Pour qu’un chef d’un service secret en exercice prenne la parole dans la presse, c’est que la situation est pour le moins inquiétante. En France, la montée de la violence des groupuscules de l’ultra-droite a poussé le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner, à s’exprimer dans une interview accordée au journal Le Monde.
Jusque-là, la principale préoccupation des services de sécurité français était la violence djihadiste, notamment depuis les attentats de 2015. Mais depuis quelque temps, l’ultra-droite est devenue un sujet préoccupant.
Nicolas Lerner parle d’une « banalisation du recours à la violence » et confirme qu’il y a « une résurgence très préoccupante des actions violentes ou des intimidations » depuis le printemps dernier. Ces actions, ajoute-t-il, sont l’œuvre de l’ultra-droite, forte de 2.000 personnes, dont une partie « s’inscrit en rupture assumée avec le cadre démocratique ».
Étayant son propos, le responsable sécuritaire a égrené ensuite certaines actions imputables à ces groupuscules, comme l’incendie du domicile d’un maire en Loire-Atlantique.
Nicolas Lerner, qui dirige la DGSI depuis 2018, a exprimé ouvertement son inquiétude de « la banalisation du recours à la violence et la tentation de vouloir imposer ses idées par la crainte ou l’intimidation » en France. Le danger de l’ultradroite est réel puisque, selon Lerner, dix projets d’attentat terroriste de cette mouvance ont été déjoués depuis 2017.
Le chef de la DGSI a aussi évoqué la mouvance de l’ultra-gauche et son activisme sur la question environnementale. Même s’il a reconnu qu’il s’agit également d’un « sujet de préoccupation », Nicolas Lerner a refusé de la mettre sur un même pied d’égalité avec l’ultra-droite.
Recrudescence de la violence de l’ultra-droite en France depuis la mort de Nahel
Les questions liées à l’environnement sont certes mises à profit par certains « pour s’en prendre aux symboles de l’État, aux forces de l’ordre, à ce qu’ils appellent le système », néanmoins, le patron de la DGSI évite d’utiliser le qualificatif d’« écoterroristes » pour décrire les activistes de l’ultra-gauche, comme l’a fait le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Cette mouvance n’a commis aucun acte de nature terroriste ces dernières années, argumente le patron du contre-espionnage français. La grande menace reste donc l’ultra-droite.
Cette mouvance s’est montrée particulièrement active depuis la mort du jeune Nahel, tué par un policier lors d’un contrôle routier mardi 27 juin à Nanterre, et les émeutes qu’elle a provoquées à travers toute la France.
Lundi 3 juillet, des membres de l’ultra-droite ont paradé dans les rues de la ville de Chambéry en scandant : « Bleu blanc rouge, la France aux Français ». Selon le député de gauche Thomas Portes, cette action a eu lieu « sous la protection de la police ». « Dans plusieurs villes de France, nous constatons ce phénomène inquiétant », a déploré l’élu.
Samedi premier juillet, deux activistes ont été arrêtés près de Lyon en possession d’une Arles et de munitions. Le même jour, des individus encagoulés ont attaqué les participants à un festival organisé par le collectif de vigilance antifasciste en Bretagne.
Le 4 juillet, le site le Télégramme a fait état d’une « brigade anti-casseurs » qui s’est substituée à la police à Lyon.
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