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En tenue de combat, Gaid Salah répond à Louisa Hanoune : est-ce bien raisonnable ?

En tenue de combat, Gaid Salah répond à Louisa Hanoune : est-ce bien raisonnable ?

MDN
Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense, chef d'État-major & général de corps d'armée, en visite à la 4e RM

En visite, mardi 23 mai, à l’École supérieure des troupes spéciales de Biskra, le vice-ministre de la Défense nationale, chef d’État-major de l’Armée nationale populaire (ANP) et général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, a tenu un discours politique.

Il a répondu à Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, sans la nommer, sur « le vote blanc » des militaires. « Le vote blanc massif des militaires est un tournant qualitatif. Il traduit qu’ils refusent l’opération, mais obligés de participer. Il traduit qu’ils refusent ce régime et à ce que l’armée soit instrumentalisée (…) Une nouvelle situation s’ouvre », avait déclaré Louisa Hanoune au lendemain de l’annonce des résultats des législatives.

Gaïd Salah a parlé d’allégations, de commentaires et d’insinuations « que le Haut Commandement de l’ANP qualifie d’infondés, voire d’inappropriés et qu’il rejette dans leur ensemble et leurs détails ».

« L’importance qu’accorde le Haut Commandement à la participation des éléments militaires à tous les rendez-vous électoraux à travers l’ensemble des wilayas du pays, par eux-mêmes ou par procuration, selon les lois de la République et en totale et parfaite coordination avec le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, n’a besoin ni d’affirmation ni de preuve », a-t-il ajouté.

Ahmed Gaïd Salah, qui joue sur la sémantique, a évoqué « la participation » au vote. Il est évident que voter blanc est une participation, pas un boycott.

Cela dit, le général de corps d’armée parle au nom du Haut Commandement de l’armée, mais le fait-il comme ministre de la Défense ou chef d’État-major ? Le haut gradé cumule les deux postes depuis septembre 2013, créant une confusion sur l’implication directe de l’armée dans les affaires politiques.

Plus grave, l’officier supérieur a répondu à Louisa Hanoune en tenue de combat et à l’intérieur d’une enceinte militaire, pas dans un espace civil. Est-ce une erreur de communication ou de choix délibéré ? Ou s’agit-il d’une menace déguisée à l’adresse d’un parti d’opposition et, à travers lui, à tous ceux qui s’opposent au pouvoir ?

« Bras politique »

Mais Gaïd Salah n’est pas à son coup d’essai en la matière. Après la désignation d’Amar Saâdani à la tête du FLN par le congrès en juin 2015, le chef d’État-major lui avait adressé une lettre de félicitation. La missive adressée à Saâdani avait suscité la polémique sur la neutralité de l’armée, surtout que le FLN, alors parti unique, était « le bras politique » de l’ANP durant les années 1970-1980, l’époque des colonels Houari Boumediene et Chadli Bendjedid.

Il est largement constaté dans les pratiques politiques en Algérie que le vice-ministre de la Défense (le ministre de la défense est un poste occupé par le président de la République) est le seul qui ne se rend pas au Parlement ni ne rend compte aux députés et sénateurs de la manière avec laquelle il dépense le budget pourtant voté à l’APN.

Est-ce normal ? Le ministère de la Défense, qui bénéficie du plus gros budget de fonctionnement, n’est-il pas un département comme les autres ? Le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, siège en tant que vice-ministre de la Défense, au Conseil des ministres toujours en tenue militaire donnant l’impression que l’armée est membre à part entière du gouvernement.

Le discours tenu ces dernières années parle pourtant de l’ANP comme une armée républicaine qui « assume ses responsabilités constitutionnelles de protection du pays ». « Elle se considère comme la forteresse de l’Algérie et l’essence de sa force et de sa fierté », a souligné Gaïd Salah à Biksra.

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