Une nette victoire et un moment de communion: le FC Barcelone a remporté un succès poignant face au Betis Séville (2-0) dimanche pour la reprise du Championnat d’Espagne, rendant un peu le sourire à une ville endeuillée par les attentats en Catalogne.
Dans un Camp Nou qui s’est recueilli en mémoire des victimes, le Barça s’est imposé grâce à un but contre son camp d’Alin Tosca (37e) et un plat du pied de Sergi Roberto (39e), alors que l’attaquant-vedette Lionel Messi a trouvé trois fois les montants.
Voilà le club catalan provisoirement en tête du classement de Liga pour cette 1re journée, en attendant le déplacement du Real Madrid, champion d’Espagne en titre, à La Corogne en soirée (20h15 GMT).
Mais l’essentiel, pour les Barcelonais, était ailleurs. Il s’agissait de communier avec une ville et une région endeuillée par les attaques qui ont fait 14 morts jeudi à Barcelone et vendredi dans la ville balnéaire de Cambrils.
Dans un stade cerné par un dispositif de sécurité renforcé, 14 sièges vides drapés de noir rendaient hommage aux victimes. Et le club blaugrana a multiplié les marques de deuil: drapeaux en berne, brassards noirs pour les joueurs et maillot commémoratif comportant dans le dos le mot « Barcelona ».
La minute de silence d’avant-match a été respectée avec émotion et suivie d’une salve d’applaudissement dans les tribunes, qui semblaient remplies aux deux tiers des 99.354 places.
« Je n’ai pas peur »
Longtemps, sous la dictature franquiste (1939-1975), le Camp Nou a été un exutoire pour les Catalans, qui y retrouvaient une certaine liberté de ton dans une société muselée.
On y criait à l’époque « Liberté! ». Dimanche, les supporters ont scandé en catalan « No tinc por » (« Je n’ai pas peur ») et on pouvait apercevoir çà et là des banderoles revendicatives: une avec le mot-clé « Tots som Barcelona » (« Nous sommes tous Barcelone »), une autre avec l’un des vers de l’hymne du club, « Mai ningu no ens podra torcer » (« Personne ne pourra jamais nous courber »).
Au pays du football-roi, le report des matches de la 1re journée, ce week-end, n’a même pas été envisagé. La Ligue espagnole de football a simplement annoncé la tenue d’une minute de silence avant chaque rencontre et dit souhaiter que les rencontres se tiennent « en toute normalité ».
Sur le terrain, le Barça ne s’est pas laissé submerger par l’émotion, dans le sillage de son capitaine Messi, exemplaire.
Même orphelin du Brésilien Neymar, parti au Paris SG, et de l’avant-centre uruguayen Luis Suarez, blessé, le quintuple Ballon d’Or argentin a été décisif. Il a expédié pas moins de trois tentatives sur les poteaux adverses (35e, 60e, 81e) et raté de peu son 350e but inscrit en Liga.
Allant
C’est sous sa menace que le défenseur du Betis Tosca a malencontreusement poussé un centre de Gerard Deulofeu dans ses propres filets (37e). Deux minutes plus tard, le même Deulofeu a chipé un ballon et centré en retrait pour Sergi Roberto, qui n’a eu qu’à pousser le ballon au fond pour doubler la mise (39e).
Entretemps, le Betis aurait pu égaliser mais l’Argentin Javier Mascherano s’est jeté in extremis pour chiper un ballon de but dans les pieds de Sergio Leon (38e).
Bref, après l’humiliante défaite subie en Supercoupe d’Espagne face au Real Madrid (3-1, 2-0), le Barça et son nouvel entraîneur Ernesto Valverde ont retrouvé un peu d’allant dans le jeu.
Sergi Roberto a été très bon dans le rôle de milieu gauche habituellement dévolu au capitaine Andres Iniesta, Deulofeu n’a pas démérité en attaque et la recrue portugaise Nelson Semedo a montré une activité prometteuse en latéral droit.
De quoi rendre un peu le moral aux Barcelonais, éprouvés par ces attaques sanglantes. Et désireux d' »aller de l’avant », comme l’a résumé Valverde.