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Fermeture du gazoduc GME : le Maroc doublement pénalisé

Fermeture du gazoduc GME : le Maroc doublement pénalisé

Le spectre des pénuries de gaz plane sur le Maroc depuis la décision de l’Algérie de ne pas renouveler le contrat du gazoduc Maghreb-Europe qui a expiré le 1er novembre dernier.

Pour assurer la continuité de l’approvisionnement, le royaume est contraint à une véritable gymnastique : acheter du gaz naturel sur les marchés mondiaux, le regazéifier en Espagne puis le réimporter via le même GME.

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C’est du moins l’unique alternative qui s’offre au Maroc qui ne dispose pas de terminaux pour gérer lui-même le GNL.

Selon l’agence Bloomberg, qui cite la ministre marocaine de la Transition énergétique, Leila Ben Ali, un groupe restreint de négociants en GNL a été invité début janvier à soumissionner pour des contrats d’au moins cinq ans.

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L’idée est d’envoyer des cargaisons en Espagne, où le carburant peut être regazéifié puis l’acheminer jusqu’au Maroc.

Bloomberg souligne que l’Espagne détient près d’un tiers de la capacité européenne de regazéification de GNL mais ne dispose que d’un petit pipeline la reliant au reste du continent. Ses terminaux d’importation sont également sous-utilisés et pourraient donc servir pour l’acheminement du gaz vers le Maroc.

« Nous leur avons dit : Vous pouvez livrer dès que possible – soit en février, soit en mars – dans le port d’un pays voisin et nous pouvons l’acheminer au Maroc », a déclaré la ministre marocaine. Cela, en attendant que le Maroc dispose d’un terminal flottant pour importer du GNL. Le premier, a-t-elle indiqué, sera installé au port de Mohammedia.

Un gaz plus cher

Les autorités espagnoles ont accepté la demande marocaine. « Le Maroc a demandé de l’aide pour garantir sa sécurité énergétique basée sur des relations commerciales, et l’Espagne a répondu positivement à la demande », a indiqué le ministère espagnol de la Transition écologique.

Mais il faudra pour cela que l’opérateur de réseau espagnol Enagas SA, dans lequel l’État espagnol détient 5%, conclue un accord d’interconnexion avec le Maroc. Sollicité par Bloomberg, l’opérateur a refusé de commenter.

En octobre dernier, soit avant même l’officialisation de l’arrêt du gazoduc, une source algérienne avait déclaré à TSA que le gazoduc GME sera « un immense didjeridoo sur le territoire marocain », c’est-à-dire sans aucune utilité.

Quand bien même le plan marocain d’utiliser la partie du GME qui traverse son territoire se concrétiserait, ce sera avec de lourdes retombées sur les coûts, d’autant plus que, souligne Bloomberg, « les prix du gaz canalisé et du GNL en Europe ont grimpé en flèche l’année dernière dans un contexte de pénurie d’approvisionnement et de tension croissante avec la Russie au sujet de l’Ukraine ». 

Le Maroc s’approvisionnait en gaz algérien, à prix bas, via le gazoduc GME qui traverse son territoire pour alimenter l’Espagne. Le Royaume prévalait jusqu’à un milliard de m3 de gaz chaque année de ce gazoduc pour alimenter deux centrales électriques.

En plus du gaz, le Maroc bénéficiait de 50 à 200 millions de dollars par an de droits de passage, en fonction des quantités de gaz transportées par le GME.

En somme, le Maroc a perdu gros dans la fermeture du gazoduc algérien. Même s’il arrive à trouver une alternative, il devra payer son gaz très cher.

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