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France, Canada, Angleterre : comment le Ramadan est accueilli

France, Canada, Angleterre : comment le Ramadan est accueilli

Le Ramadan est accueilli différemment dans les pays occidentaux. S’il est le bienvenu au Canada et en Angleterre, en France il suscite la polémique.

Le message officiel de Justin Trudeau, Premier Ministre du Canada, à l’adresse des musulmans à l’occasion du Ramadan est devenu un symbole politique fort.

Chaque année, depuis sa prise de fonctions, ce leader politique canadien souhaite un mois de jeûne apaisé et remercie la communauté musulmane de son pays pour sa générosité durant le Ramadan.

« Je vous remercie de tout ce que vous faites pour bâtir un pays plus fort et plus résilient. De la part de toute notre famille, Sophie et moi vous souhaitons paix et bonheur à l’occasion du Ramadan. Ramadan Moubarak », a adressé Justin Trudeau ce jeudi 23 mars aux musulmans canadiens.

Politique, ouverture et tolérance religieuse : une recette qui marche aussi

Ce geste de la part de Justin Trudeau marque la possibilité de mener une politique de tolérance et surtout adoucit pour une fois l’image des pratiques de la religion musulmane.

Le Canada n’est pas le seul pays à respecter cette célébration religieuse, au même titre que d’autres coutumes et rituels religieux. De nombreux pays voient à travers le Ramadan un moment sacré pour les musulmans et sont prêts à l’accueillir au sein de leur société.

L’Angleterre ou les Etats-Unis, par exemple, acceptent cette célébration comme n’importe quelle tradition. Ces pays abritent des sociétés très diversifiées et font donc le choix d’assumer leur existence. C’est ainsi que l’on voit des événements autour de fêtes musulmanes, l’adaptation des conditions de travail ou l’accueil adapté d’enfants pratiquants une religion.

Le Ramadan, qui est l’une des pratiques musulmanes les plus connues et les plus visibles, est chaque année un moment qui révèle le rapport des sociétés étrangères à l’Islam.

En Angleterre par exemple, le Ramadan est un mois qu’il est important de mettre en valeur. La ville de Londres s’est pour la première fois parée de lumières et de guirlandes lumineuses pour souhaiter un bon ramadan 2023 aux musulmans.

https://www.tiktok.com/@almamlakatvofficial/video/7213716944854306049?_r=1&_t=8auWH8tGyra

Une initiative de la mairie de Londres, soutenue par la fondation Aziz qui aide les Britanniques musulmans à apporter des changements positifs dans leur communauté.

Sur les images de ces illuminations spéciales Ramadan, on découvre que le quartier choisi pour cette célébration accueille normalement cette initiative. Les passants ne semblent pas perturbés par la présence de symboles liés à la culture musulmane et au Ramadan.

A Bristol, toujours en Angleterre, la communauté soudanaise locale a été autorisée à organiser une grande fête et une parade pour célébrer le début du Ramadan.

Ces habitants de Bristol ont pu exprimer leur joie et partager des pans de leur culture, comme leur musique ou  leur cuisine avec leurs concitoyens. Un moment convivial et d’échange qui a permis de resserrer les liens entre les habitants de la ville.

Toujours en Angleterre, l’organe de l’arbitrage de la Premier League a décidé cette année d’autoriser la suspension des matches de football pour permettre aux joueurs musulmans de rompre le jeûne à l’heure d’el iftar.

Etats-Unis : des villes adaptent leurs services et offres commerciales

Aux Etats-Unis, dans des États où l’on trouve des communautés musulmanes, le Ramadan est également une célébration comme les autres. Il représente surtout une période permettant de penser une autre offre commerciale.

A Milwaukee, dans le Wisconsin, les restaurants ont mis en place une tradition annuelle à l’occasion du Ramadan.

Ils proposent exceptionnellement un menu halal disponible à l’heure de l’iftar pour les familles musulmanes qui souhaitent rompre le jeûne à l’extérieur. La mise en place exclusive de cuisine halal ne semble pas poser de problème aux restaurateurs qui n’ont pourtant pas de couleur religieuse.

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Certains restaurants ont également la possibilité d’ajuster leurs horaires pour accueillir les jeûneurs à l’heure de l’iftar. La ville prévoit même des événements nocturnes pour que l’ensemble des habitants puissent participer à l’ambiance qui découle du Ramadan.

En somme, le Ramadan, bien que pilier de l’islam a su être transformé dans des pays non musulmans. La tradition se mélange aux coutumes locales pour parvenir à un respect des rites musulmans comme des règles sociales du pays.

Ramadan en France : l’obsession de visibilité de l’islam

Il est intéressant de découvrir comment ces pays parviennent à composer une société multiple dans l’apaisement. Le multiculturalisme et les migrations de populations sont assumés et convertis en des forces plutôt que des faiblesses.

A l’inverse, d’autres pays considèrent la présence de la différence culturelle et religieuse comme problématique. C’est notamment le cas de la France. Sa position vis-à-vis des religions et surtout de l’islam détonne dans le monde.

Lorsque le Ramadan est perçu comme un moment de célébration dans certains pays, la France s’en saisit pour relancer des débats sur l’islamisation de la société française.

Il suffit de lire la presse étrangère et française pour s’en apercevoir. Si dans la presse anglo-saxonne le Ramadan est traité comme un événement lambda et heureux, côté France, on s’interroge essentiellement sur l’impact du Ramadan sur les institutions françaises et l’offre commerciale à destination des communautés musulmanes à cette occasion.

Le média Boulevard Voltaire à tendance droite conservatrice a publié un article quelques jours avant le Ramadan dénonçant la "complaisance" des municipalités et des collectivités à l’égard des musulmans lors du mois de jeûne.

Le site énumère les changements qu’implique le Ramadan sur un ton de dénigrement, soulignant la menace potentielle des pratiques musulmanes.

« Depuis plusieurs années, l’école publique, ainsi que l’université, subissent les assauts d’un Islam conquérant. Car, quand ce n’est pas la cantine et les plats proposés qui sont remis en cause, ce sont les cours de musique ou les horaires d’examen qui sont pointés du doigt pour leur incompatibilité avec le Ramadan », estime le média en question

C’est aussi l’occasion pour les partis d’extrême-droite de monter au créneau pour dénoncer l’impact de l’Islam sur les traditions françaises. Isabelle Surply, Conseillère régionale de la Loire aux couleurs du Rassemblement National a vilipendé le supermarché Auchan qui promeut des livres expliquant l’Islam aux enfants.

Pire, le mois de Ramadan peut même déclencher des actes islamophobes. Comme dans le nord de la France, à Wattignies où le local d’une association musulmane a été vandalisé quelques jours avant le  début du Ramadan.

La France qui souhaite défendre coûte que coûte les principes de laïcité laisse parfois peu de place à la nuance. Toutefois, il ne s’agit que d’une frange de la population car le Ramadan est également très bien accueilli par une partie de la société française.

Les commerces, les supermarchés comme les restaurants se mettent aux couleurs du Ramadan pour proposer des offres adaptées aux besoins de leur clientèle musulmane.

Les opérations « Ramadan » sont extrêmement visibles et résistent aux critiques des opposants à un Islam visible. Les réseaux sociaux qui permettent de prendre le pouls de la société civile, laissent voir des Français qui acceptent et comprennent la place du Ramadan pour les musulmans de France. Les contenus autour du Ramadan, du jeûne et l’iftar font partie des tendances les plus populaires sur TikTok ou Twitter.

Dans la sphère politique, on trouve également des messages bienveillants à l’égard des musulmans.

Même s’il existe toujours des limites qu’il est impossible de franchir, des élus de la France Insoumise à Villeurbanne, dans la région lyonnaise, ont souhaité organiser une soirée « Iftar pop » proposant un repas partagé après la rupture du jeûne.

L’événement a finalement été annulé en raison de nombreuses critiques, notamment celles du maire socialiste de Villeurbanne. Ce dernier a dénoncé un mélange de politique et de religion nuisant aux principes de laïcité.

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