search-form-close
ENTV : les sanctions pleuvent sur les journalistes

ENTV : les sanctions pleuvent sur les journalistes

Plusieurs journalistes et techniciens de l’ENTV affirment avoir été sanctionnés pour avoir pris position publiquement en faveur du mouvement populaire de contestation et pour l’ouverture des antennes de la télévision publique.

La journaliste Nadia Madassi, qui avait démissionné début mars de son poste de présentatrice de Canal Algérie, publie sur son compte twitter une liste de cinq collègues « sanctionnés pour leur engagement contre le musellement de l’information ». Il s’agit d’Ali Haddadou, Mélina Yacef, Abderrazak Siah, Imène Slimane et Abdelmadjid Benkaci.

« Je suis sanctionné à mon tour. Un avertissement écrit à verser dans mon dossier, en plus d’incidences financières sur mon salaire du mois en cours, pour une seule raison, un seul tort : avoir défendu la liberté d’expression, défendu le service public dans une télévision publique, pour notre combat contre la censure », écrit Abdelmadjid Benkaci sur Facebook.

Le journaliste a été destinataire d’un avertissement après avoir participé à un débat sur les médias publics sur la chaîne Berbère Télévision « sans avoir l’autorisation ».

Abdelmadjid Benkaci précise qu’il est puni parce qu’il fait partie des initiateurs d’un collectif des professionnels de l’audiovisuel de la télévision publique « qui se bat pour une information juste et impartiale » et qui organise des débats chaque lundi.

« Nous sommes sanctionnés- car je ne suis pas seul -, des collègues de l’ENTV ont été interdits d’écran ou ont vu leurs émissions suspendus au moment où notre constitution et tous les textes sur les médias prônent la liberté d’expression et le libre exercice de notre métier. La télévision publique sanctionne ses journalistes pour avoir osé revendiquer un droit. Notre combat se poursuivra, car nous y croyons et sommes déterminés à aller jusqu’au bout », souligne Abdelmadjid Benkaci.

Mélina Yacef confirme, sur son compte Facebook, l’arrêt de son émission « Sur la voie du changement », « manu militari et en plein saison ».

« Cette décision que je juge inique et répressive est clairement dictée à cause de mon engagement auprès du collectif des professionnels de l’audiovisuel de l’EPTV, mais aussi à cause de mes opinions exprimées dans cet espace de liberté qui est mon profil (Facebook) », écrit-elle.

Elle annonce que son engagement auprès du collectif des journalistes et des techniciens de la télévision demeure entier.

« Assurer le service public »

Pour avoir critiqué publiquement, la gestion de l’information à l’ex-RTA, Abderrezak Siah a été écarté de la présentation des journaux de l’A3 depuis le 3 mai 2019. « Notre principale mission consiste à assurer le service public. J’appelle tous les journalistes de la télévision et les jeunes du Hirak à soutenir pacifiquement notre combat », déclare Abderrezak Siah à Berbère Télévision.

Le journaliste et animateur Sid Ali Haddadou est le premier, selon ses collègues, à faire l’objet de pression de la part de l’administration depuis qu’il a partagé, le 11 février 2019, un poste dénonçant le 5ème mandat pour Bouteflika et appelant à la marche du 22 février qui a annoncé le début du mouvement populaire de contestation.

Imène Slimane a, elle, été mutée du service technique de l’ENTV vers un autre service pour avoir soutenu ce mouvement de contestation. « Rendez-moi mon cœur. La technique c’est dans mon sang », lance-t-elle sur son compte Facebook.

Des techniciens se sont solidarisés avec elle en organisant un rassemblement au 21, Boulevard des Martyrs, siège de la télévision publique. Après avoir ouvert partiellement l’antenne à l’opposition, l’ENTV a considérablement réduit la couverture des marches du vendredi ces trois dernières semaines et limité la fréquence des débats.

  • Les derniers articles

close