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Immigrés, musulmans : Trump et ses attaques récurrentes

Immigrés, musulmans : Trump et ses attaques récurrentes

 « Pourquoi est-ce que toutes ces personnes issues de pays de merde viennent ici ? » Selon des propos rapportés par la presse américaine, Donald Trump s’est interrogé jeudi dernier si les États-Unis devaient accueillir des migrants en provenance d’Haïti et d’Afrique, pays et continent qu’il a qualifiés de « pays de merde ». S’il a tenté de se justifier et démenti les propos sur son réseau social préféré, le locataire de la Maison Blanche, qui n’a pas convaincu, est un habitué des dérapages.

Au cours de sa campagne pour la magistrature suprême, Donald Trump a régulièrement développé des propos anti-islam, assimilant les musulmans à des terroristes. En décembre 2015, il préconisait une « fermeture totale des États-Unis » à tous les musulmans qui souhaitent entrer dans le pays en attendant que « le Congrès agisse ».

En janvier 2017, quelques jours après son investiture, sa décision de suspendre pendant trois mois l’entrée aux États-Unis des ressortissants de sept pays majoritairement musulmans (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) avait provoqué une vague d’indignation dans le monde musulman. Ce « muslim ban » n’a toutefois jamais visé les monarchies du Golfe.

Il y a quelques semaines, Donald Trump a relayé sur son compte Twitter des messages anti-musulmans postés par Jayda Fransen, la vice-présidente du parti d’extrême-droite  britannique « Britain First ». La première vidéo s’intitulait « un immigré musulman tabasse un Néerlandais en béquilles », la seconde « un musulman détruit une statue de la Vierge Marie », publiée en 2013 sur YouTube. Puis, la troisième vidéo intitulée « foule islamiste pousse un adolescent du toit et le bat à mort », avait aussi été ajoutée sur internet en 2013. Aucun élément de contexte n’est toutefois donné.

Des conseillers qui avalisent la théorie du choc des civilisations

Pendant sa campagne électorale et au début de son mandat, Donald Trump s’est également entouré d’une équipe, qui n’hésitait pas à désigner l’islam comme un ennemi, à l’instar du lieutenant général à la retraite Michael Thomas Flynn, éphémère conseiller à la sécurité nationale.

« Les dirigeants arabes doivent aussi prendre leurs responsabilités. Ils ne peuvent pas se voiler la face et se dire que cela ne les regarde pas, se réjouir que les djihadistes aillent en Europe plutôt que rester chez eux. Ils devraient mettre en place des zones tampons, des camps de réfugiés. Nous avons un problème majeur, que personne ne veut reconnaître, à cause du politiquement correct : c’est l’islam. Cette religion est un problème, elle pose un problème à vos systèmes politiques, à vous les Européens. Je ne parle pas du monde musulman, mais de l’islam. Le monde arabe doit venir à bout de l’idéologie politique qu’il appelle l’islam », expliquait-t-il dans une interview au journal Le Monde en novembre 2016.

Steve Bannon, directeur de campagne à partir d’août 2016 et ex-conseiller stratégique de Trump à la Maison Blanche -limogé en août 2017 par le président qui l’accuse d’avoir perdu la tête- s’est régulièrement illustré pour son obsession vis-à-vis de l’islam.

Persuadé que le monde occidental judéo-chrétien traverse des heures sombres, et une crise des valeurs, il avalise la théorie du choc des civilisations et estime que l’expansionnisme de l’islam radical met en péril le modèle occidental.

En 2007, Banon s’essaye à une carrière de cinéaste et écrit un scénario intitulé « Détruire le grand Satan : la montée du fascisme islamique […] en Amérique ». Le scénario du film qui n’a toutefois jamais été produit s’ouvre sur une scène avec le Capitole orné d’un drapeau étoilé et diffusant l’appel à la prière. Quelques années plus tard, en 2010, il estime que « l’islam n’est pas une religion de paix » mais « de soumission » au cours d’un entretien accordé à CNN.

https://soundcloud.com/user-212797670/december-20101

Revirement de circonstance

Il faut toutefois observer que Donald Trump sait aussi nuancer son discours quand il s’agit de défendre les intérêts américains. En mai dernier, lors de son premier déplacement officiel à l’étranger en Arabie saoudite, le locataire de la Maison Blanche avait tenu à modérer ses propos habituels, reconnaissant que 95 % des victimes de Daesh et d’Al-Qaida sont des musulmans, et appelant à l’union. « Nous ne pouvons vaincre ce mal que si les forces du bien sont unies et fortes », avait-t-il lancé devant son auditoire. Mais pas question de vexer son hôte saoudien : Trump ne dira pas un mot sur le rôle des Saoudiens dans la promotion du fondamentalisme religieux.

Dans le même temps, et pour la plus grande joie de Riyad, les États-Unis avaient appelé tous les pays musulmans à « isoler » l’Iran « nous devons travailler ensemble pour isoler l’Iran aux fins de l’empêcher d’avoir de nouvelles occasions de financer le terrorisme. L’Iran soutient, entraîne et finance les milices terroristes », a ainsi déclaré Donald Trump, à Riyad, devant une cinquantaine de dirigeants du monde arabo-musulman.

Un changement de ton de la nouvelle administration américaine généreusement récompensé, avec la signature de gros contrats commerciaux : 380 milliards de dollars, dont 110 milliards de contrats d’armement pour permettre notamment de renforcer les opérations militaires au Yémen. Mais le discours de Trump illustre une vision très schématique du Moyen-Orient où l’Iran est accusé de répandre le terrorisme, et il ne fait qu’encourager les tensions confessionnelles dans la région.

Jérusalem, capitale d’Israël

À cela, il faut ajouter la décision du locataire de la Maison Blanche de reconnaître début décembre Jérusalem comme capitale de l’État hébreu, ignorant ainsi les mises en garde des dirigeants de la région. Cette décision historique était toutefois une promesse de campagne de Donald Trump mais elle vient enterrer les espoirs de la cause palestinienne de faire un jour de Jérusalem-Est la capitale de leur État.

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