La Banque d’Algérie critique les banques et les établissements financiers. Dans une note datée du dimanche 7 mars qu’elle a adressée à leurs patrons, elle déplore la non-application des mesures qu’elle a prises en avril 2020 pour atténuer l’impact de la crise du Covid-19 sur les entreprises algériennes.
Ces mesures, qui ont été précisées dans une instruction du 6 avril 2020 de la Banque d’Algérie (BA), avaient pour objectif « d’assurer un accompagnement adéquat des entreprises de production de biens et de services, à l’effet de juguler les effets négatifs de la pandémie, sur l’économie nationale », explique la BA dans sa note.
La Banque d’Algérie explique que des « assouplissements et allègements exceptionnels ont été adoptés », dans « l’objectif de soutenir et de préserver la résilience des banques, face aux difficultés auxquelles seraient confrontée leur clientèle, impactée par la crise sanitaire ».
En prenant ces mesures dans un contexte économique difficile marqué par l’impact du Covid-19 et du confinement sanitaire sur l’activité économique, la Banque d’Algérie « comptait sur un engagement solidaire, et un esprit de discernement des banques de la place à l’effet d’apporter le soutien nécessaire à leur clientèle en cette période difficile ».
« Étant entendu, que le maintien et le développement de l’activité des entreprises, constituent un gage de pérennité de l’exercice de l’activité des banques qui concourent, in fine, à la préservation de leurs propres intérêts », soutient-elle encore.
Mais les mesures prises par la Banque d’Algérie n’ont pas été appliquées sur le terrain par toutes les banques de la place. Au contraire, certaines banques ont pris des mesures coercitives à l’égard des entreprises en difficulté, ce qui a aggravé la situation de ces dernières.
« Il semble toutefois, que certaines banques, n’aient pas saisi le sens des mesures initiées par la Banque d’Algérie, et continuent à appliquer aux entreprises, affichant des situations de difficulté passagère, des mesures de recouvrement coercitives », déplore la BA.
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« Mesures sévères voire létales »
La Banque d’Algérie cite « l’application de pénalités de retard sur le paiement des échéances de crédit, permettant ainsi à certaines banques, d’augmenter leur revenu en contradiction avec l’éthique », et « l’émission de saisies-arrêts par certaines banques, à l’encontre de leur clientèle en difficulté de remboursement de crédit ».
Sans ambages, la Banque d’Algérie juge les mesures prises par certaines banques, sans les citer, de « sévères voire létales à l’encontre de l’entreprise dans ce contexte particulier ».
La Banque d’Algérie souligne que ces mesures sont non seulement dangereuses pour les entreprises, mais elles « exposent les banques recourant à ce genre de pratiques, à détenir dans leur portefeuille un volume plus élevé de créances irrécouvrables, susceptibles d’obérer à terme leur situation bilancielle ».
La Banque d’Algérie affirme que « cette façon de faire, s’inscrit totalement en porte-à-faux par rapport à ses objectifs » ainsi que « les raisons ayant motivé les facilitations consenties et avantages accordés, à titre exceptionnel, aux banques, en leur permettant notamment, la libération davantage de fonds propres, afin de préserver leur capacité à poursuivre le financement des entreprises, durant cette période de crise sanitaire ».
Après avoir rappelé l’objectif des mesures anti-Covid prises en avril 2020 et fait le constat de leur non-application par certaines banques, la Banque d’Algérie brandit la menace des sanctions à l’égard des banques qui n’appliquent pas ses décisions.
Elle rappelle, « devant cet état de fait préjudiciable au maintien de la relation des banques avec l’entreprise, tout l’intérêt qu’elle attache quant à la transposition sur le terrain des mesures d’appui qu’elle a initiées, à l’effet de contenir l’impact de la crise de la Covid19 sur l’économie nationale ».
La Banque d’Algérie affirme qu’elle « prendra, à sa discrétion, les mesures appropriées contre tout manquement qu’elle aura à constater ».
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