Il se trouve que certains étrangers établis en France depuis plusieurs années, au lieu d’obtenir un titre de séjour qui faciliterait leur insertion dans la société, finissent par faire l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), parfois sans aucune explication rationnelle.
C’est le cas de Keletigui Sylla, appelé Kélé, un ressortissant Guinéen de 24 ans dont l’histoire poignante a ému 162 artistes en France, les poussant à publier une tribune dans laquelle ils demandent à la préfète du Rhône d’annuler l’OQTF dont il fait l’objet.
« Travailleur, diplômé, intégré, inséré dans le milieu artistique : Keletigui Sylla est une chance pour la France. Non à son expulsion ! », écrivent les artistes dans leur tribune qui plaide en faveur de la régularisation du jeune guinéen.
Kélé : mineur, il est jugé en tant que majeur par la Justice française
Arrivé en France il y a 10 ans, alors qu’il était encore mineur, Kélé a d’abord été accueilli par La Protection de l’enfance avant que la Police ne vienne le chercher, le soupçonnant d’avoir menti sur son âge.
Kélé, à l’âge de 15 ans seulement, va subir des tests osseux qui vont indiquer qu’il avait plus de 18 ans. « Il s’agit d’un procédé pseudo-scientifique dont l’administration se sert pour rejeter les jeunes migrants », indique une signataire de la tribune dans une vidéo partagée par le média Lyon Capitale.
Quoi qu’il en soit, Kélé a comparu devant le tribunal correctionnel suite à ces tests osseux et a été emprisonné pendant deux mois. « J’étais condamné en tant que majeur », déplore-t-il.
À sa sortie de prison, grâce à un passeport biométrique qui lui a été délivré par l’État guinéen, il a pu fournir la preuve au tribunal qu’il était bel et bien mineur au moment des faits.
Après un titre de séjour provisoire, il est de nouveau sans-papiers
Après l’injustice qu’il a subie, Kélé s’est consacré à l’école. Il fait « 4 ans de formation : deux ans de CAP et deux ans de BAC Pro ». Le ressortissant guinéen assure qu’il a obtenu « les deux diplômes ». Outre l’école, Kélé écrit aussi des poèmes.
Il fallait toutefois attendre 2018 pour que la cour d’appel de Lyon reconnaisse que Kélé a été emprisonné à tort. Il va ensuite bénéficier d’un titre de séjour provisoire avant de se retrouver de nouveau sans papiers, puis menacé d’expulsion.
Kélé a le soutien de « ses professeurs, de ses amis, et de beaucoup de Français ». En plus de la tribune des 162 artistes, une pétition mise en ligne, signée par près de 6.000 personnes, s’oppose à l’OQTF qui menace de mettre fin à la présence de Kélé en France.