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La conférence sur le climat : un accord à minima

La conférence sur le climat : un accord à minima

CONTRIBUTION. La conférence sur le climat, qui a réuni 196 pays, s’est achevée sur un accord à minima après s’être prolongée au-delà du temps prévu initialement, 14 jours et quelques nuits d’insomnie et de négociations tendues.

 

Un contexte géopolitique peu propice

Certes à la décharge des négociateurs, le contexte géopolitique était peu propice.

Les Étas-Unis, sortants de l’accord de Paris, mais pour l’instant toujours dedans.

La France, enlisée dans la crise des gilets jaunes, n’était pas présente au plus haut niveau….

La Pologne, pays d’accueil de la conférence, dont le Président a défendu son industrie basée sur le charbon, n’avait pas la capacité, de peser sur les négociations.

Sans parler d’autres poids lourds de l’économie mondiale, qui ont fait trainer en longueur les négociations.

Les pays européens, trop disperses sur la question du climat, n’ont pas su jouer le moteur qu’on attendait d’eux, malgré un rapport alarmant du groupe des experts sur le climat.

Le rapport spécial du groupe d’experts (GIEC), publié en octobre, a été alarmant sur l’évolution du climat et prédisait une trajectoire de 3°C, si rien n’est fait au plan mondial. Or les États n’ont pas trouvé un accord pour revenir en 2020 avec des réductions des émissions compatibles avec l’objectif de baisse de 1,5°C.

Certains gros pollueurs n’ont pas accueilli favorablement le rapport et ont tergiversé longuement sur son contenu et sa portée scientifique.

Le seul accord à minima a porté sur le manuel d’application, c’est là un accord précaire et le plus petit dénominateur auquel est parvenu la conférence.

Un dialogue de sourds entre les pays développés et les pays les moins avancés

La question du financement a peu avancé, ainsi que celles liées aux transferts technologiques, aux droits humains et à la sécurité alimentaire.

La communauté internationale, en dépit de l’urgence répétée, peine à mettre l’enjeu écologique au cœur d’un projet sociétal.

Le contexte géopolitique n’est guère favorable au multilatéralisme et les pays en développement n’ont pas le poids géopolitique pour négocier d’égal à égal avec les pays riches.

Il reste que les espaces onusiens, sont le seul lieu où les pays pauvres ont une voix pour s’exprimer, et se faire entendre. Mais ils ne peuvent peser sur l’immobilisme de certains pays…

Un accord précaire qui ne garantit pas la limitation du réchauffement climatique

L’accord ne garantit pas que le réchauffement climatique n’excédera pas les 2°C, mais maintient heureusement l’accord de Paris sur les rails.

Il est clair cependant, que pour rester sur cette trajectoire, il faudra réduire les émissions de carbone de 50% d’ici 2030 par rapport à 2010 et mettre sur la table 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, afin de soutenir les pays en voie de développement dans leurs efforts pour la transition écologique à bas carbone.

Douze (12) ans pour agir…

Depuis dix ans, les négociations patinent et les décideurs tergiversent, l’économie prend le pas sur l’environnement et les conférences se suivent et se ressemblent.

La communauté insiste sur l’urgence d’une ambition accrue mais ne se dote pas d’un calendrier précis quant à la mise en œuvre de l’accord.

Les engagements actuels annoncent hélas, un monde à +3°C avec son lot de tempêtes, de sécheresses, d’inondations et de pertes humaines.


*Une contribution de Monsieur Chérif Rahmani
Ambassadeur des Désert et des Terres arides(Convention des Nations Unies pour la Lutte Contre la Désertification)
Président de la Fondation des Déserts du Monde
Ancien ministre
Membre de l’organisation internationale « Leaders pour la Paix »

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