L’Algérie et la France sont entrées dans un engrenage d’expulsions réciproques de diplomates et d’agents consulaires. Dimanche 12 mai, Alger a officiellement demandé le rapatriement de 15 agents français “objet d’une affectation dans des conditions irrégulières”. Paris a réagi ce lundi par la voix du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot qui a promis une réponse “immédiate” et “proportionnée”.
Les deux pays sont en crise depuis fin juillet 2024. Une tentative de rapprochement début avril a tourné court suite à l’arrestation et l’incarcération en France d’un agent consulaire algérien dans le cadre d’une enquête sur une présumée tentative d’enlèvement du cyberactiviste Amir DZ.
L’Algérie a réagi par l’expulsion de 12 agents de l’ambassade et des consulats de France, tous placés sous l’autorité du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qu’Alger a accusé nommément d’être le responsable du retour brusque de la relation bilatérale à la case départ. Le 16 avril, Paris a pris une mesure similaire, expulsant le même nombre d’agents consulaires algériens et rappelant pour “consultations” l’ambassadeur en Algérie Stéphane Romatet.
Hier, dimanche 11 mai, le chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger a été reçu au ministère algérien des Affaires étrangères où il lui a été demandé de procéder au rapatriement vers la France d’agents français nouvellement affectés en Algérie “dans des conditions irrégulières”. Selon l’agence de presse officielle APS, les autorités algériennes ont constaté que quinze agents français ont été affectés récemment en Algérie pour assumer des fonctions diplomatiques ou consulaires “sans que ces affectations n’aient fait, au préalable, l’objet, ni de notifications officielles, ni de demandes d’accréditation appropriées comme l’exigent les procédures en vigueur”.
Algérie-France : Jean-Noël Barrot annonce une réponse “immédiate, ferme et proportionnée”
Parmi ces quinze agents, deux relèvent du ministère français de l’Intérieur et doivent “manifestement suppléer partiellement à ceux qui ont été récemment déclarés persona non grata”. Selon Alger, ces agents français étaient titulaires de passeports de service et ils se sont vu accorder des passeports diplomatiques “pour faciliter davantage leur entrée en Algérie”.
Ce lundi, le chef de la diplomatie française a réagi à cette nouvelle mesure de l’Algérie. “Le départ d’agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable« , a indiqué Jean-Noël Barrot dans des déclarations à la presse française, annonçant qu’il y aura une réponse « immédiate, ferme et proportionnée à l’atteinte portée à nos intérêts« . “C’est une décision que je déplore parce qu’elle n’est ni dans l’intérêt de l’Algérie ni dans l’intérêt de la France”, a ajouté le ministre français des Affaires étrangères.
Avant l’éclatement de cette nouvelle affaire de rapatriement d’agents, Jean-Noël Barrot était interrogé dimanche par France Info et Le Monde sur l’état de la relation France – Algérie et il a répondu qu’elle restait “bloquée et totalement gelée”.
Le ministre français a ajouté qu’il ne s’interdit pas de prendre de nouvelles mesures contre l’Algérie après celles concernant la circulation des porteurs de passeports diplomatiques, qui avaient été, a-t-il dit, “vivement ressenties par les personnes concernées“. Mercredi dernier, la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas avait laissé entendre que la France envisageait de ”durcir” sa “riposte graduée” vis-à-vis de l’Algérie.