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Gestion de l’Anep : des noms et des chiffres de la gabegie

Gestion de l’Anep : des noms et des chiffres de la gabegie

La mauvaise gestion de l’Anep ces dernières années a été dénoncée à plusieurs reprises par le nouveau PDG dès son installation en avril dernier.

Cette fois, Larbi Ounoughi met des chiffres, et même des noms, sur la gabegie.

Dans un entretien à el Khabar et el Watan parus ce jeudi 6 août, Ounoughi révèle que l’Agence nationale d’édition et de publicité, qui détient le monopole sur la publicité publique, a eu à gérer un portefeuille de 15 000 milliards de centimes ces 20 dernières années, autrement dit sous le long règne de Abdelaziz Bouteflika, dont 4000 milliards distribués aux journaux depuis 2016.

Et on ne peut pas dire, au vu des autres chiffres qu’il égrène, que cette manne a été utilisée à bon escient. Le PDG affirme qu’une quarantaine de titres sont détenus à travers des prête-noms par des hommes politiques, des enfants de hauts responsables et des sportifs, au mépris de la loi qui définit clairement qui a le droit de créer un journal et qui ne l’a pas. 347 agréments ont été attribués depuis 2012, révèle-t-il au passage.

En tête des journaux les mieux servis, on trouve Ennahar, qui a aujourd’hui cessé de paraître à cause justement du tarissement de la manne publicitaire publique.

Entre 2012 et 2019, ce journal a bénéficié de 235 milliards de centimes en pages de publicité. Echourouk, lui, a bénéficié de 179 milliards pendant la même période.

Le Jour d’Algérie et des Débats, qui appartiennent à la même personne, ont cumulé 135 milliards. Deux journaux d’un parlementaire connu du FLN, Tribune des Lecteurs et Minbar el Koraa, ont, eux, perçu 110 milliards.

 «L’Anep a fait l’objet de monopole par des groupes d’influence au pouvoir qui ont fait main basse sur elle. Les services de l’Anep étaient tellement dans une anarchie indescriptible qu’il est difficile de savoir ce qui s’y est passé (…) Lorsqu’on a analysé la situation, on a constaté qu’elle pouvait être tout sauf une entreprise », résume Ounoughi.

Le PDG assure que l’agence a été gérée par « téléphone » et que ses responsables recevaient des instructions de l’extérieur. « De qui ? De Saïd Bouteflika, le frère cadet de l’ex-Président ? Du ministre de la Communication ? D’Ali Haddad ? Je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c’est que tout ce beau monde gérait l’Anep », dit-il, évoquant des situations flagrantes de conflit d’intérêts, comme lorsque l’agence était dirigée par Djamel Kaouane, ancien directeur du Temps d’Algérie et futur ministre de la Communication.

Il figure dans le registre de commerce du groupe médiatique d’Ali Haddad, révèle-t-il. Une villa a été louée à el Biar pour 30 millions de centimes par mois pendant deux ans sans que le bénéficiaire ne soit connu, dénonce-t-il encore.

Ounoughi cite aussi le cas de l’autre ancien PDG, Amine Ichikr, dont l’épouse est propriétaire du journal Reporter. Entre 2016 et 2019, ce journal a bénéficié pour 54 milliards de centimes de pages de publicité.

«La plupart des responsables qui ont défilé à la tête de l’Anep n’ont travaillé que pour leur compte, leur clique et ceux qui les ont placés », accuse-t-il. Même s’il reconnait qu’il est difficile de savoir ce qui s’est passé, Ounoughi annonce que plusieurs enquêtes administratives et sécuritaires sont en cours, dont une de l’Inspection générale des finances et une autre de la Gendarmerie nationale.

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