Alors qu’ils intensifient leurs bombardements sur la bande de Gaza qui ont fait près de 3.000 morts depuis l’attaque du Hamas samedi 7 octobre, les Israéliens pensent d’ores et déjà à l’après-guerre, avec un éventuel rôle pour le Makhzen.
Que feront-ils de l’enclave palestinienne une fois débarrassée du Hamas, comme ils s’efforcent de le faire ?
L’ancien Premier ministre israélien, Ehud Barak, vient de proposer une solution incluant les pays arabes amis d’Israël, dont le Maroc.
Ehud Barak, travailliste, a dirigé le gouvernement israélien entre 1999 et 2001. Il est aujourd’hui à la tête du Parti Démocratique qu’il a fondé en 2019.
Dans une analyse publiée dans le journal britannique The Economist, Barak a évoqué l’avenir de la bande de Gaza de laquelle le Premier ministre Benyamin Netanyahou a promis de déloger le Hamas.
L’enclave palestinienne, séparée géographiquement de la Cisjordanie, l’est aussi politiquement depuis 2006, lorsque le Hamas a remporté les élections législatives palestiniennes.
En désaccord avec l’Autorité palestinienne, le Hamas a établi son propre gouvernement qui gère depuis ce territoire de 365 km2 qui abrite plus de 2 millions d’habitants.
Sa branche armée, les brigades Azeddine Al Qassam, et d’autres factions de la résistance palestinienne lancent sporadiquement des attaques contre Israël, déclenchant à chaque fois des bombardements de l’armée israélienne sur les populations civiles.
Après l’attaque spectaculaire du 7 octobre, une opération de bombardements sans précédent a été lancée par l’armée israélienne contre la bande de Gaza. Près de 3000 personnes ont été tuées depuis le début des bombardements et l’armée israélienne pourrait envahir l’enclave afin d’anéantir les capacités militaires du Hamas.
Une force arabe constituée par le Maroc, l’Égypte et les Émirats pour gérer Gaza ?
On ne sait pas à ce stade si les Israéliens franchiront le pas d’une offensive terrestre ni ce que sera l’issue d’une telle opération si elle est déclenchée. Si les Israéliens atteignent leur objectif de se débarrasser du Hamas, que feront-ils de Gaza alors que même leurs alliés les dissuadent de la réoccuper après s’y être retiré en 2005. Le président américain Joe Biden a récemment mis en garde que la récupération de Gaza serait « une grave erreur ».
Pour Ehud Barak, la meilleure solution serait de « rétablir l’Autorité palestinienne » à Gaza à la place de Hamas une fois celui-ci détruit.
Le problème, c’est que l’Autorité palestinienne ne pourra pas prendre le relais du Hamas immédiatement « pour ne pas être vue en train de revenir sur des baïonnettes israéliennes », écrit Ehud Barak dans son analyse dans The Economist.
Il y aura donc forcément « une période intérimaire », à l’issue de laquelle la gestion de Gaza sera remise à « une force arabe de maintien de la paix ».
Naturellement, l’ancien Premier ministre propose des pays ayant normalisé leurs relations avec Israël pour constituer cette force de maintien de la paix.
Il cite le Maroc, l’Égypte et les Émirats arabes unis. Les troupes de ces pays resteront sur place jusqu’à ce que l’Autorité palestinienne soit pleinement prête à prendre le contrôle du territoire, suggère Ehud Barak.
L’Égypte a été le premier pays arabe à reconnaître Israël, en 1978. Le Maroc et les Émirats arabes unis l’ont fait en 2020 dans le cadre des accords d’Abraham négociés et signés sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump.
L’idée d’Ehud Barak reste pour le moment une simple proposition d’un personnage qui a exercé de très hautes fonctions, mais elle en dit long sur le degré de rapprochement entre Israël et ses anciens et nouveaux amis arabes.
Néanmoins, pour la mettre en œuvre, il faudra que Netanyahou concrétise d’abord sa promesse de déloger le Hamas de Gaza qui semble pour le moment plus facile à dire qu’à faire.
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