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Flambée du covid-19 en Algérie : entretien avec le Pr Mahyaoui

Flambée du covid-19 en Algérie : entretien avec le Pr Mahyaoui

Pr Riad Mahyaoui, membre du comité scientifique

Face à la flambée des cas de covid-19 en Algérie, le Pr Riad Mahyaoui, membre du comité scientifique, tire la sonnette d’alarme et lance un appel à la mobilisation générale. Pour lui, la situation est grave.

Pr Mahyaoui, assistons-nous à une reprise de l’épidémie du covid en Algérie ?

Une chose est sûre, il y a une tendance haussière. Mercredi, on a frôlé les 400 cas positifs en 24 heures. Le bilan continue de monter et on ne sait pas où ça va s’arrêter. La sonnette d’alarme doit être tirée. Il faut une prise de conscience de cette situation qui est en train de s’aggraver.

Une réunion d’urgence a eu lieu mercredi 30 juin au ministère de la Santé sur la situation épidémique liée au covid-19. Des mesures ont été prises pour faire face à la flambée des cas de covid-19. Quel est votre commentaire ?

On a vu ça l’année passée car la crainte par rapport à cette pandémie c’est la saturation des services de santé. On sera véritablement mal à l’aise si des citoyens algériens n’auront pas de lits d’hospitalisation ou de place pour se faire soigner.

L’année dernière, il y avait eu une surcharge des hôpitaux, ce qui a obligé les responsables à mobiliser tous les lots disponibles. Aujourd’hui, on revient à la même configuration. Ainsi, les lits mobilisables vont être augmentés. Ce qui va quelque peu freiner la reprise des activités médico-chirurgicales, avec l’arrêt de certaines activités non urgentes pour laisser la place à des patients covid.

L’Algérie est-elle en pleine 3e vague du covid ?

Écoutez, la terminologie importe peu puisque c’est un pic, qualifiez-le comme vous voulez, on sait très bien que les épidémies évoluent par vagues successives, qui montent et descendent, et là on se dirige vers une augmentation.

Je ne sais pas jusqu’où ça va s’arrêter et à quel chiffre. Aujourd’hui, ce qui est réellement important c’est de se rendre compte qu’il y a une inquiétante tendance haussière.

Nos voisins tunisiens sont revenus au confinement. Est-ce qu’il y a une possibilité que ce soit aussi le cas en Algérie ?

En Tunisie, la situation est inquiétante. On y enregistre plus de 3 600 cas covid et plus de 80 morts par jour. Et il n’y a pas que la Tunisie, à Sydney en Australie, on vient de reconfiner pour quinze jours.

Donc, rien n’est dit avec cette pandémie. On ne sait pas ce que nous cache le virus mais aujourd’hui avec le variant Delta qui est majoritaire en Europe, il y a de l’inquiétude !

Si réellement il y a péril en la demeure, et un risque important sur la population, des décisions seront prises. On est encore dans une situation de crise qui appelle à rester très vigilants.

Il y a lieu de faire preuve de solidarité nationale pour espérer éviter une flambée durant la saison estivale. Une période propice aux rencontres. Il faut prendre conscience que la situation est catastrophique, inquiétante, que le virus est encore là, continue de se propager, et qu’il y a encore des morts.

Les Algériens ont abandonné les mesures barrières. Un commentaire ?

On oublie les mesures barrières, car il y a une espèce de lassitude, un ras-le-bol, et les gens sont fatigués et surmenés psychologiquement. Ce qui fait qu’on a tendance à se laisser aller et à oublier que l’épidémie est encore là. Malheureusement, on ignore à quel moment on sera contaminé, et que si on est contaminé ça risque d’être grave même pour un sujet jeune.

Est-ce pourtant normal qu’il y ait autant de relâchement sans que les autorités concernées ne réagissent ?

Écoutez, il s’agit d’une responsabilité individuelle et collective, et chaque secteur doit faire son travail. Le commerce, le tourisme, la santé, les transports…C’est une affaire multisectorielle, c’est l’affaire de tous de ne pas laisser les choses s’aggraver.

 

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