel au boycott temporaire et partiel. Ceux qui ont la possibilité d’acheter d’autres produits, des alternatives aux pommes de terre, qu’ils le fassent. Ceux qui ne peuvent pas, qu’ils rationalisent et achètent le minimum. C’est un signe de conscience, de révolte et d’alerte« .

« Il faut revoir le secteur en profondeur »

Depuis le début du mois de Ramadan, la hausse des prix des produits alimentaires n’a pas connu de répit en Algérie. Une hausse qui « va probablement se poursuivre« ,  a estimé M. Benchora.

« Le prix de la pomme de terre et celui de la banane sont des indicateurs. Lorsque les prix de ces produits augmentent, les prix de tous les autres fruits et légumes suivent« ,a-t-il dit, tout en soulignant que « les prix de certains produits, comme ceux de la carotte ou de la tomate, ont toutefois  baissé« .

Pourquoi le marché n’est-il toujours pas régulé en Algérie ?

« Ce ne sont pas toujours les gens du métier qui gèrent le secteur. On ne peut pas gérer un secteur derrière un bureau ou en imposant des lois. Il faudrait arrêter avec les solutions temporaires et revoir le secteur en profondeur« , a lancé le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et artisans algériens.

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