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Jacques Delfini, directeur général de Royal Hotel Oran : « La clientèle pour nous n’est pas un numéro de chambre »

Jacques Delfini, directeur général de Royal Hotel Oran : « La clientèle pour nous n’est pas un numéro de chambre »

TSA
Jacques Delfini, directeur général Royal Hotel

Jacques Delfini est directeur général de Royal Hetel Oran. Cet établissement cinq étoiles, situé au boulevard de la Soummam, porte depuis 2012 le label M Gallery by Sofitel du groupe hôtelier français AccorHotels. Entretien.

Royal Hotel fait face à une concurrence ici à Oran, ville bien dotée en matière d’infrastructures hôtelière. Comment vous vous adaptez à la situation ?

C’est vrai. Il y a eu ces derniers mois une ouverture d’hôtel à mon avis considérable. Ils ne sont pas dans notre gamme de produit mais font de la concurrence à des établissements qui sont de notre classification. Par vases communicants, on tire les prix vers le bas, ce n’est pas bon. Malgré la concurrence et le dumping tarifaire, Royal Hotel (112 chambres) reste dans une gamme des prix qui est la nôtre. Nous ne tirons pas les prix vers le bas. Nous maintenons les prix à la juste valeur de l’établissement.


Vous tentez de résister donc…

Nous essayons de résister en y apportant un plus de qualité. La plus value est sur la qualité de la prestation. Nous rajoutons toujours quelque chose au produit pour que le client sente qu’il y a toujours un plus à chaque fois qu’il vienne prendre une chambre chez nous.

Peut-on parler de concurrence déloyale en matière tarifaire ?

Je pense que oui. Nous n’avons pas les moyens de lutter sur cette tarification mais on se positionne différemment. Nous avons un produit d’exception, nous ne sommes pas un gros porteur. Nous n’avons pas l’infrastructure de grands symposiums de 5 à 600 personnes. Nous sommes dans une gamme de clientèle complètement différente. Si aujourd’hui, nous partons sur cet aspect de banalisation des prix vers la moyenne gamme, nous allons déprécier notre produit et, par conséquent, nous n’aurons pas la clientèle adéquate.


L’État pourrait-il intervenir pour régulariser le marché et faire respecter les normes, les classifications et les règles de concurrence ?

La concurrence et les prix sont libres. L’État veut que les hôtels restent à leur niveau de prestation. Aujourd’hui, il existe un véritable contrôle des services de l’État en matière du respect de la qualité et des prix par rapport au produit. Je pense que l’État est dans son rôle et le fait bien. En ce qui nous concerne, nous ne souffrons pas de cela. Je ne pense que le problème soit du côté de l’État, mais de celui des entreprises hôtelières qui doivent réfléchir à la dévaluation qu’elles font du produit en baissant les prix.

Et qu’offrez vous de plus par rapport aux autres hôtels ?

Déjà notre environnement n’est pas du tout le même. Nous sommes dans un hôtel avec un espace cocooning (se sentir bien chez soi au point de ne pas sortir). Nous personnalisons la relation avec la clientèle. La clientèle pour nous n’est pas un numéro de chambre. Il s’agit de personnes que nous côtoyons. Certains clients reviennent avec beaucoup de plaisir. Nous essayons d’avoir une proximité dans l’accompagnement pour ceux qui découvrent notre établissement pour la première fois. Cela se fait à tous les niveaux : dans la présentation du produit, des services et des différentes prestations. Nous personnalisons l’accueil aussi. Nous avons une plus value que les autres hôtels ne font pas. Nous essayons de nous démarquer des autres.


Quel est justement le profil de votre clientèle ?

Nous avons une clientèle d’affaire très importante et de haut niveau. Une clientèle diplomatique. Pratiquement, tous les diplomates qui sont en Algérie viennent chez nous. Les hommes politiques algériens et internationaux sollicitent aussi nos services. Nous avons aussi une clientèle culturelle. Nous accueillons avec beaucoup de plaisir le Festival d’Oran du film arabe (FOFA qui se déroule en été). Nous hébergeons les jurys, les stars et les organisateurs. Cet événement est très porteur. Nous regrettons qu’il n’existe pas ce genre d’événements culturels à longueur d’année. À mon avis, il faudrait organiser au moins une manifestation de cette envergure par mois. Ces deux dernières années, l’ONCI (Office national de culture et d’information) a commencé à travailler avec nous lorsque des spectacles sont organisés. L’ONCI héberge les stars de la chanson algériennes ou étrangères chez nous.

Royal Hotel pourra-t-il s’impliquer dans le sponsoring culturel ?

Nous essayons de faire avec nos moyens. Nous développons déjà les semaines gastronomiques internationales. Nous cherchons le soutien et le sponsoring des pays étrangers. C’est un produit qui est difficile à monter, cela demande de l’investissement des diplomates du pays concerné. C’est intéressant puisque pendant une semaine, on essaye de faire découvrir aux Oranais une cuisine étrangère avec une animation musicale et culturelle. Parfois, on invite un écrivain à présenter son livre ou un photographe à exposer ses œuvres. Nous essayons donc de marier la gastronomie et la culture. Après, nous essayons d’apporter notre soutien en matière de développement culturel. Le Théâtre régional d’Oran (TRO), par exemple, sous l’impulsion de son nouveau directeur (Mourad Senouci) a une approche différente en organisant beaucoup de manifestations. Nous avons des échanges puisque nous sommes en partenariat avec le TRO. Les artistes qui sont invités par le théâtre viennent chez nous aussi.


La culture aide donc au développement du tourisme…

Oui, la culture nous aide beaucoup. Cela dit, nous ne sommes pas trop dans la mouvance du tourisme intrinsèque. Nous ne sommes pas prêts de la plage. Et nous n’avons pas toute cette partie ludique pour dire que nous allons accueillir des touristes. Notre tourisme est très ciblé : tourisme d’affaires, tourisme culturel et tourisme de retour.

C’est-à-dire ?

Il s’agit de personnes qui veulent faire un « pèlerinage » ici à Oran comme les enfants des anciens pieds noirs. C’est un tourisme qui nous intéresse. Mais, il faut avoir une approche différente. Il est vrai qu’il y a des aspects qui sont compliqués. La circulation des gens n’est pas facile surtout avec la question de l’obtention des visas algériens. Nous essayons de travailler avec des associations qui sont de l’autre côté de la Méditerranée. Nous travaillons aussi avec les PME algériennes et françaises.


Êtes-vous d’accord avec la démarche d’Ibis et des autres labels d’AccorHotels de lier la destination, c’est à Oran, la ville, avec l’hôtel lui même ?

Nous sommes d’accord avec la démarche d’Ibis, qui fait partie du même groupe que nous (Siaha, joint-venture entre le groupe Djillali Mehri et le groupe français AccorHotels). Tout ce qui est porteur de promotion de la destination touristique de l’Oranie nous intéresse, bien entendu. Nous répondrons toujours présents à ce genre de manifestations parce que tous les moyens sont bons pour promouvoir Oran et promouvoir Royal Hotel.

Que faut-il faire justement pour qu’Oran soit plus visible sur la carte touristique mondiale ?

Il faudrait d’abord qu’il ait plus de manifestations comme le Festival d’Oran du film arabe. Je donne un exemple. Récemment, nous avons reçu un grand humoriste franco-algérien. Je lui dit : pourquoi ne pas faire comme Jamel Debbouze au Maroc avec le Marrakech du Rire (Festival de comédie lancé en 2011). Tous ces festivals qui touchent à la culture, on est preneur, mais cela ne dépend pas que de nous. Cela dépend de l’environnement et de la volonté politique.

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