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Entretien avec Hassan Khelifati, candidat à la présidence du FCE

Entretien avec Hassan Khelifati, candidat à la présidence du FCE

Le FCE élira un nouveau président le 22 juin pour remplacer Ali Haddad, démissionnaire, et qui est incarcéré à la prison d’El Harrach. Le PDG de la compagnie Alliance assurances, Hassan Khelifati, est candidat à cette élection. Entretien.

Vous avez a décidé de vous porter candidat à la présidence du FCE. Pourquoi ?

Après le départ de l’ancien président (Ali Haddad, NDLR) et tout ce qui s’est passé au sein du FCE à la suite du mouvement populaire, beaucoup d’amis, inquiets de l’avenir du FCE, m’ont sollicité pour me présenter et porter un projet. Après mûre réflexion, et après avoir étudié si le contexte était le bon, si cette entreprise valait bien d’être tentée, et après avoir songé s’il ne valait pas mieux créer quelque chose de nouveau après tout ce qui s’est passé, j’ai finalement décidé de me lancer.

Quel est votre projet ?

En fait, j’ai proposé un projet de rupture et de refondation. J’ai dit que nous serons porteurs de ce projet, c’est-à-dire que nous allons proposer aux membres un projet clair de rupture avec les pratiques de gouvernance de l’ancienne équipe, notamment sur le volet politique. C’est-à-dire l’implication dans la politique d’une institution comme le Forum. Pour autant, nous ne disons pas que le Forum ne doit pas parler avec les politiques. Nous disons que le Forum en tant qu’institution ne doit plus s’impliquer dans les élections et les joutes politiques, dans les soutiens et les campagnes électorales. Ce n’est pas de son ressort. Aussi, nous devons avoir des relations apaisées, cordiales, de coopération, de collaboration et professionnelles avec toutes les institutions et partenaires sociaux, associations et syndicats.

Y a-t-il d’autres points sur lesquels se fonde votre projet de rupture ?

Ce projet de rupture vise aussi l’inclusion de tous les membres pour qu’ils soient acteurs de la vie future du forum. N’oublions pas qu’en 2017, il y a eu un changement statutaire qui a exclu tous les membres en créant le 1er et le 2e collège. Nous voulons rassembler et réintégrer, ouvrir les portes du forum pour que les anciens membres reviennent aussi. C’est vrai que le forum a pris une dimension nationale avec l’installation des délégations de wilayas, mais les délégués sont complètement marginalisés de la décision et livrés souvent à eux-mêmes et sans écoute, d’où notre projet de donner plus de rôle exécutif aux délégués à travers un mécanisme de représentation dans l’Exécutif.

Les délégués seront le fer de lance du nouveau forum et ils auront un rôle plus décisif à l’avenir. L’accès aux responsabilités dans les organes exécutifs doit être basé sur le mérite, la compétence, l’expertise et l’expérience et nous proposons même une dose de proportionnel dans le vote directe des organes exécutifs afin d’ouvrir la porte aux compétences et ne pas laisser la décision a la discrétion d’une minorité.

Nous œuvrons aussi pour que le forum soit le porte-parole des aspirations de ses membres. C’est-à-dire instaurer plus de démocratie et aussi le vote électronique pour permettre à tout un chacun de participer dans les décisions même s’il ne peut pas se déplacer à chaque fois. Le vote électronique interviendra que ce soit dans les questions électorales et les questions d’intérêt commun. S’il y a une problématique économique qui se pose et que le forum doit prendre position, on préfère poser la question aux membres, recueillir leurs avis et faire sortir un avis majoritaire et le président et son équipe en seront les porte-parole et les porte-voix de cette position.

Comment se décline votre programme économique ?

Notre position était claire au forum. Nous sommes pour la liberté d’entreprise, la libéralisation des initiatives, la débureaucratisation et la transparence. Mais nous voulons que tout cela soit concrétisé sur le terrain. Nous sommes pour l’indépendance de la justice en ce qui concerne les affaires économiques. La justice doit être indépendance de tout. En ce qui concerne les affaires économiques, si un chef d’entreprise a un problème avec une institution ou une administration, il ne faut pas que la justice se sente obligée de donner raison à l’administration.

Nous sommes pour la liberté totale d’entreprendre sans exclusive, et nous sommes pour le libre marché mais avec une réglementation claire et transparente. Nous militons aussi pour que l’État -et c’est le projet que nous allons défendre- revienne à ses missions régaliennes de régulateur, et de producteur de lois. L’État ne doit pas s’immiscer dans la gestion économique ni dans l’activité économique en tant qu’acteur sauf pour certains secteurs dits stratégiques. Tout type de partenariat doit être encouragé et pris en charge dans un cadre réglementaire clair, transparent, encourageant et motivant.

Nous défendons aussi la refondation du pacte social entre la société et l’entreprise, lieu central de création d’emplois et de richesses. La création d’emplois pour notre jeunesse est une priorité absolue. Nous devons travailler dur pour rendre l’espoir à cette jeunesse qu’il y aura un avenir meilleur dans son pays.

Quel est l’impact de la conjoncture politique sur l’économie et les chefs d’entreprise ?

Écoutez, il est vrai que la conjoncture politique actuelle est inquiétante. Le blocage politique risque de déboucher sur une aggravation de la crise économique. Aujourd’hui, les chefs d’entreprises sont inquiets à cause de la crise économique qui devient de plus en plus dure. La première vague d’arrestations (d’hommes d’affaires, NDLR) a fait peur à la communauté d’affaires. Certainement qu’aujourd’hui, il y a lieu de respecter la présomption d’innocence, après il faut que la justice soit indépendante et qu’elle fasse son travail en toute liberté. À cause de cette crise politique, beaucoup d’entreprises sont soit à l’arrêt soit elles fonctionnent au ralenti. Cela inquiète énormément les chefs d’entreprises d’autant que la consommation globale des ménages a baissé. Il y a beaucoup d’unités de production qui ne fonctionnent pas à 100%. À tout cela s’ajoute la peur des managers quant à engager de nouveaux investissements et de se projeter sur l’avenir.

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