À mesure que le palais royal de Rabat et son gouvernement s’enfoncent dans la normalisation avec Israël, l’opinion publique marocaine rejette avec de plus en plus de détermination cette option. Plus que jamais, le fossé se creuse entre le régime marocain et son opinion publique, comme le montre cette prise de position sans équivoque de l’une des plus grandes stars du football marocain du moment, Hakim Ziyech.

Sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump, le Maroc a normalisé ses relations avec Israël en décembre 2020 en contrepartie de la reconnaissance par les États-Unis de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental. Ce pas franchi par Mohammed VI a été immédiatement rejeté par la rue marocaine.

Un rejet exacerbé par le déclenchement de l’agression israélienne contre la bande de Gaza en octobre 2023. De nombreuses manifestations imposantes ont eu lieu dans toutes les villes marocaines pour appeler à la fin de l’agression israélienne et dénoncer la normalisation.

Malgré la répression, le mouvement anti-normalisation n’a pas faibli. La propagande marocaine, qui a tenté de faire croire à la poursuite du soutien du roi, « président du comité Al Qods », à la cause palestinienne, n’a pas non plus fonctionné. La normalisation est aux antipodes des convictions de la rue marocaine et celle-ci n’a pas cessé de la rejeter.

Normalisation : une posture de plus en plus intenable pour le roi et le gouvernement marocains

Pendant ces quatre années de normalisation, le Maroc et Israël ont franchi plusieurs étapes dans la coopération, militaire notamment. En novembre 2021, les deux pays ont signé un protocole de coopération militaire et sécuritaire jamais conclu par Israël avec l’un des pays arabes qui le reconnaissent officiellement. Depuis, plusieurs annonces ont été faites concernant des acquisitions d’armes israéliennes ou d’ouverture d’usines de drones sur le territoire marocain.

Le gouvernement marocain présentait cette coopération militaire comme un acquis pour le renforcement de ses capacités de défense, particulièrement face à l’Algérie. Mais dans l’opinion marocaine, elles ont produit l’effet contraire à cause des dépenses faramineuses consenties dans une conjoncture de grave crise économique et sociale.

En juin dernier, le royaume a conclu un contrat pour l’acquisition d’un satellite espion israélien pour 1 milliard de dollars. Au moment où le chômage a atteint des niveaux historiques (38,5 % chez les jeunes, selon l’OCDE), ainsi que l’inflation. Ce marasme social pousse la jeunesse marocaine à fuir le pays par tous les moyens, comme l’a montré l’assaut collectif de ces derniers jours sur l’enclave espagnole de Ceuta.

Là aussi, le pouvoir marocain a fait étalage de ses dépenses pour acquérir du matériel répressif, à travers le nombre impressionnant de véhicules de police et de gendarmerie mobilisés pour bloquer les harragas au niveau de la ville de Fnideq.

Hakim Ziyech monte au créneau sur la Palestine

Quelques jours après cette grande évasion qui a mis à nu la politique du roi et de son gouvernement, le footballeur marocain Hakim Ziyech est monté au créneau pour dénoncer la normalisation dans des termes crus.

« Mettons les choses au clair. F*** Israël et tous les autres pays qui soutiennent ce genre de comportement. Free Palestine », a écrit le joueur de Galatasaray (Turquie) dans sa story sur son compte Instagram aux 11 millions de followers.

Plus explicite, l’ancien champion d’Europe avec Chelsea a précisé qu’il visait aussi les autorités marocaines. « Ma story vise également le gouvernement de notre pays, qui soutient le génocide, ainsi que tous les autres pays aussi. Honte à vous », a-t-il asséné.

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