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France : une influenceuse franco-algérienne cible d’une campagne haineuse

Lena Mahfouf, connue sous le nom Lena Situations, est une célèbre influenceuse franco-algérienne aux quatre millions d’abonnés sur Instagram. Elle s’est subitement retrouvée au-devant de la scène médiatique et politique pour avoir porté, dans un événement à la visibilité planétaire, le festival de Cannes, un habit visiblement pas au goût des gardiens du temple de la laïcité.

L’influenceuse a d’abord été attaquée sur les réseaux sociaux, avec des commentaires haineux et racistes :  « Prête pour rentrer au bled », « Et la prochaine fois ce sera quoi ? Une burka ? ». Elle a ensuite été prise pour cible par des responsables politiques, dans un contexte marqué par une libération de la parole raciste et une banalisation de la haine contre les musulmans.

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La tenue “controversée” est juste une longue robe et un couvre-chef, le tout d’une couleur blanche éclatante. Selon BFMTV, il s’agit d’une création du label de mode The Row. La tenue n’a donc rien à voir avec la religion, musulmane ou autre. L’entreprise est simplement spécialisée dans les vêtements couvrants. Mais certains y ont vu un clin d’œil à l’abaya, un habit interdit dans les écoles françaises.

La polémique est attisée par le contexte actuel. En France, le débat porte en ce moment sur ce qui est appelé “l’entrisme islamiste” suite à la divulgation d’un rapport gouvernemental sur l’activisme des Frères musulmans.

Le plus curieux est que ce n’est pas un personnage de l’extrême-droite qui s’est offusqué de la tenue portée par Lena Mahfouf. C’est bien une responsable du parti d’Emmanuel Macron qui a allumé la mèche.

Polémique en France : une tenue couvrante assimilée à de l’entrisme islamiste

Deborah Abisror-De Liem est secrétaire générale du groupe Ensemble à l’Assemblée nationale. Sur X, elle a commenté la tenue de Léna en dénonçant “l’entrisme » qui, selon elle, « passe d’abord par les codes vestimentaires »: « C’est pourquoi l’imposer à des fillettes, c’est le fondement d’infiltration de nos sociétés », a-t-elle ajouté, en référence à la dernière proposition de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal d’interdire le voile dans l’espace public pour les moins de 15 ans.

“Voilà une bonne définition de ce que l’on appelle toucher le fond et creuser encore”, a réagi le coordinateur de La France Insoumise (LFI), Manuel Bompard, appelant à laisser en paix “nos compatriotes musulmans qui n’en peuvent plus de vos obsessions maladives”.

Le député de gauche François Ruffin a, lui, parlé de “fantasmes” que certains veulent imposer aux musulmans. “Le vrai danger pour les libertés, c’est pas la longueur des jupes, c’est la petitesse des esprits”, a-t-il écrit. Ruffin a appelé le président Macron à recadrer ses troupes car, a-t-il mis en garde, une fois “la pente dévalée, il n’y aura plus de retour en arrière possible.”

Antoine Léaument, de LFI, est allé jusqu’à comparer les pourfendeurs des musulmans aux “talibans qui prétendent dire aux femmes comment elles doivent s’habiller ou ne pas s’habiller.”

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