La droite dure française ne lâche pas l’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration et celui de 2013 sur les passeports diplomatiques. Éric Ciotti, le président du groupe Union des droites pour la République (UDR) à l’Assemblée nationale, présentera ce jeudi 26 juin une proposition de résolution de dénonciation de ces accords. Dans le texte, il met aussi en avant la menace de suspendre les visas pour les Algériens.
Le texte de 1968 régit le séjour des ressortissants algériens en France depuis plus d’un demi-siècle et celui de 2013 porte sur l’exemption réciproque de visas pour les porteurs de passeports diplomatiques de l’un ou de l’autre pays.
Ciotti est, avec notamment le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, l’un des partisans d’une ligne dure avec l’Algérie. Alors que les deux pays sont en crise depuis plus de dix mois, la droite dure pousse pour éterniser le désaccord. Le groupe UDR, allié du Rassemblement national (RN), a inscrit au programme de sa « journée d’initiative parlementaire » prévue jeudi prochain, une proposition de résolution visant l’accord de 1968, qui a une forte charge symbolique pour la relation algéro-française, et celui de 2013.
À la différence d’une proposition de loi, cette proposition de résolution ne sera pas examinée en commission cette semaine et n’aura pas de valeur contraignante pour le gouvernement. « Qu’elle soit votée ou non », explique-t-on sur le site Internet de la Chaîne parlementaire (LCP).
« Il est temps d’adapter notre arsenal juridique en matière migratoire à l’évolution de notre relation avec l’Algérie », est-il écrit dans la proposition de résolution, ajoutant qu’il faut « redonner à l’État les moyens juridiques de limiter et suspendre si nécessaire, l’octroi de visas aux Algériens ».
France : la droite dure s’acharne sur les accords de 1968 et 2013 et les visas pour les Algériens
Ce n’est pas la première fois qu’Éric Ciotti tient un tel discours et lance une offensive au Parlement contre l’accord franco-algérien sur l’immigration. En mars dernier, il avait appelé ouvertement à la révocation du texte, interpellant ainsi le gouvernement : « De quoi avez-vous peur ? Les Français attendent des actes, et non des coups de menton ou des paroles. »
L’accord de 1968 est désormais dans le viseur de personnages politiques en dehors de la sphère extrémiste. La semaine passée, la presse française a révélé un rapport rédigé par deux élus du camp présidentiel sur le coût financier de cet accord bilatéral. Le rapport devrait être dévoilé début juillet prochain.
Il faut dire qu’en réclamant la suppression des deux textes, le courant extrémiste français s’acharne, en fait, sur des coquilles vides. L’accord de 1968 est vidé de sa substance par trois révisions et ne confère plus d’avantages déterminants pour les ressortissants algériens par rapport aux ressortissants des autres pays.
Quant à celui de 2013, il est, pour l’Algérie, remis en cause de fait par les autorités françaises qui ont décidé à la mi-mai dernier d’imposer le visa aux porteurs d’un passeport diplomatique algérien. L’Algérie « prend dûment acte de ce qui s’apparente à une suspension de fait de l’accord de 2013 sans le respect par la France des procédures requises », a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué diffusé le 19 mai.
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