La communauté kabyle du Canada est sur le point de se doter d’un organisme de représentation et de lobbying qui portera le nom de Congrès des Kabyles du Canada et dont les assises sont prévues pour le mois de mai.

Entre temps, plusieurs rencontres sont organisées à Ottawa et un peu partout au Québec où vivent la majorité des Kabyles du Canada. Après Montréal en novembre, c’était au tour de la ville de Québec, la capitale de la province francophone, d’accueillir samedi dernier une rencontre chapeautée par un comité provisoire de consultation. Ce dernier est composé de personnalités connues dans le milieu dense des associations berbères au Canada.

Le projet de doter la communauté kabyle du Canada d’un tel organisme remonte à février 2017, au lendemain de l’attentat de la grande mosquée de Québec qui avait coûté la vie à six personnes dont deux Algériens kabyles.

« La récupération de la cérémonie funéraire, à l’insu de certaines familles des victimes et de la communauté kabyle, a tiré la sonnette d’alarme quant à l’urgence de se doter d’une instance représentative à l’échelle du Canada », explique le comité provisoire.

En effet, certaines voix se sont levées pour dénoncer un soi-disant refus des autorités de laisser la famille des défunts dire l’oraison funèbre en kabyle. Or, selon plusieurs sources à la ville de Montréal et au salon funéraire qui a pris en charge les dépouilles, aucune demande n’a été faite dans ce sens, que ce soit de la part des familles ou autres.

Mais pour plusieurs observateurs, l’événement a été un déclic pour plusieurs leaders associatifs qui ont compris le peu d’influence qu’ils ont réellement et ce malgré leur visibilité. Il fallait aller au-delà du folklore.

« Le Congrès aura pour mission de défendre les intérêts de la communauté kabyle et d’assurer son développement ainsi que son intégration dans l’harmonie, la cohésion et le respect de la diversité », affirme le comité provisoire. La consultation se poursuit aussi sur le web à travers un questionnaire.

Le Congrès dotera la communauté d’un centre culturel appelé La maison kabyle à l’image de ce que font les autres communautés installées au Canada.

Selon les chiffres d’une étude commandée par la Fondation Club Avenir et publiée la semaine dernière à Montréal, sur les 104 000 Algériens du Canada 37 000 sont berbères, soit 35.5% du total.

Au Canada, pays multiculturel basé sur les communautés, plusieurs autres regroupements encadrent les immigrants venant d’Afrique du Nord comme le Congrès maghrébin au Québec qui a une forte empreinte marocaine ainsi que La communauté des Algériens unifiés du Canada. Ces deux derniers ont été créés par des membres fondateurs mais leur création n’a pas été précédée par de larges consultations comme est en train de le faire le Congrès des Kabyles du Canada.