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Il a entamé son huitième mois : le hirak toujours inébranlable

Il a entamé son huitième mois : le hirak toujours inébranlable

Lorsque les Algériens sont sortis dans la rue le 22 février dernier pour dire non au cinquième mandat de Bouteflika, très peu avaient prédit une telle longévité au mouvement.

Ce lundi 23 septembre, le hirak populaire a entamé son huitième mois et la mobilisation est tout autant impressionnante qu’au premier jour, comme on a pu le constater lors des marches de vendredi dernier, trente-et-unième acte de la révolution pacifique. Sans le blocage d’Alger, on aurait sans doute assisté à une mobilisation dans la capitale aussi forte que celles de mars dernier.

Le destin du mouvement s’est sans doute joué le 2 avril, lorsque le président Bouteflika avait jeté l’éponge. Ce jour-là, les Algériens n’avaient pas crié victoire. Ils avaient au contraire revu leurs revendications pour réclamer le démantèlement de tout le système en place depuis l’indépendance. Les tentatives de ce dernier de s’accrocher et de se régénérer par ses procédés éculés ont fait le reste.

Sept mois après, et en dépit de la foule d’événements survenus, dont certains étaient inimaginables avant le déclenchement de la révolte, la situation n’a pas bougé d’un iota avec une rue déterminée et intransigeante et un pouvoir résolu à ne rien céder.

En sept mois, le hirak a connu plus de hauts que de bas, avec une mobilisation record notamment dans ses premières semaines, un pacifisme qui a émerveillé le monde et une grande résilience face aux tentatives répétées de lui tordre le coup par la répression et les manœuvres de division.

Après un été quelque peu morne à cause principalement des grosses chaleurs, le mouvement s’est réveillé brutalement tel un torrent d’automne à l’occasion du trente-et-unième vendredi, le 20 septembre.

Paradoxalement, ce retour en force est survenu au moment où la répression était montée d’un cran avec l’arrestation de figures connues de la scène politique et du hirak et la décision de fermer la capitale aux manifestants venant des régions limitrophes. Surtout, il coïncide avec le lancement officiel du processus de l’élection présidentielle que le pouvoir compte organiser le 12 décembre. Le message n’est pas trop difficile à déchiffrer : les manifestants n’ont pas peur et ne veulent pas aller aux urnes dans les conditions actuelles.

Tout l’enjeu aujourd’hui tourne autour de ce scrutin. La stratégie du fait accompli a semblé fonctionner jusqu’à ce vendredi 20 septembre, désormais date charnière du mouvement. La très forte mobilisation, notamment dans les rues d’Alger, jette l’incertitude sur la possibilité même de la tenue du scrutin, nonobstant l’absence de candidats sérieux et crédibles et le fort le taux d’abstention qui se profilent.

Le début du huitième mois du hirak coïncide aussi avec un événement qui, dans d’autres circonstances, aurait suscité plus d’intérêt. C’est ce lundi 23 septembre que sont en effet jugés les têtes les plus emblématiques de « l’ancien » système, Saïd Bouteflika, le frère de l’ancien président, et les généraux Toufik et Tartag, les chefs du DRS ces trente dernières années.

Devant le tribunal militaire de Blida, les trois hommes devront, en compagnie de la secrétaire générale du Parti des travailleurs Louis Hanoune, et le général Nezzar, en fuite, de l’accusation d’atteinte à l’autorité de l’armée.

Au tout début du soulèvement populaire, ils auraient tenté de neutraliser l’actuel chef de l’armée et de rappeler l’ancien président Liamine Zeroual à la tête de l’État. Là aussi, c’est le destin du Hirak qui s’était joué.

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