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Imams algériens envoyés en France : le sujet qui crispe

Imams algériens envoyés en France : le sujet qui crispe

Cent. Ils sont exactement cent à avoir été accueillis il y a quelques jours à la Grande mosquée de Paris, ces imams triés sur le volet, missionnés par l’État algérien afin de diriger les prières durant le prochain mois du Ramadan qui devrait débuter aux alentours de la mi-mai.

La France « se tourne vers l’expérience algérienne qui forme de bons imams », se félicitait alors Mohamed Aissa, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, à l’issue de sa rencontre, le 15 mars dernier à Alger, avec le ministre français de l’Intérieur (et des Cultes), Gérard Collomb.

Une arrivée qui n’a pas été vue d’un bon œil de la part de Jeannette Bougrab. « On nous casse les oreilles avec la création d’un islam de France et on fait venir des imams d’Algérie ! », s’est offusquée la femme politique d’origine algérienne, fille de harkis, dans un entretien publié, ce jeudi 29 mars, dans les colonnes du Figaro.

« Organiser la venue d’imams étrangers en France est une hérésie. La radicalisation est venue par des prédicateurs du Moyen-Orient, issus pour la plupart des Frères musulmans. L’Algérie n’était pas islamiste », poursuit-elle.

L’Algérie toujours infectée par l’intégrisme ?

L’ancienne Secrétaire d’État sous Nicolas Sarkozy étaye sa pensée en citant l’écrivain algérien Boualem Sansal : « L’islamisme radical est toujours là [en Algérie], enraciné dans la population, ancré dans les institutions, se renouvelant constamment, s’adaptant aux conditions récentes, se répandant de nouveau et tissant des liens profitables avec l’internationale islamiste ».

Le géo politologue Alexandre Del Valle tient un autre discours. Il soutient l’idée qu’ « un des pôles les plus modérés de l’islam de France est depuis longtemps l’islam algérien de la Grande mosquée de Paris ». Et rappelle que « ce n’est pas parce qu’on est étranger qu’on est radical », dans une interview accordée au site d’informations Atlantico.

À l’heure où de nouvelles propositions pour contrer le terrorisme émanent de la droite politique après l’attentat qu’a subi la France le 23 mars dernier, Valérie Pécresse, la présidente des Républicains de la région Île-de-France, s’est positionnée en faveur d’une « généralisation de la formation des imams à court terme », rapporte France Info.

« Tous les imams étrangers qui sont en France aujourd’hui doivent être formés aux valeurs et aux lois de la République et ils doivent ensuite les respecter dans leurs prêches », a-t-elle indiqué, à commencer par « l’égalité femme-homme ».

Le spectre du GIA

Jeannette Bougrab, qui affirme qu’en Algérie, « des militants laïques se battent chaque année pour ne pas avoir à subir la loi des intégristes », dénonce « l’idéalisation » que fait l’État français de son voisin méditerranéen, en même temps que son amnésie.

L’essayiste, qui s’est exilée en Finlande après les attentats de Charlie Hebdo (2015), convoque pour cela le passé et exhume les atroces souvenirs de la décennie noire. Une période « où le GIA massacrait à tout-va », et durant laquelle « plus de 200.000 Algériens ont été assassinés, des femmes kidnappées, violées et égorgées. »

Manuel Valls alimente la polémique

Selon elle, la paix ne serait toujours pas revenue en Algérie. À ce titre, elle pointe du doigt l’État algérien qui, sous couvert de la réconciliation pour la paix à l’issue de ces terribles années, a laissé en liberté les membres du GIA.

Manuel Valls, dont sa récente saillie verbale sur « le problème de l’islam en France » avait suscité la polémique, fait du salafisme l’ennemi à combattre. Un ennemi qui serait « en train d’empoisonner l’islam », affirme-t-il. Le député, apparenté au parti d’Emmanuel Macron, souhaite faire interdire le salafisme « pour refuser qu’il s’implante dans le pays ».

La proposition a toutefois été rejetée par Édouard Philippe, ce mardi 27 mars, à l’Assemblée nationale, l’actuel Premier ministre renvoyant Valls à ses élucubrations : « On ne peut interdire une idée », a-t-il déclaré, s’appuyant sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi », écrit le JDD.

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