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Guerre à Gaza et les réactions en France : deux poids, deux mesures

Guerre à Gaza et les réactions en France : deux poids, deux mesures

Alors que le dernier bombardement de l’armée israélienne à Rafah, dans l’enclave palestinienne, ne finit pas de susciter l’émoi et la colère de l’opinion internationale, la France peine toujours à adopter une position claire concernant le conflit palestinien.

En quête d’une position équilibrée entre un soutien à Israël et une fidélité à une « politique arabe », héritage lourd du général De Gaulle, dictée par de substantiels intérêts économiques et géostratégiques, la France vacille.

Deux poids, deux mesures

Signe de l’ambiguïté : au moment où l’Irlande, l’Espagne et la Norvège ont reconnu l’État palestinien, la France par la voix du président Emanuel Macron tergiverse et temporise.

« Il n’y a pas de tabou pour la France et je suis totalement prêt à reconnaître un État palestinien. Mais je considère que cette reconnaissance doit arriver dans un moment utile, dans le cadre d’un processus », a déclaré Emanuel Macron lors d’une conférence de presse à Berlin mardi.

« Je ne ferais pas une reconnaissance d’émotion », soutient-il, allusion à l’indignation et au choc provoqués par le bombardement contre un camp de réfugiés palestiniens à Rafah ayant fait plus de 45 victimes palestiniennes.

Pourtant, il y a quelques jours, la France a voté en faveur de l’adhésion de la Palestine comme un État à part entière à l’ONU.

Le vacillement de la position de la France se traduit aussi par la politique de deux poids, deux mesures adoptés par le gouvernement, une partie de la classe politique et certains médias à l’égard des nombreux soutiens à la Palestine et des partis du gouvernement israélien de Benyamin Netanyahu.

Pour avoir brandi un drapeau palestinien au sein de l’hémicycle mardi, un député de la France insoumise (LFI), Sébastien Delogu, a été exclu sur le champ pour une durée de quinze jours. Ce geste qui a enflammé la toile a indigné le gouvernement français.

« Cela va confirmer une chose claire : entre les socialistes et les insoumis aujourd’hui, et je le déplore, c’est du pareil au même », a déploré le premier ministre français, Gabriel Attal.

Alors que les manifestations pro-palestiniennes sont presque systématiquement interdites, les voix dénonçant la sauvagerie de l’armée israélienne sont vites stigmatisées et accusées d’ « antisémitisme ».

Meyer Habib, un député français proche de Netanyahu

Une attitude qui tranche avec la passivité, voire la complaisance, affichée quand il s’agit des soutiens à l’État hébreu. Connu pour son soutien assumé à « Bibi », surnom attribué à Netanyahu, le député franco-israélien Meyer Habib, abonné dans les médias où il est rarement contredit, n’a jamais dissimulé sa haine et son hostilité au peuple palestinien.

Depuis l’attaque du mouvement Hamas en octobre dernier, il n’a pas cessé de vilipender tous les soutiens au peuple palestinien en France, en multipliant les dérapages, sans qu’il soit inquiété.

Il est allé jusqu’à traiter la population de Gaza de cancer sur la radio communautaire juive Radio J, et affirmé, en pleine hémicycle de l’assemblée nationale que les massacres allaient continuer à Gaza.

Il n’a pas été exclu de l’Assemblée et ses déclarations sur la population de Gaza n’ont pas suscité de condamnations. Ce député français défend beaucoup plus Israël que son pays la France.

« Il faut dégommer ces gens-là, physiquement », a lancé, à propos des députés de la LFI, rare parti en France à soutenir la cause palestinienne, sur un plateau de télévision en octobre dernier, le chanteur Enrico Macias, sans que cela lui attire des ennuis.

Faut-il voir dans ce double standard l’expression d’un choc civilisationnel ou comme le suggère l’ancien premier ministre Dominique De Villepin la mainmise des lobbies pro-israéliens sur le monde de la finance et des médias ?

Jean-Luc Mélenchon a-t-il sauvé l’image de la France ?

Face à la mobilisation de l’opinion internationale et l’isolement de plus en plus grandissant sur la scène internationale d’Israël, notamment depuis que le procureur de la CPI a demandé un mandat international contre Banyamin Natanyahu, pour « crimes de guerre et crimes contre l’humanité », la France, dont la voix a reculé en Afrique et l’image ne cesse de se détériorer dans le monde arabe, se retrouve plus que jamais dans une situation où elle risque de tout perdre.

« Heureusement que Jean-Luc Mélenchon s’est interposé au début de la guerre à Gaza. Il n’a pas suivi les autres qui ont traité le Hamas de groupe terroristes et applaudi les actions de l’armée israélienne. On ne sait pas vraiment ce que aurait été la position françaises si Mélenchon n’a pas dit non », explique un connaisseur de la politique française.

En mobilisant son parti, le chef de La France Insoumise a permis à l’opinion publique française d’avoir un autre son de cloche sur la guerre à Gaza, et ce en dépit de l’énorme machine médiatique et politique déployée par les pro-israéliens.

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