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France – Algérie : Paris appelle à la reprise du travail mémoriel

France – Algérie : Paris appelle à la reprise du travail mémoriel

Par-luzitanija

La commémoration des 80 ans des massacres du 8 mai 1945 est survenue dans un contexte de fortes tensions politiques entre Alger et Paris sur plusieurs questions, dont celle de la mémoire. Le gouvernement français a toutefois fait un geste minimaliste et appelé à la reprise des travaux de la commission mixte d’historiens, suspendus dans le sillage de la crise entre les deux pays.

Le chargé d’affaires de l’ambassade de France en Algérie a procédé au dépôt d’une gerbe de fleurs sur les lieux mêmes où ont débuté les massacres, à Sétif. La gerbe a été déposée devant la stèle érigée à la mémoire de Bouzid Saâl, considéré comme la première victime de la répression terrible qui s’est abattue sur les habitants de la région et de plusieurs villes d’Algérie pendant les mois de mai et juin 1945. Bouzid Saâl, portant le drapeau algérien à la tête d’une manifestation nationaliste, a été abattu d’une balle tirée par un policier français.

"Conformément au travail de vérité engagé par le président de la République sur notre histoire coloniale en Algérie, le chargé d’affaires a déposé une gerbe sur le lieu de mémoire des victimes des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en mai et juin 1945", écrit l’ambassade de France à Alger dans un communiqué diffusé ce samedi 10 mai.

La France est sans ambassadeur en Algérie depuis le rappel de Stéphane Romatet le 16 avril dernier. Le même jour, Paris a annoncé l’expulsion de 12 agents consulaires algériens en réponse à une mesure similaire prise par l’Algérie qui avait réagi ainsi à l’arrestation et l’incarcération en France d’un agent consulaire algérien.

Mémoire Algérie-France : Paris appelle à la relance de la commission mixte d’historiens 

L’Algérie, elle, est sans ambassadeur à Paris depuis fin juillet 2024, suite à la décision de Paris de reconnaître la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental et d’appuyer le plan d’autonomie marocain.

La crise entre les deux pays a déteint sur le travail de mémoire engagé entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. La France semble souhaiter que ce travail reprenne, à en juger par la teneur du communiqué de sa représentation diplomatique en Algérie.

« Les travaux historiques conduits dans le cadre de la commission mixte des historiens franco-algériens doivent se poursuivre », a estimé l’ambassade de France.

Mercredi, le président Abdelmadjid Tebboune a réitéré l’attachement de l’Algérie à la mémoire. « Mue par son attachement au droit de son peuple et en reconnaissance de la sacralité de l’héritage de la résistance et de la lutte, par fidélité à l’esprit de Novembre et au message éternel des martyrs, l’Algérie ne saurait en aucun cas accepter à ce que le dossier de la mémoire soit relégué à l’oubli et au déni », a déclaré le chef de l’Etat dans son discours à l’occasion de la commémoration de la tragédie du 8 mai 1945 qu’il a qualifié de  « pires crimes de génocides et crimes contre l’humanité des temps modernes ».

Mémoire : la commission mixte des historiens à l’arrêt

La décision de confier le travail de mémoire à un panel d’historiens a été prise lors de la visite d’Emmanuel Macron en Algérie en août 2022. Une commission mixte, composée de cinq historiens français et autant d’algériens, a été installée fin 2022 et début 2023.

La commission a tenu cinq réunions alternées entre l’Algérie et la France avant de devoir suspendre ses travaux après l’éclatement de la crise en juillet 2024. Elle devait reprendre ses travaux après le dégel des relations entre les deux pays suite à l’appel téléphonique entre les présidents Macron et Tebboune le 31 mars dernier. Le président algérien a même invité en Algérie l’historien Benjamin Stora qui est le président de la commission du côté français, mais une nouvelle crise a éclaté quelques jours après l’arrestation d’un agent consulaire algérien en France.

Outre l’ambassade de France, plusieurs personnalités françaises ont tenu à commémorer, tant en France qu’en Algérie, les massacres du 8 mai 1945. Alors que le dépôt d’une gerbe de fleurs au Mont Valérien, à Paris, à l’initiative d’un groupe d’élus, a été annulé et l’Élysée n’a pas donné suite à la demande de parrainage de la cérémonie, un groupe de 12 députés et sénateurs a fait le déplacement en Algérie et pris part aux activités commémoratives organisées dans la ville de Sétif.

Parallèlement, 70 députés ont déposé à l’Assemblée nationale une proposition de résolution reconnaissant et condamnant les massacres du 8 mai 1945 à Guelma, Kherrata et Sétif.

Jeudi, lors de la commémoration de la fête de la victoire sur l’Allemagne et la fin de la Seconde Guerre mondiale, le président Emmanuel Macron a évoqué dans le discours les massacres du 8 mai 1945 en Algérie.

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