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Fabrication du Spoutnik V en Algérie : quel intérêt pour la Russie ?

Fabrication du Spoutnik V en Algérie : quel intérêt pour la Russie ?

Dr Messaoud Belambri, président du Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo).

Le président du Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo), le Dr Messaoud Belambri, donne son point de vue sur les vaccins contre la Covid-19 dont l’Algérie a fait acquisition.

L’Algérie a entamé sa campagne vaccinale contre la Covid sur fond d’inquiétudes quant à l’efficacité des vaccins. Comment voyez-vous cette question ?    

S’agissant du vaccin contre la Covid, il est vrai qu’il y a des réticences, et cela a toujours été le cas pour n’importe quel autre vaccin. Des voix se sont élevées contre de soi-disant effets secondaires. Comme il est récent, il était tout à fait prévisible que certains disent que ces vaccins pourraient être un danger pour la santé humaine, qu’il y aurait des effets secondaires dangereux. Je pense qu’il faut faire confiance à la science et à nos experts.

L’Algérie a acquis le vaccin russe Spoutnik V et celui développé par AstraZeneca en collaboration avec l’université d’Oxford. Quels sont les facteurs qui plaident en faveur de ces vaccins ?  

Pour rappeler l’importance et la qualité du vaccin acquis par l’Algérie, notamment le Spoutnik V, signalons que pas moins de 50 pays dans le monde ont commandé ce vaccin efficace à plus de 91 %.

Le laboratoire russe (Gamaleya) a une commande mondiale de 1,2 milliard de doses. La Russie est en train de produire son vaccin dans plusieurs pays. Nous citerons ces grands pays qui sont avancés dans l’industrie pharmaceutique et dans la technologie biomédicale : l’Inde, le Brésil, la Chine et la Corée du sud.

Si on parle d’une éventuelle production de ce vaccin (Spoutnik) en Algérie, ce n’est pas pour rien. Nous disposons de suffisamment de structures, avec pas moins de 95 unités industrielles pharmaceutiques en activité.

Nous disposons d’un institut de renommée, l’institut Pasteur d’Algérie (IPA), et qui a déjà produit des vaccins par le passé. Nous avons aussi les compétences spécialisées dans le domaine médical, pharmacologique, pharmacie galénique, d’éminents virologues.

Ayant les compétences et les unités industrielles, ce qui nous manque c’est le transfert de savoir-faire, et là ce sont les Russes qui vont l’apporter car ce sont eux les concepteurs et les créateurs de ce vaccin.

| Lire aussi : Vaccination anti-Covid en Algérie : les critiques de Bekkat Berkani

L’Algérie et la Russie ont abordé la possibilité de fabriquer le Spoutnik V dans notre pays. Quel intérêt pour la Russie de fabriquer son vaccin en Algérie ?                 

Il faut savoir qu’il y a une course mondiale sur le plan économique et de la compétitivité et une demande mondiale très forte en matière de vaccins contre la Covid-19.

Des pays qui sont industriellement très avancés, comme la France, ont besoin de vaccins et sont demandeurs. Ils n’arrivent pas à respecter leur programme vaccinal, et ils connaissent des retards parce que les laboratoires ne leur livrent pas à la cadence convenue, à l’instar de Pfizer.

Le laboratoire américain n’arrive pas à produire les quantités de vaccin contre la Covid-19 que les pays lui ont commandées.  Il y a donc une course entre les différents laboratoires, une demande mondiale très importante, et un intérêt pour le laboratoire russe (Gamaleya) d’installer une unité de production en Algérie qui bénéficie d’un emplacement stratégique, et par le biais de l’Algérie le laboratoire est en mesure d’acheminer les quantités produites dans des délais très courts et en volumes importants.

De sorte qu’il puisse assurer l’approvisionnement des pays de notre région, que ce soit en Afrique du Nord, le Moyen-Orient, ou bien d’autres pays africains. On peut avancer que l’Algérie peut réellement être un pays producteur du Spoutnik V.

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Que pensez-vous de l’installation de l’observatoire sur les ruptures et la disponibilité des médicaments ?

Nous accueillons favorablement la création de cet observatoire. Nous avons depuis longtemps appelé à la création de ce genre d’organismes. Je rappelle juste qu’une cellule de veille existait déjà et était sous la tutelle du ministère de la Santé, malheureusement vu la Covid et les situations exceptionnelles par lesquelles est passé notre pays, les comités de concertation ne se sont plus réunis.

Maintenant, nous passons vers un observatoire national, nous avons remarqué qu’il a été élargi, contrairement au passé, au secteur public. Il y a eu notamment la convocation de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) qui s’occupe de l’approvisionnement des établissements hospitaliers privés et publics.

Il y a aussi la présence des syndicats des praticiens de santé publique (médecins généralistes, médecins spécialistes, professeurs en médecine…) ainsi que les médecins libéraux.

Nous espérons que cet observatoire travaillera avec une certaine indépendance, et qu’il ait les outils nécessaires à l’accomplissement de sa mission. Nous souhaitons qu’on n’en reste pas à une simple installation, et qu’on travaille pour trouver des solutions pour en finir avec les ruptures, ou au moins les réduire à leur plus bas niveau.

Combien de médicaments se trouvent en rupture et quelles en sont les raisons ?  

Les ruptures sont là, c’est une évidence, une réalité dont souffrent les citoyens algériens. Pour nous, ce n’est pas une question de chiffres ni de quantités. Il s’agit surtout de connaître quelles sont les raisons et les problèmes qui font que ces ruptures soient toujours là depuis des années, et dont on n’arrive pas à se débarrasser.

Mais aussi quelles sont les solutions. Le problème n’est donc pas de savoir combien de médicaments sont en rupture. L’identification des ruptures est très facile, c’est un travail de terrain et de proximité que chacun peut faire à son niveau.

Le Snapo l’a toujours fait de manière périodique, et a toujours transmis les listes recensées sur le terrain aux autorités concernées. Il s’agit de faire un bon diagnostic sur les raisons qui font que ces ruptures perdurent et rendent difficile la vie des citoyens. Des ruptures qui rendent aussi difficile l’exercice des médecins et des pharmaciens.

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