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Un opposant marocain en grève de la faim devant l’Élysée

Un opposant marocain en grève de la faim devant l’Élysée

TSA

Mustapha Adib a entamé une grève de la faim depuis le 7 mai, et ne quitte plus sa voiture, garée rue du Faubourg Saint-Honoré à quelques dizaines de mètres de l’Élysée.

Cet ancien officier de l’armée de l’air marocain, âgé de 48 ans, revendique le droit de pouvoir manifester librement devant le château de Betz dans l’Oise -résidence secondaire du roi du Maroc en France- pour dénoncer la corruption du royaume chérifien.

© TSA

Une grève de la faim contre l’État français

Si le tribunal administratif d’Amiens lui a donné raison en décembre 2014, la préfecture lui interdit toujours de manifester devant la résidence de Mohammed VI.

Pour Mustapha Adib, la complicité des autorités françaises avec le Royaume est évidente, et c’est la raison pour laquelle il a entamé cette grève de la faim. « Le Maroc est un des derniers régimes que la France continue de protéger. Nous demandons simplement que le préfet respecte une décision de justice », explique-t-il à TSA. 

Plusieurs fois, il a écrit au président François Hollande. Mais ses lettres sont restées sans réponse. Il a déjà adressé une missive au nouveau président de la République, Emmanuel Macron, dans laquelle il demande « des excuses du Préfet de l’Oise et du représentant de la Gendarmerie », de pouvoir « manifester devant le château du roi du Maroc », et « une régularisation définitive de son droit à la vie privée et familiale ».

Pour Mustapha Adib, sa famille paye les conséquences de sa tentative d’effraction dans une chambre de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce où se trouvait le général Abdelaziz Bennani, ancien numéro 2 de l’armée en juin 2014. À l’époque, dans un contexte diplomatique déjà tendu entre la France et le Maroc -la justice française a souhaité entendre le patron du contre-espionnage marocain-, l’incident passe mal. Depuis 2014, ses sœurs et sa mère sont privées de visas pour la France. Motif : « atteinte à la sécurité de l’État », écrit le ministère de l’Intérieur dans un document consulté par TSA.

Corruption dans l’armée marocaine

Mustapha Adib, ingénieur de formation aujourd’hui sans emploi, s’est engagé dans une bataille contre la corruption il y a presque vingt ans. En 1998, le jeune officier de l’armée de l’air « refuse de se taire », et dénonce un trafic de carburant organisé par le colonel de sa base.

Il adresse alors un courrier au prince héritier, numéro deux des Forces armées royales, qui deviendra en 1999 Mohammed VI. Une enquête est diligentée. Le colonel est condamné à 18 mois de prison. Mais l’affaire prend une tout autre tournure. Sans explication, le jeune homme est placardisé, muté plusieurs fois. Quand il demande à pouvoir quitter l’armée, on lui notifie un refus.

En novembre 1999, il contacte le journal Le Monde à qui il raconte son histoire. Une initiative dont il va payer lourdement les conséquences. « Ils n’ont pas apprécié », raconte-t-ilLe jeune officier de l’armée de l’air est condamné par un tribunal militaire à deux ans et demi de prison.

Libéré en mai 2002, Mustapha Adib cherche du travail. En vain. « J’étais blacklisté », relate-t-il. L’année suivante, il quitte son pays pour s’installer en France. En 2010, quand l’ingénieur , naturalisé Français, se retrouve au chômage, il retourne au Maroc pour « montrer un projet ». Nouvel échec. Depuis 2012, Mustapha Adib n’a pas remis les pieds au Maroc. Par crainte d’être arrêté.

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